Lundi 25 février, le président américain Donald Trump a accusé les renseignements américains et le parti démocrate de manipulation dans le but de nuire au président sortant et au sénateur du Vermont Bernie Sanders, qui compte représenter les démocrates à la présidentielle de novembre. Le locataire de la Maison blanche a traditionnellement publié son allégation sur Twitter.
"Les renseignements américains auraient dit au Crazy Bernie que la Russie comptait sur lui, et pas sur moi. Tout ça est une grosse arnaque avec la participation du renseignement et des démocrates. Ils veulent que Bernie quittent la course et détestent Trump", a écrit le président. Et d'ajouter que cette escroquerie avait commencé avec l'enquête du procureur spécial américain Robert Mueller sur les prétendues tentatives d'ingérence de la Russie dans les élections. Rappelons que l'enquête de Mueller terminée au printemps 2019 n'a établi aucun lien entre Donald Trump et le Kremlin.
Tout a commencé la semaine dernière, avec un article paru dans le quotidien Washington Post annonçant que des représentants américains avaient informé Bernie Sanders des tentatives, selon eux, de la Russie de l'aider dans la course électorale. Le quotidien n' pas précisé de quelle contribution il était question. Ce à quoi le candidat pour représenter le parti démocrate a demandé à la Russie de "rester à l'écart des élections" aux Etats-Unis.
D'un côté, il est logique que Donald Trump critique ses opposants démocrates: aucun prétendant à la présidence n'éprouverait de la sympathie pour ses principaux concurrents qui lui mettent des bâtons dans les roues. Mais les renseignements, c'est une autre paire de manches. A première vue, Donald Trump devrait être intéressé par les services des renseignements, car sans leurs informations il ne peut pas exercer efficacement son activité. Mais en l'occurrence nous assistons à une situation paradoxale où depuis le début de sa campagne de 2016 Donald Trump est entré en conflit avec les services secrets américains, et il persiste.
Le locataire actuel de la Maison blanche ressemble sur ce point au 37e président des Etats-Unis Richard Nixon, qui détestait également les services secrets du pays et s'exprimait très durement sur leurs activités. Lorsqu'il était question de la CIA, Nixon ne gardait pas la langue dans sa poche. Il qualifiait Langley d'agence "sans résultats", d'une "boîte aux effectifs gonflés" et qui "ne valent pas un clou".
Donald Trump tient approximativement le même discours. Selon lui, les collaborateurs de ce service son "sans honneur", "politiquement motivés" et dans l'ensemble des gens "malades" qui répandent des fake news.
De toute évidence, Donald Trump considère la CIA comme son ennemi politique personnel ayant l'intention de saper son autorité. Il convient de préciser que le 45e président des Etats-Unis a de bonnes raisons pour cela: pendant la campagne de 2016 de nombreux hauts responsables des renseignements misaient ouvertement sur la victoire d'Hillary Clinton. De plus, la CIA a accusé Trump d'être devenu président grâce à la Russie, percevant dans la victoire du républicain la "main de Moscou". Le président ne l'a manifestement pas oublié et n'a pas l'intention de pardonner en répondant aux renseignements de la même manière.
Ainsi, la semaine dernière, Donald Trump a renvoyé le directeur du Renseignement national par intérim Joseph Maguire. Le responsable à ce poste est considéré comme le coordinateur de l'activité des 17 agences de renseignement américaines. D'après le Washington Post, le président a été indigné d'apprendre qu'à la réunion du Comité du renseignement de la chambre des représentants du congrès les collaborateurs du renseignement ont partagé avec le sénateur des informations qui auraient pu servir contre lui. En particulier, le conseiller de Joseph Maguire, Shelby Pierson, a fait part de la volonté de la Russie de s'ingérer dans la campagne de 2020 pour faire réélire le président sortant.
Les médias américains affirment que le président Trump avait déjà changé à remplacer le patron des renseignements du pays, et le récent événement a servi de catalyseur pour prendre la décision définitive. Le nouveau directeur du Renseignement national sera annoncé dans les semaines à venir. Donald Trump a écrit sur Twitter avoir "quatre excellents candidats" à l'étude. Le plus probable étant le républicain de la Géorgie Doug Collins.
La démission de Joseph Maguire a clairement mis en évidence une lutte invisible et sérieuse de Donald Trump contre les services secrets du pays. Et plus les élections de novembre approchent, plus cette bataille durcit. Ce qui prouve une fois de plus que les Etats-Unis ne sont pas dirigés par le président du pays. Il ne fait aucun doute que Donald Trump est entré en confrontation avec une force plus puissante que le pouvoir présidentiel. Il s'agit manifestement du fameux Etat profond représenté par la bureaucratie haut placée, la direction des renseignements, l'industrie de l'armement et les médias mainstream.
Cette force invisible a déclaré la guerre à Donald Trump et espère remporter la victoire. Mais il est peu probable que le président sortant s'y résigne, car il ne manque pas de volonté ou de détermination et, de toute évidence, il est prêt à se battre jusqu'au bout.