Selon une agence de presse israélienne, à terme il faudrait s'attendre au début de négociations directes entre le Liban et Israël pour régler les différends sur l'exploitation conjointe du gisement gazier en Méditerranée orientale. Il est question de plus de 25.000 milliards de mètres cubes de réserves.
Les négociations lors des visites nomades à Beyrouth et à Tel Aviv en 2020 étaient menées par le conseiller du secrétaire d'Etat américain pour le Proche-Orient David Schenker, sur ordre personnel de Donald Trump. Et il semble avoir réussi à persuader les deux camps d'engager un dialogue direct.
Les premières informations sur les résultats de l'exploration géologique du plateau sont apparues en 2009. Le gisement a été découvert à la charnière des zones économiques de Chypre, de la Syrie, du Liban et d'Israël. Cependant, la frontière maritime entre les zones économiques du Liban et d'Israël n'était pas démarquée, ce qui a entraîné des litiges entre les deux pays.
A noter qu'entre autres les deux pays connaissent de profonds différends territoriaux par rapport à 13 sites de la frontière terrestre. Le litige sur la zone économique maritime en Méditerranée orientale où se trouve le gisement gazier concerne une superficie de 860 km².
En 2011, jouant le rôle de médiateur dans le règlement du litige territorial, les Américains ont proposé leur projet de démarcation des zones économiques. Ils proposaient de remettre 55% du territoire litigieux au Liban et 45% à Israël. L'accord a échoué à cause d'une démarche politique brutale des représentants de l'organisation chiite Hezbollah au gouvernement et au parlement libanais en accusant Washington de soutenir unilatéralement les Israéliens sur ce dossier.
Selon des sources israéliennes, David Schenker a réussi à persuader le président libanais Michel Aoun d'entamer les négociations directes avec les Israéliens sur la démarcation de la frontière maritime Le chef de l'Etat libanais aurait chargé le président du parlement Nabih Berri de mener des consultations avec les fractions afin d'obtenir une autorisation législative pour entamer les négociations avec Israël, qui est en état de guerre avec le Liban.
Les spécialistes américains du Proche-Orient pensent que le moment pour la signature d'un document entre le Liban et Israël est choisi on ne peut mieux. Cela fait plusieurs années que Beyrouth ne parvient pas à surmonter la crise gouvernementale qui, en plus des sanctions frappant le pays et la Syrie voisine, a conduit à une chute profonde du système financier et économique du Liban. L'explosion au port de Beyrouth a fait plus de 200 victimes et a causé un préjudice de plusieurs milliards de dollars suite à la destruction de sites d'infrastructure, de bâtiments administratifs et résidentiels.
Mais avant cet événement tragique déjà le Liban manquait cruellement d'investissements étrangers, ce qui portait préjudice à l'approvisionnement alimentaire et énergétique de l'économie et de la population. La santé nationale ne parvient pas à gérer la prolifération du coronavirus. L'aide financière des puissances arabes et européennes est incapable de couvrir ne serait-ce que le dixième des besoins financiers de l'Etat pour rétablir le niveau de vie des Libanais. Ces derniers ont organisé des manifestations à travers le pays pour exprimer leur mécontentement.
Les Israéliens pensent que le gouvernement de Benjamin Netanyahou acceptera de négocier avec le Liban et qu'il est prêt à accepter les propositions des Américains pour régler le litige sur la zone économique maritime avec le Liban. Tel Aviv a besoin de trouver un accord avec son voisin au Nord afin de remédier à la tension dans les relations bilatérales. Sachant que les Israéliens ne vont certainement pas exiger d'inclure dans l'éventuel accord avec le Liban des engagements politiques, se limitant uniquement aux intérêts économiques formels.
A ce jour, Israël a normalisé les relations avec quatre pays arabes: avec l'Egypte en 1979, avec la Jordanie en 1994, avec les Emirats arabes unis et Bahreïn le 15 septembre 2020. Selon des informations non confirmées, le gouvernement soudanais se dit prêt à établir des relations diplomatiques avec Israël. Les parties cherchent à surmonter les différends concernant le lieu de la mission diplomatique soudanaise: Khartoum insiste sur Tel Aviv.
Alexandre Lemoine
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