Une profonde panique sur la base militaire américaine de Ramstein a eu lieu en Allemagne quand les Américains ont confondu une attaque hypersonique venant de Russie avec de simples essais de tirs d’un sous-marin russe en mer Blanche. En réalité, une véritable attaque effectuée avec une arme hypersonique n'aurait pas laissé le temps à la base américaine de faire tinter ses sirènes d'alarme ce qui effraie le Pentagone.
Une avancée technologique époustouflante. Die Welt explique que «les armes hypersoniques présentent un danger d'une toute nouvelle nature» car «ces engins développent une vitesse énorme et sont très maniables». Cela leur permet de «contourner facilement tous les systèmes de défense antimissile» et qu' «en conséquence, même la parité entre les puissances nucléaires est menacée» et que «deux Etats [la Russie et la Chine] ont acquis un avantage décisif sur les autres».
Le journaliste allemand, Gerhard Hegmann, décrit des scènes de panique comme dans le film Pearl Harbor. «Raid aérien, raid aérien! Tout le monde aux abris, tout le monde aux abris!», hurlaient les hauts parleurs», écrit-il en précisant que «ce n'était pas une scène d'un film ou d'un reportage de guerre» mais des images réelles de toute une base affolée ce 12 décembre dernier en Allemagne, non loin de la ville de Kaiserslautern, à la base de l'US Air Force de Ramstein. Les soldats et les employés civils ont eu très peur car il n'était pas question d'un exercice. «Est-ce que les gens pensaient que c'était la guerre juste avant Noël?», se demande le rédacteur appartenant au groupe produisant Bild.
Les raisons. Cette alarme, qui a retentit sur la grande base de Ramstein avec plus de 54 000 Américains, véritable centre vital de guerre des Etats-Unis et de commandement des drones envoyés, comme l'a écrit DW, au Pakistan, en Afghanistan ou au Yémen directement depuis les Etats-Unis, a été déclenchée lorsqu'un sous-marin russe a lancé quatre missiles intercontinentaux à quelques secondes d'intervalle. Le lancement a eu lieu dans la mer d'Okhotsk, au nord du Japon, et les missiles se sont dirigés vers l'Europe. Après avoir parcouru 5500 kilomètres, les ogives vierges ont finalement atterri dans une zone peu peuplée du nord-ouest de la Russie. Il ne s'agissait que d'un essai russe.
Cette affaire montre que les Etats-Unis n'excluent pas une frappe de missile sur l'Europe et que les systèmes d'alerte sont donc toujours en service actif. Mais, en même temps, les militaires font maintenant face à un danger fondamentalement nouveau. Avec l'avènement des armes dites hypersoniques, les anciens circuits d'alerte et de défense antimissile deviennent inutiles et les temps de réponse sont considérablement réduits.
Die Welt précise que «les missiles intercontinentaux tirés depuis un sous-marin russe, qui a déclenché l'alarme sur Ramstein, étaient du type Boulava conventionnel», que «ce n'était pas l'arme hypersonique que le président russe Vladimir Poutine admirait lorsqu'il parlait en décembre 2018 des essais réussis du système hypersonique Avangard» ce qui est, selon lui, «une arme absolue», car, «il n'y a aucune possibilité de lui résister».
Deux ans après l'annonce par Poutine des armes hypersoniques, les Avangards ont été équipés d'ogives nucléaires, a récemment rapporté l'armée américaine. Juste un jour avant la fausse alerte à Ramstein, l'armée russe a de nouveau testé le missile guidé hypersonique Zircon (Tsirkon) (désignation de code Otan SS-N-33) qui a été lancé à partir d'une frégate moderne dans la mer Blanche (appartient au bassin de l’océan Arctique. Ce scénario est alarmant car ces nouvelles armes sont difficiles à suivre et qu'il est presque impossible de déterminer leur cible à l'avance.
Les experts disent que le temps nécessaire pour prendre des décisions sur la manière de réagir est réduit car le temps de vol des missiles balistiques en cas d'attaque russe contre les Etats-Unis est de 20 à 30 minutes. Dans le cas des armes hypersoniques, le délai est réduit à cinq minutes.
Les Etats-Unis font tout pour éliminer leur retard. Le groupe militaro-industriel américain Lockheed Martin travaille dur dans ce domaine car il a effectué des essais en vol d'un modèle hypersonique (AGM-183A) attaché sous les ailes d'un bombardier B-52. Lockheed Aerojet a annoncé l'achat de la société de moteurs de fusée Aerojet Rocketdyne pour 4,4 milliards de dollars, en comptant sur le développement de cette nouvelle technologie militaire.
La France travaille aussi sur les armes hypersoniques. Le fabricant européen d'armes guidées MBDA, dans lequel Airbus a également une participation, met en œuvre le projet européen Twister, qui implique cinq pays.
Gerhard Hegmann, écrit que «d'ici 2030, il faut créer un système capable non seulement de détecter les armes hypersoniques dès les premiers stades de leur utilisation, mais aussi de détruire ces engins» et que «la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas et l'Espagne participent également au projet international mené par la France».
Pierre Duval
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs