Aux négociations sur le Kosovo l'Occident ne garantit même pas l'adhésion de Belgrade à l'UE et ne propose à la Serbie rien d'autre que l'humiliation. C'est ce qu'a déclaré le président serbe Aleksandar Vucic dans une interview au journal autrichien Kleine Zeitung. Et de souligner qu'il n'était pas embarrassé par ses bonnes relations avec la Russie et la Chine.
Il a qualifié de "mots vides" les affirmations que la reconnaissance de la république autoproclamée par la Serbie accélérerait son intégration européenne.
"On nous dit: "votez pour l'indépendance du Kosovo et le chemin en UE deviendra plus facile". Ce sont des mots vides! Personne ne peut nous garantir en échange l'adhésion à l'UE. Personne ne nous dit ce que la Serbie recevra en échange du Kosovo – ni la Communauté des municipalités serbes ni autre chose. Cela concerne aussi le statut de nos églises et monastères", a déclaré Aleksandar Vucic.
Il a souligné que personne ne pourrait forcer Belgrade à reconnaître le Kosovo et à ne rien recevoir en échange.
Le dirigeant serbe a noté que les Serbes et les Albanais pouvaient vivre ensemble, il faut seulement trouver un compromis et songer à l'avenir. Tout en déclarant qu'il est opposé aux conflits gelés parce que les gens les laisseront à leurs enfants, or tout conflit gelé peut facilement se relancer, comme le montre bien l'exemple du Haut-Karabakh.
D'après le président serbe, sur la scène politique internationale il existe actuellement quatre super-forces: les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l'UE.
"Dans ces circonstances la Serbie se retrouve à la croisée des chemins entre elles: elle doit se battre chaque jour, ce qui est difficile. Nous devons faire des réformes, attirer des investissements étrangers et conserver de très bonnes relations avec la Russie et la Chine. C'est précisément les relations que nous avons et cela ne nous embarrasse pas, au contraire, nous en sommes fiers. En même temps, nous avons une bonne interaction avec les Etats-Unis, et nous sommes sur la voie européenne", a expliqué Aleksandar Vucic.
Le président serbe a reconnu que Belgrade a reçu de l'UE une importante aide financière et économique et il l'apprécie. D'un autre côté, explique Aleksandar Vucic, la Serbie a la Russie et la Chine qui n'ont pas reconnu l'indépendance du Kosovo et qu'il faut toujours prendre en compte.
En répondant aux journalistes à la question de savoir ce qu'il pense des résultats des pourparlers à Washington, Aleksandar Vucic a noté que l'accord signé à la Maison blanche le 4 septembre a aidé à améliorer les relations avec les Etats-Unis, en rappelant que jusqu'à récemment les Etats-Unis étaient le pays le plus impopulaire dans la société serbe, mais la situation a changé.
Alexandre Lemoine
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