"Back door Boris" (Boris sortie de secours) est le nouveau surnom du premier ministre britannique qu'il peut ajouter à une longue liste d'autres surnoms obtenus ces dernières années. Cette expression a été inventée quand Boris Johnson a décidé de quitter la résidence de la première ministre écossaise Nicola Sturgeon par la sortie de secours afin d'éviter les manifestants qui protestaient contre sa visite, écrit la journaliste britannique Johanna Ross.
Le nouveau premier ministre britannique a fait de l'Ecosse l'une de ses priorités, en s'y rendant pour rencontrer son homologue à la résidence officielle de Bute House et en promettant 300 millions de livres aux communautés en Ecosse, au pays de Galles et en Irlande du Nord. Cependant, les Ecossais ne veulent pas de tels cadeaux parce que le nouveau chef du gouvernement est extrêmement impopulaire au nord de la frontière, et sa présence à ce poste ne fait qu'attiser le mouvement pour l'indépendance de l'Ecosse.
La première ministre a expliquait ce qu'elle avait retiré de la conversation – en dépit des démentis publics, le gouvernement de Boris Johnson poursuit activement la stratégie du Brexit sans accord, selon laquelle le Royaume-Uni quitte l'UE le 31 octobre sans aucun accord et entame le commerce en conformité avec les règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Et d'ajouter que cette voie était "dangereuse aussi bien pour l'Ecosse que pour le Royaume-Uni".
Alors que Boris Johnson affirmait au public: "Nous pouvons conclure un nouvel accord." Le chancelier du duché de Lancaster Michael Gove, préparant la sortie de l'UE sans accord, a déclaré le contraire: "Nous devons admettre que le 31 octobre nous attend un Brexit sans accord." Compte tenu de nombreuses tentatives ratées de Theresa May de valider l'accord au parlement, ainsi que la condition de Boris Johnson pour l'UE d'oublier la question écossaise si les négociations reprenaient, la supposition de Michael Gove à l'étape actuelle paraît la plus plausible.
Un tel scénario ne ferait que renforcer les positions en opposition à Boris Johnson dans le nord. A cela s'ajoute l'absence d'un accord avec la responsable du bureau écossais du parti conservateur Ruth Davidson, qui non seulement ne soutient pas une sortie de l'UE sans accord, mais diverge également avec Johnson concernant l'avenir de David Mundell au poste de ministre pour l'Ecosse.
Boris Johnson a ignoré la requête de Ruth Davidson de maintenir David Mundell à son poste et l'a remplacé. Cela témoigne de profonds différends entre Johnson et Davidson, qui l'avait fortement critiqué par le passé, et c'est une preuve de plus que Johnson est désapprouvé non seulement par les nationalistes, mais également par le bureau écossais de son propre parti.
"Boris Johnson se moque de l'Ecosse – il la repousse", écrit Martin Kettle dans le journal The Guardian en insinuant que le ne préoccupe pas de l'Ecosse et ne songe même pas au fait que le Brexit détruirait le Royaume-Uni.
Un sondage mené par YouGov il y a un peu plus d'un mois le confirme. Il s'avère que près des deux tiers du parti conservateurs, ceux qui ont élu Boris Johnson au poste de premier ministre, veulent que le Brexit se produise quoi qu'il arrive. Cela signifie qu'ils assisteront au préjudice pour l'économie, le parti conservateur en ruines et le "Royaume-désuni" – tout cela pour le Brexit.
Au lieu d'affronter les gens dans les rues écossaises, Boris Johnson a préféré esquiver en fuyant par la sortie de secours de la résidence de Bute House. A la question de savoir pourquoi il n'avait pas trouvé le temps pour rencontrer les habitants locaux pendant sa visite, il a répondu que son emploi du temps était "trop chargé". Si Boris Johnson voulait réellement influer sur l'opinion publique, il aurait trouvé le temps entre ses visites à Bute House et la base navale de Faslane.
Cette stratégie joue en faveur du mouvement nationaliste, qui affirmait pendant longtemps que Westminster était détaché des besoins et des volontés de la population écossaise.