30.10.2024
Le président français renforce les liens avec son principal partenaire commercial en Afrique.
Emmanuel Macron est en visite au Maroc jusqu'à jeudi. Dès le premier jour, lui et le roi Mohammed VI du Maroc ont signé des contrats pour plus de 10 milliards d'euros, incluant des commandes de trains à grande vitesse. En outre, Paris prend définitivement position en faveur de Rabat dans son différend territorial au Sahara occidental et prévoit d'investir dans cette région.
Macron et le roi du Maroc ont signé lundi soir à Rabat une déclaration relative au partenariat d'exception renforcé. Elle vise à permettre aux deux pays de "mieux répondre à l’ensemble des défis auxquels tous deux sont confrontés, en mobilisant tous les secteurs pertinents de la coopération bilatérale, régionale et internationale".
Le président français a remporté sa première victoire diplomatique en Afrique, mais au prix d'une détérioration des relations avec l'Algérie.
Le Sahara occidental appartient au Maroc, et la France a l'intention de développer cette région. C'est ce que Macron a déclaré devant le parlement marocain. La position de Paris rend pour l'instant pratiquement impossible le rétablissement de relations normales entre la Cinquième République et l'Algérie. Ainsi, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annulé sa visite à Paris. Son voyage a déjà été reporté plusieurs fois.
À Rabat, Macron et les membres du cabinet français discutent avec leurs homologues marocains du développement économique durable, de l'énergie "verte" et, bien sûr, de la délicate question migratoire. Cependant, les médias français essaient de ne pas trop mettre l'accent sur ce dernier point. Pour la première fois depuis longtemps, les Français ont l'occasion d'entendre parler d'un pays africain comme d'un lieu d'opportunités, et pas seulement comme d'un point de départ pour des migrants illégaux. D'ailleurs, en ce qui concerne la migration, Paris est déjà devenu plus strict: depuis 2021, le nombre de quotas pour la délivrance de visas français aux Marocains a été réduit de moitié.
La France a adopté sa position définitive soutenant le Maroc dans son conflit avec l'Algérie il y a quelques mois, lorsque l'Élysée a déclaré que c'était précisément le plan d'autonomie de Rabat qui devait servir de base pour établir l'ordre dans le Sahara occidental contesté. Après cela, l'ambassadeur d'Algérie à Paris a été rappelé. Il n'a toujours pas été remplacé.
Le Maroc a globalement adopté une position plus pro-occidentale. En particulier, en 2020, Rabat a normalisé ses relations avec Israël. Après cela, les Américains ont soutenu le Maroc concernant l'appartenance du Sahara occidental.
La visite actuelle de Macron n'est en rien ordinaire. Le président français passe trois jours au Maroc. Il est accompagné du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, du ministre de l'Économie Antoine Armand, ainsi que de Rachida Dati, ministre de la Culture et première femme arabe au gouvernement français. (Son père est marocain et sa mère est algérienne. Par le droit du sang, elle a la nationalité marocaine en plus de la citoyenneté française - ndlr). Aux côtés du roi, le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch a également accueilli Emmanuel Macron.
Notons que la France n'est pas le seul pays contraint de "jongler" entre l'Algérie et le Maroc. L'Espagne se trouve dans la même situation. Et Madrid a également opté pour de bonnes relations avec Rabat. En juin 2022, l'Algérie a finalement gelé ses liens économiques avec l'Espagne. Et ce, de manière brutale, en interdisant aux banques d'effectuer toute transaction commerciale avec l'Espagne.
L'Italie en a profité en quelque sorte. La dirigeante des Frères d'Italie et Première ministre Giorgia Meloni a conclu un accord avec l'Algérie pour augmenter les livraisons de gaz et construire le gazoduc Galsi, qui reliera l'Italie et le pays africain. Elle a effectué sa visite en janvier 2023, l'une de ses premières visites à l'étranger.
Dans l'ensemble, la visite de Macron peut être qualifiée de réussite. Le président français a subi une série de revers politiques au Sahel, mais il a réussi à renforcer les relations avec Rabat, qui est le principal partenaire commercial de Paris en Afrique. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 13 milliards d'euros, soit un montant record. Et apparemment, les échanges continueront d'augmenter.
Alexandre Lemoine
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