Le gouvernement turc a placé le chef de l'organe religieux suprême du pays en 12e position dans le protocole de l'Etat, au-dessus du chef d'état-major des forces armées turques.
C'est ce qu'a rapporté le média Deutsche Welle Turkish.
La cérémonie de célébration de la Journée de la Victoire (Zafer Bayramı), le 30 août, organisée par le président turc Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel d'Ankara a dévoilé des changements majeurs dans le protocole de l'Etat. Le chef de la Direction des affaires religieuses de la Turquie (Diyanet) est passé de la 52e à la 12e place dans le protocole.
Le chef d'état-major et d'autres représentants du haut commandement de l'armée turque ont été convoqués 14e pendant la cérémonie pour saluer le président Recep Erdogan, alors que cet événement était directement lié à une date importante dans l'histoire des forces armées du pays.
L'élévation de l'organe religieux au-dessus de l'armée s'inscrit dans le modèle général du comportement du dirigeant turc qui, après la tentative de coup d'État militaire en juillet 2016, fait tout pour évincer définitivement le commandement turc de la politique nationale.
L'ordre des hauts représentants dans le protocole de l'État turc n'a pas été modifié depuis 2018, après le passage du système de gouvernance parlementaire au système présidentiel.
Le Diyanet est critiqué pour son influence grandissante au sein du gouvernement d'Erdogan. Le parti de la justice et du développement au pouvoir a multiplié par quatre le budget du Diyanet en 19 ans de présence au pouvoir, ce qui a suscité des critiques en disant que la direction utilise le parti modérément islamiste en tant qu'instrument de "soft power", écrit le site d'information Ahval.
"Aujourd'hui le Diyanet ressemble à un immense holding, voire plus perfide. Comme un État dans l'État", constate le théologien turc Cemil Kiliç.
Jusqu'en 2018, le président de la Grande Assemblée nationale turque, le premier ministre et le chef d'état-major occupaient les trois premières places dans le protocole de l'État. Avec le passage à une nouvelle forme de gouvernance, le premier ministre a été rayé de la liste, alors que le président de la Grande Assemblée nationale et le vice-président ont occupé les deux premières lignes.
Alexandre Lemoine
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