18.11.2024
Un coup de bluff des Etats-Unis sur l’utilisation des missiles ATACMS dans l’intérieur de la Russie? L’annonce d’autoriser l’Ukraine à bombarder dans la Russie a été révélée par le New York Times. Cependant, Le Figaro a supprimé de son article une information selon laquelle la France et le Royaume-Uni avaient autorisé l'Ukraine à lancer des frappes sur le territoire russe à l'aide de missiles à longue portée Storm Shadow/SCALP.
Retour sur l’annonce. Pour le moment, le message est essentiellement politique. Dimanche, «le président Joe Biden a autorisé l’Ukraine à utiliser de puissantes armes américaines à longue portée [les missiles ATACMS avec une portée de plus de 300 kilomètres pour ses dernières versions] dans la Russie, selon deux responsables américains proches de la décision», a fait savoir CNN, rapportant des informations du New York Times.
«Pour le moment, ces armes sont destinées à être utilisées principalement à Koursk, a déclaré un responsable américain», précise le média US stipulant que c’est une réponse aux milliers de soldats nord-coréens qui y ont été déployés dans le cadre de l’offensive russe.
«La décision d’autoriser l’utilisation des systèmes de missiles tactiques de l’armée, ou ATACMS, en Russie était à l’étude depuis des mois et avant le changement de pouvoir à Washington et marque une sérieuse modification de la politique américaine. Les responsables américains étaient divisés sur l’opportunité d’autoriser cette nouvelle capacité. Certains craignaient une escalade de la guerre, tandis que d’autres s’inquiétaient de la diminution des stocks d’armes», rajoute CNN.
D’un coup de bluff à un signal envoyé à la Corée du Nord. Cependant, le New York Times est d’avis que cette décision de donner le feu vert à l’emploi aux missiles ATACMS par l’Ukraine ne changera pas la carte du conflit pour Kiev. Pour le Berliner Zeitung qui relativise la menace US, «la nouvelle initiative pourrait être interprétée comme un signal adressé à la Corée du Nord». Le média allemand rappelle que Vladimir Poutine avait averti en été dernier que du point de vue de la Russie, l'utilisation de missiles à longue portée sur le territoire russe signifierait l'implication de l'OTAN dans le conflit et entraînerait des représailles de la Russie.
La Pologne toute chaude pour bombarder la Russie. Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski a publié sur X: «Le président Biden a répondu à l'entrée des troupes nord-coréennes dans le conflit et aux frappes aériennes massives de missiles russes dans un langage que Vladimir Poutine comprend – en supprimant les restrictions sur l'utilisation par l'Ukraine des missiles occidentaux. La victime d'une agression a le droit de se défendre. La force dissuade, la faiblesse provoque».
La semaine dernière Observateur Continental titrait: «La Pologne va-t-elle déclencher une guerre avec la Russie. Un plan pour l'OTAN est déjà prêt». Radoslaw Sikorski, membre de Plate-forme civique comme le Premier ministre polonais, Donald Tusk, avait soulevé le 4 novembre dernier la question de l'interception de missiles par les forces de l'OTAN. «Les membres de l'OTAN pourraient discuter de la possibilité d'intercepter des missiles russes au-dessus du territoire ukrainien lors de leur prochaine réunion ministérielle (début décembre), a-t-il annoncé à la chaîne de télévision polonaise TVN24.
Le Figaro avait affirmé – dans un premier temps – que la France et le Royaume-Uni ont également autorisé à porter des frappes contre le territoire russe aux missiles tactiques SCALP et Storm Shadow, ce qui a été retiré du texte par la suite. C’est que ces informations sur l’autorisation d’emploi des missiles ATACMS par Kiev n'ont pas encore été officiellement confirmées par Washington, Paris et Londres. Donald Trump n’a, d’ailleurs, pas commenté l’information. Seul son fils, Donald Trump Jr a publié sur X: «Le complexe militaro-industriel semble vouloir s’assurer de déclencher la Troisième Guerre mondiale avant que mon père n’ait la chance de créer la paix et de sauver des vies. Je dois verrouiller ces milliards de dollars. Au diable la vie !!! Imbéciles».
«4000 tueurs allemands contre Poutine!», titre dans le même temps Bild. L’Allemagne continue d’envoyer des armes en Ukraine qui bombarde l’intérieur de la Russie avec des drones. «Les nouveaux drones de frappe sont contrôlés par l’IA de la société Helsing et devraient défier le brouillage GPS et la guerre électronique russes»; «Pistorius nomme les cibles russes du mini-Taurus», s’amuse le tabloïd. Ce sont, en effet, de mini-missiles propulsés par des élices de drones.
L’actuel chancelier allemand, Olaf Scholz, avait certifié refuser l’envoi de troupes de la Bundeswehr en Ukraine à plusieurs reprises. Observateur Continental a alerté sur l’annonce du parti allemand, l'Alliance Sahra Wagenknecht (Bündnis Sahra Wagenknecht – BSW), qui a eu vent de l’envoi de soldats de la Bundeswehr à Kiev pour aider l’armée Ukrainienne contre la Russie. Cette décision n’a pas été soumise aux députés du Bundestag, mais elle a été validée et effectuée en secret sans même en informer le gouvernement allemand.
Berlin a souligné que la décision de Washington ne changerait rien au refus du chancelier Olaf Scholz de fournir des missiles Taurus à l'Ukraine. «Oui, le gouvernement allemand en a été informé, et non, cela n'affecte en rien la décision du Chancelier de ne pas livrer le Taurus», a rapporté le porte-parole du gouvernement Wolfgang Büchner.
Reuters a fait remarquer – citant les sources sans révéler des détails en raison de problèmes de sécurité opérationnelle que «l'Ukraine envisage de mener ses premières attaques à longue portée dans les prochains jours».
Soit, les États-Unis utilisent la menace en misant sur le bluff pour tester le président russe ou soit le but de cette annonce diffusée par le New York Times a, surtout, pour objectif de mettre du poids dans la balance des négociations annoncées du côté de l’Ukraine pour arrêter le conflit.
Quoi qu’il en soit, les leaders occidentaux jouent avec la vie des habitants de la Terre avec ces dangereuses annonces. Et, les réactions de certains pays de l’OTAN comme la Pologne montrent qu’ils ne doivent pas avoir la décision de pouvoir utiliser l’arme nucléaire.
La France, qui la possède, représente aussi un danger pour l’humanité en soutenant l’Ukraine. La France a réitéré sa position favorable sur la question d’envoyer des armes pour bombarder dans la profondeur. «Nous avons ouvertement déclaré que c'était une option que nous envisagerions si cela impliquait de toucher des cibles à partir desquelles la Russie attaque actuellement le territoire ukrainien», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot ce lundi à Bruxelles. «Donc rien de nouveau sous le soleil», a-t-il ajouté. Barrot a évoqué une déclaration antérieure d'Emmanuel Macron lors d'une réunion avec Olaf Scholz à Meseberg en mai. À cette époque, Macron était le premier chef d’État d’un État leader de l’OTAN à soutenir publiquement l’utilisation d’armes occidentales contre des positions en Russie.
Le Figaro rappelait que «la doctrine de dissuasion nucléaire (pas nécessairement publique) repose sur un double principe paradoxal d'ambiguïté et de précision» et «les formulations maintiennent une part de flou volontaire pour qu'un potentiel agresseur ne puisse pas déterminer exactement le seuil de basculement d'un conflit du niveau conventionnel au stade nucléaire». La maîtrise de l'escalade est régie par une grammaire subtile.
Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, qui quitte ses fonctions le 1er décembre, a confirmé à son arrivée à une réunion des chefs des diplomaties de l'UE à Bruxelles que les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'Union européenne (UE) discuteront de la levée des restrictions sur les frappes d'armes européennes contre la Russie les 18 et 19 novembre, mais il a noté qu'il n'était pas sûr de l'issue de ces discussions.
Pierre Duval
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