Les unités iraniennes du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et la majeure partie des milices chiites étrangères ont été presque entièrement retirées de la province de Damas à proximité de la frontière irakienne dans la province de Deir ez-Zor. Une partie des effectifs a été renvoyée à leur base en Iran et en Irak.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est empressé d'annoncer le "succès des résultats des sanctions décrétées par le président Trump contre Téhéran". Le représentant spécial du président américain pour la Syrie James Jeffrey attribue également cette victoire à la politique étrangère de Washington, faisant une révérence à Moscou. En affirmant que la Russie a également exercé la pression sur l'Iran afin de réduire la dépendance de la Syrie de Téhéran.
Les médias américains cherchent à inculquer l'idée que ces événements résultent d'un complot entre Israël, la coalition occidentale avec les Etats-Unis en tête et la Russie. Parce que le retrait des forces iraniennes et des milices loyales de Syrie est bénéfique pour chacune de ces parties.
Naturellement cette interprétation des événements vise à saper l'influence de Moscou en Syrie et au Moyen-Orient dans l'ensemble. Tout comme la fake news relayée par les médias concernant l'aggravation des relations russo-syriennes et l'intention de remplacer Bachar al-Assad par un autre dirigeant.
En réalité, les activités du commandement politico-militaire iranien sont dictées par des raisons purement pragmatiques. Ce n'est pas un secret que les sanctions américaines et européennes sont assez sensibles pour l'Iran, mais pas fatales.
Les causes de la réduction de la présence militaire en Syrie sont multiples: l'économie iranienne traverse difficilement les conséquences de l'épidémie massive de coronavirus, et les dépenses pour l'entretien des troupes et des milices chiites étrangères aggravent significativement la situation à l'intérieur du pays. D'autant qu'à l'heure actuelle l'armée syrienne ne mène pas d'actions militaires actives au nord-est et accumule ses réserves pour les combats à venir.
La dissolution de sites militaires iraniens en Syrie, à première vue, améliore la sécurité contre des actions d'Israël. Mais c'est tout le contraire. L'ABM syrienne est incapable de protéger les Iraniens contre des attaques israéliennes pour diverses raisons. C'est pourquoi le commandement du CGRI a décidé de réduire les effectifs et créer une zone de défense à l'est de la province de Deir ez-Zor.
Les sites militaires du CGRI et des milices pro-iraniennes sont transmis à l'armée syrienne, et les unités iraniennes s'installent le long de la rive droite de l'Euphrate du poste frontalier avec l'Irak de Bou Kamal jusqu'à Mayadeen. Les unités du génie ont aménagé la zone en créant des positions de tir et techniques pour le matériel militaire, des arsenaux avec des armes et du matériel, des cités ont été construites pour les effectifs et d'autres sites d'infrastructure.
L'Iran pourrait avoir l'intention de déployer dans cette région sa propre défense antiaérienne pour protéger les sites militaires contre l'aviation ennemie.
De cette manière, ces activités ne doivent pas être perçues comme un retrait, mais comme un regroupement des forces et des moyens iraniens afin de maintenir leurs capacités opérationnelles et de mobilisation: le CGRI contrôle entièrement le passage frontalier de Bou Kamal et reste à même de transporter le fret d'Iran en Syrie via le territoire irakien. Téhéran n'a pas renoncé à son objectif stratégique – obtenir un accès à la Méditerranée.
Selon le quotidien arabe Asharq Al-Awsat, il y a quelques jours, sous l'égide des représentants du Pentagone, sur le territoire de la base américaine d'Al-Tanf a été organisée une réunion du commandement des groupes armés pro-américains des Forces démocratiques syriennes kurdes, des Brigades révolutionnaires intrépides et des Forces d'élite pour unir leurs efforts dans la lutte contre Daech. Cependant, selon les informations qui ont fuité dans la presse, les activités militaires seront menées contre les forces iraniennes et les milices chiites loyales envers Téhéran déployées dans la province de Deir ez-Zor.