Les chiffres sont éloquents. La banlieue est la plus touchée par le Covid-19 et les incivilités habituelles y marquent une pause dans la guerre annoncée par Emmanuel Macron. La pandémie relayée par les gros média et par l'augmentation du nombre de contaminés a rendu les quartiers au silence. Laurent Obertone et son scénario de guerre civile avec un président massacré en pleine rue dans Guerilla ne semble pas être à l'ordre du jour même si des habitants des quartiers sont souvent armés de Kalachnikov.
Le journal Le Parisien titre «vingt centres de diagnostic vont ouvrir en Seine-Saint-Denis» pour le coronavirus. On apprend que ce département est une zone des plus touchées de l'Ile-de-France et que les patients atteints du virus tueur «vont y être reçus seulement sur une prescription médicale» mais qu' «aucun test ne sera réalisé sur place». Les tests au Covid-19 ne sont réservés qu'à une certaine élite en France. La population habitant la banlieue peut donc mourir à la maison en restant confinée chez elle devant BFMTV en train d'avaler la propagande anxiogène programmée par l'Etat français. Le message est claire. Il faut être un Estrosi pour avoir le droit de faire le test qui permet de savoir si on est touché par le virus tueur et pour avoir le droit de prendre la potion magique du docteur Didier Raoult. L'élite française se moque des populations qui habitent les banlieues et elle le fait officiellement savoir.
Pour le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez le confinement dans les banlieues n’est «pas une priorité». «Ce n’est pas une priorité que de faire respecter dans certains quartiers les fermetures de commerces et de faire cesser les rassemblements», a déclaré Laurent Nuñez. «La phrase aurait été prononcée par le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nuñez, à l’occasion d’une visioconférence réunissant le 18 mars dernier les préfets de zone de défense. Lors de cette réunion virtuelle, la crainte de voir une explosion de violence dans les banlieues en cas d’application trop stricte des nouvelles règles était évoquée», écrit le magazine Valeurs Actuelles.
Derrière se cache le souhait d'en finir à jamais avec la question des banlieues, sinon tout aurait été fait pour le confinement immédiat et pour la mise en place des mesures de protection dans ces zones réputées compliquées qui s'avèrent en réalité être comme des agneaux face à la peur du virus. Le Figaro en rajoute: «Des consignes ont été émises en haut lieu pour éviter d’appliquer à certains quartiers sensibles toutes les rigueurs du confinement, par peur d’un embrasement généralisé des banlieues, comme en 2005» et s'en félicite: «Il y a, de toute évidence, des «poches de résistance».
Mais l’intensité des violences subies au plan national est sans commune mesure avec la centaine d’agressions contre les dépositaires de l’autorité constatées chaque jour avant le coronavirus». Olivier Dimpre, directeur départemental de la Sécurité Publique, indique que «nous avions été avertis que certaines personnes ne respectaient pas les règles dans les quartiers identifiés comme difficiles», mais confirme que le Dieu coronavirus a réussi à mettre au pas les jeunes des banlieues car «les contrôles se passent bien puisque la grande majorité de la population fait preuve de bon sens et de civisme» et que même si une policière a reçu un pavé dans la tête, ce dernier affirme que «ce genre d'incident est isolé», «y compris dans les quartiers identifiés comme difficiles». Le Monde écrit d'ailleurs le 31 mars: «Avec le confinement, l’Ile-de-France passe en mode silencieux».
Wael Mejrissi, machiniste RATP à Aubervilliers témoigne: «Le Covid-19 gagne du terrain grâce à des bus pleins». Le conducteur de bus décrit une situation de protection sanitaire inexistante avec des contaminés qui «vont errer longtemps avant d'aller à l'hôpital». Et explique pourquoi il y a tant de malades dans le 93: «Très simple ! Une des causes identifiées est le manque de transports mis en place par la RATP pour absorber le nombre important de voyageurs dans ce département. La ligne 170 qui relie la gare de Saint-Denis (D) à la porte des Lilas est littéralement prise d’assaut laissant ainsi les voyageurs entassés les uns sur les autres».
«C'est la région Ile-de-France qui est le plus sévèrement touché par l'épidémie à l'heure actuelle. On compte ce jour 1176 décès dans les hôpitaux de la région (+222), 926 nouveaux patients ont été hospitalisés, portant leur nombre total à 8.615», écrit le site Sortir A Paris ce 1 avril. Avec la population banlieusarde, la police est aussi très touchée. «400 fonctionnaires sont en arrêt. Depuis cette semaine, les commissariats sont entrés en mode de gestion dégradée», écrit Le Parisien.
Olivier Renault