Le président français, Emmanuel Macron, va recevoir vendredi 16 avril le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, selon l'Elysée, à un moment où la montée des tensions en Ukraine a lieu avec un renforcement militaire ukrainien soutenue par les Etats-Unis sur le front du Donbass avec, par ricochet, un renforcement militaire russe sur la frontière russe à l'Ukraine et au Donbass. Les deux présidents doivent s'entretenir pendant un déjeuner de travail à l'Elysée, a précisé la présidence.
La France, avec Emmanuel Macron, et, avec l'Allemagne d'Angela Merkel, intervient comme médiateur dans le conflit entre l'Ukraine et le Donbass dans le cadre du dialogue quadripartite avec la Russie et l'Ukraine, via le ( «format Normandie»). En décembre 2019, les quatre dirigeants s'étaient réunis à Paris pour la première rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky après l'élection de ce dernier début 2019. Récemment, Emmanuel Macron a évoqué l'Ukraine avec Vladimir Poutine le 31 mars au cours d'un entretien commun avec Angela Merkel.
L'Ukraine accuse la Russie d'avoir massé des forces militaires près de sa frontière orientale et en Crimée qui avait, à la suite d'un référendum populaire, opté pour Moscou en 2014. Les habitants de Crimée, très attachés à la Russie, voyant les bombardements de villages dans le Donbass et le massacre de civils russophones, avaient vite compris que leur destin se trouvait en territoire russe après l'arrivée de pro-occidentaux au pouvoir à Kiev. Les combats sur le front, qui n'étaient pas tout à fait à l'arrêt, depuis une trêve conclue à l'été 2020, ont repris en puissance ces dernières semaines.
Les ministres des Affaires étrangères du G7 et le chef de la diplomatie de l'UE ont demandé lundi à la Russie de cesser ses «provocations» et à engager une «désescalade», sans réprimander Kiev et son armée envoyée en force sur le front du Donbass et sans demander, par ailleurs, aux Etats-Unis d'arrêter de soutenir l'armée ukrainienne et de mettre ainsi de l'huile sur le feu. Ce n'est, donc, pas par hasard que le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a aussi jugé mardi que le «renforcement militaire considérable de la Russie» était «injustifié, inexplicable et profondément préoccupant». Les ministres des Affaires étrangères et la diplomatie européenne avec l'Otan forment un même et unique clan, celui de l'Occident. De son côté, Moscou a accusé mardi l'Otan et les Etats-Unis de transformer l'Ukraine en «poudrière» et a indiqué mener des «exercices militaires» près des frontières ukrainiennes.
Le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a déclaré ce jeudi 15 avril, un jour avant la rencontre entre la France et l'Ukraine à Paris: «On peut avoir de bonnes relations avec l’Ukraine, on peut soutenir l’Ukraine, on le fait notamment dans la situation difficile actuelle avec la Russie mais cela ne veut pas dire l’adhésion. Je crois, ce n’est pas une perspective sérieuse». Cette déclaration n'est pas anodine juste avant l'arrivée du président ukrainien. Une immense partie d'échecs a lieu sous nos yeux. Et, c'est véritablement un cas d'école pour les futurs diplomates qui suivent des études dans ce domaine. Alors que l'Occident faisait tout en son pouvoir pour obtenir l'adhésion de l'Ukraine dans l'UE depuis la «révolution orange», il vient de mettre les deux pieds sur le frein. Emmanuel Macron a envoyé Clément Beaune au front de l'information en guise d'introduction.
Libération s'indigne en date du 14 avril, sur le comportement de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen en expliquant qu' «elle continue d’accumuler les erreurs diplomatiques» (après le «Sofagate»), car «cette fois, [elle a décliné] «une invitation officielle du président ukrainien, par un simple courrier de son chef de cabinet». Erreur.
Comme dans un jeu d'échecs, la situation change en fonction des mouvements des pions. Ursula von der Leyen en refusant de voir Volodymyr Zelensky a tout simplement fait marche arrière car la stabilité de l'Ukraine ne semble plus être assurée pour le clan occidental. Une phrase d'un article paru dans Le Monde ce jeudi 15 avril vient confirmer cette direction ou ce virage ou cette prise de distance avec un président ukrainien, qui n'a réellement réussi que dans des rôles de comiques sur scène ou dans des films: «La Russie disposerait-elle d’un cheval de Troie au sein d’un Etat ukrainien voué à la décomposition».
C'est le docteur en géopolitique Jean-Sylvestre Mongrenier qui lance l'idée. Cet expert est totalement acquis à la cause de l'Otan contre la Russie: «A nouveau, la Russie fait entendre des bruits de bottes aux frontières de l’Ukraine qui, de fait, sont aussi celles de l’Europe»; «Songeons à la récente guerre du Haut-Karabakh, instrumentalisée par Moscou afin de prendre le contrôle du Caucase du Sud.
Il faut traduire les diverses informations parues sur la question de l'Ukraine juste à la veille de la rencontre entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky. La volonté est clairement de laisser tomber ce président ukrainien et d'éviter que la Russie gagne en force sur l'UE.
Demain, il ne serait pas étonnant de voir Emmanuel Macron renvoyer poliment et de manière diplomatique sur les roses Volodymyr Zelensky.
Olivier Renault
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