En décembre 1982, après le passage en revue de diverses confessions religieuses, la fille de Joseph Staline, Svetlana Allilouïeva, s'est arrêtée sur le catholicisme. Et plusieurs années plus tard il a été rapporté qu'elle avait prêté serment de nonne. De telles affirmations font à ce jour leur apparition dans des revues catholiques. Mais était-elle vraiment une nonne catholique et qui aurait pu influencer son choix?
En février 1996, le correspondant du journal britannique The Times à Moscou, Richard Beeston, a transmis un communiqué intriguant. Il affirmait que "la fille unique de Joseph Staline, Svetlana Allilouïeva, aurait enfin trouvé un refuge pour son âme tourmentée. La fille turbulente du dictateur soviétique et de l'athée le plus impitoyable du siècle s'est réfugiée derrière les murs d'un monastère catholique. Elle a décidé de terminer sa vie en tant que nonne pour, selon elle, "laver sa culpabilité et les péchés de son père".
Richard Beeston se référait aux lettres de Svetlana écrites à son guide spirituel Giovanni Garbolino, publiées dans le magazine italien Chi. Dans l'une d'elles Svetlana disait: "Enfin je peux devenir nonne. Je suis certaine que Dieu m'a appelée à être plus proche de lui en cette période particulière, parce que c'est dans les murs du monastère que j'ai trouvé la quiétude dont je rêvais toute ma vie, et l'espoir que j'avais perdu." Selon le journaliste italien et rédacteur en chef du site Il Naufrago, Aurelio Porfiri, c'est le père Garbolino, décédé en 2000, qui lui avait confié que Svetlana Allilouïeva était devenue nonne. Cependant, la biographe de la fille de Staline, la poète canadienne Rosemary Sullivan, écrivait que le journaliste du journal britannique Daily Mail, David Jones, avait retrouvé Svetlana dans la ville anglaise de Cronwall après l'article de Richard Beeston. Et quand "il lui a demandé si elle n'avait pas l'intention de partir dans un monastère italien, elle avait nié une telle possibilité: "Je n'ai pas besoin de prêtres. Je suis autosuffisante." Elle a coupé l'interview par la phrase: "Ça suffit. Maintenant, quand nous sortirons d'ici, vous irez à gauche, et moi – à droite." https://www.dailymail.co.uk/femail/article-2067891/I-daughter-worlds-evil-man-hiding-Cornish-tea-shop.html
Néanmoins, la fille de Staline était tout de même en contact avec le prêtre italien. Le journaliste américain Matt Archbold notait à cet égard: "J'ignore exactement en quelle année Svetlana a fait la connaissance du père Giovanni Garbolino, qui vivait aux Etats-Unis mais était missionnaire en Russie, mais leurs relations auraient pu changer sa vie. Svetlana a reçu une lettre du prêtre avec une invitation pour un pèlerinage à Fatima. Puis il lui a rendu visite à Princeton, New Jersey. Ils communiquaient souvent. Garbolino a même donné à Svetlana une croix, qui lui a été offerte par un étudiant russe, dont il avait fait la connaissance pendant ses voyages missionnaires. Plus tard, le prêtre a donné cette croix au colonel Edwin "Buzz" Aldrin pour que ce dernier l'amène sur la Lune. Sous la supervision de Garbolino Svetlana lisait des livres d'auteurs catholiques, et le 13 décembre 1982 elle s'est convertie au catholicisme." Le journaliste souligne que Svetlana est "morte en paix" dans la "maison de retraite de Wisconsin en 2011, où elle faisait de la couture, lisait et priait". Autrement dit, elle était restée catholiques jusqu'au bout. http://www.ncregister.com/blog/matthew-archbold/the-stalin-who-converted-to-catholicism
Mais était-elle nonne? Svetlana Allilouïeva était manifestement croyante, mais ses relations avec les confessions restaient complexes. En mai 1962, elle a été baptisée à Moscou par l'archiprêtre Nikolaï Goloubtsov. En septembre 1963, il est décédé, après quoi Svetlana a reconnu avoir cessé de visiter les églises orthodoxes. En partant aux Etats-Unis, elle s'est d'abord tournée vers les protestants. "Je trouvais à l'époque que les églises protestantes américaines étaient plus proches de l'homme et de ses demandes et difficultés quotidiennes et pratiques", disait la fille de Staline. Puis elle a été attirée par les anglicans: "Nous avons visité une église épiscopale de Princeton pendant plusieurs années…" Elle a passé quelques années avec des scientologues chrétiens, qui sont d'"excellents psychologues, et leur travail consiste à établir une vision optimiste de la vie". Avant d'arriver enfin chez les catholiques, aux messes desquels elle assistait même après son déménagement au Royaume-Uni. A ce que l'on sache, la fille de Staline a passé plusieurs années dans un monastère franciscain anglais.
Parmi les catholiques géorgiens circulent la version que le choix du catholicisme était dû à la mère de Staline, Ekaterina Djougachvili, qui aurait été catholique et serait allée à l'église de Tbilissi jusqu'à la fin de sa vie. De plus, à en croire ces légendes, Joseph Staline lui-même était lié dans son enfance aux catholiques par le biais d'une riche famille arménienne Agagianian. La mère de Staline faisait le ménage dans leur maison, c'est ainsi que Joseph a fait la connaissance de Grigori Agagianian, devenu ensuite cardinal Grégoire-Pierre et patriarche de l'Eglise catholique arménienne. On affirme qu'Agagianian avait même fait ses études avec Staline en premières années du séminaire orthodoxe de Tbilissi, et les parents de Grigori payaient pour les études de Joseph.
On ignore si c'est la vérité ou non. Il n'existe pas non plus de confirmation que Svetlana Allilouïeva ait prêté serment de nonne. L'élucidation des circonstances de sa mort pourraient probablement faire lumière sur cette situation (si elle s'est confessée, a fait sa communion). Mais les dernières minutes de la vie de la fille de Staline sont pratiquement inconnues. Elle est morte "parmi des proches", son corps a été immédiatement incinéré, et les cendres ont été envoyées du Wisconsin en Oregon, où vivait sa fille Chrese Evans. Du coup, le mystère demeure autour du serment de nonne de Svetlana Allilouïeva.