Déjà, dans une tribune libre publiée par le magazine Valeurs actuelles, en date d'avril 2016, Valérie Boyer, alors députée Les Républicains (LR) et actuelle sénatrice des Bouches-du-Rhône (Provence-Alpes-Côte d'Azur) depuis son élection le 27 septembre 2020, réclamait la reconnaissance du Haut-Karabakh.
La question d'actualité au gouvernement n° 1457G de la sénatrice, demandant, à nouveau, de «reconnaître enfin l'Etat indépendant Artsakh» a été publiée dans le JO Sénat du 15 octobre 2020.
L'ancienne députée et maintenant sénatrice française, Valérie Boyer, mène une croisade pour sauver la vie des habitants du Haut-Karabakh. «Voilà dix-sept jours que nous sommes les tristes spectateurs de bombardements délibérés des populations civiles d'Artsakh et d'Arménie par l'Azerbaïdjan. Voilà près de trente ans que le Haut-Karabakh tente de protéger ses terres ancestrales, alors que l'Azerbaïdjan s'enfonce dans la dictature – rappelons que le régime d'Aliyev est l'un des plus répressifs de la planète…», dénonce-t-elle en ce mois d'octobre dans sa question d'actualité au gouvernement.
Elle s'inquiète, dans le contexte actuel, de voir l'action du président turc, Recep Tayyip Erdogan, menacer la vie des populations de ce territoire car «on imagine le sort réservé aux Arméniens du Haut-Karabakh, avec la complicité du président Erdogan». «Erdogan, qui marchande ses migrants, massacre les Kurdes, que nous avons abandonnés, viole les espaces aériens et maritimes grecs, dirige un pays qui occupe depuis 1974 Chypre, Etat de l'Union européenne, tente de déstabiliser encore plus la Libye et la Syrie, souffre d'amnésie dès que l'on parle du génocide des Arméniens et clame sa volonté de reformer l'Empire ottoman, Erdogan dont le régime va jusqu'à envoyer des djihadistes pour tuer des Arméniens!», dénonce-t-elle, en rajoutant qu' «on le sait, le président Erdogan cherche, pour masquer ses échecs, à s'offrir comme trophée l'Artsakh, puis l'Arménie, et à poursuivre le génocide culturel et ethnique des Arméniens».
Déjà, en 2011, la femme politique investie de manière profonde dans la cause arménienne a connu des menaces de mort et de viol et un piratage de son site par des militants pro-Turquie comme l'a écrit, par exemple, ELLE: «J'ai été victime sur mes réseaux sociaux d'insultes et d'injures, de menaces de viol, de menaces de mort».
Même si Valérie Boyer déclare qu' «il est urgent de sanctionner la Turquie et l'Azerbaïdjan, de mettre en place de vraies sanctions économiques, de rappeler nos ambassadeurs à Ankara et à Bakou, de cesser tout processus d'adhésion de l'Union européenne avec la Turquie et de lui dire qu'elle n'a plus sa place dans l'Otan», la France, elle, reste de marbre.
Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, a répondu à la sénatrice que «les actions et les provocations de ce pays [la Turquie] sont un facteur de déstabilisation de l'ensemble de la région, de la Libye au Haut-Karabakh en passant par la Méditerranée orientale, l'Irak et Varosha». Il raconte même que «venant d'un Etat membre de l'Alliance atlantique, c'est particulièrement grave» et que «nous n'acceptons pas cette logique globale du fait accompli» car «au Haut-Karabakh, la Turquie a été la seule à ne pas appeler au cessez-le-feu, qui a été conclu, même s'il est difficile à mettre en œuvre» et qu' «elle a été la seule à encourager et à soutenir le recours à la force» tout en affirmant que «le déploiement par Ankara de mercenaires syriens contribue aussi à l'internationalisation du conflit et fait peser une lourde menace sur la région» et que «dans cette circonstance, nous devons agir vis-à-vis de la Turquie, en demandant des clarifications et des vérifications».
Le ministre d'Emmanuel Macron déclare au final être en désaccord avec Valérie Boyer car «nous devons agir aussi comme membre coprésident du groupe de Minsk pour mettre fin au conflit, par tous les moyens à notre disposition, mais en respectant notre signature» et que «si nous revenions sur nos engagements de responsables des accords de 1994 et du groupe de Minsk, nous créerions les conditions permettant à la Turquie de remettre en cause l'impartialité de ce groupe et de s'insérer dans le règlement diplomatique d'un conflit dont elle est aujourd'hui partie prenante».
Déjà le 28 mai 2015, la sénatrice Nathalie Goulet (Orne – UDI-UC) a précisé dans une question orale n° 1145S publiée dans le JO Sénat que «la France ne reconnaît pas la République du Haut-Karabakh, pas plus d'ailleurs que l'Arménie, ce territoire étant illégalement occupé depuis 1991 et cette occupation ayant donné lieu à de multiples résolutions internationales». En cette date, le secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'éducation nationale, Thierry Mandon, a répondu pour le ministre des Affaires étrangères d'alors, Laurent Fabius, que «la France, coprésidente du groupe de Minsk en charge de la médiation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sur ce conflit, n'a jamais reconnu le Haut-Karabakh comme entité indépendante, non plus que comme partie du territoire de la République d'Arménie» et que «nous ne reconnaissons pas l'indépendance du Haut-Karabakh et nous n'entretenons pas de contacts bilatéraux avec les autorités de fait de ce territoire». La nouvelle demande de Valérie Boyer comme celle en date de 2016, notifiée par Valeurs Actuelles qu’«il faut désormais reconnaître le Haut-Karabagh» risque d’essuyer encore un refus.
Philippe Rosenthal
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