Il en ressort, selon des documents qui viennent d’êtres divulgués que le géant français du ciment a tenu les renseignements nationaux, étrangers et les militaires français constamment informés de ses liens avec des militants en Syrie. Et, Daech, l'organisation terroriste islamiste, a utilisé le matériau de construction de la société française pour construire des abris.
L'agence Anadolu, comme elle l'indique, déclare avoir obtenu «les documents qui prouvent que Lafarge a financé Daech, sous le regard des services français». Jusqu'en 2014, la cimenterie Lafarge était située dans la ville de Jalabiya, dans le nord de la Syrie. Les autorités françaises étaient au courant de la coopération de l'entreprise avec des terroristes. Les informations contenues dans les documents des institutions françaises indiquent que le géant du ciment a constamment informé les renseignements internes, externes et militaires de la France de ses liens avec Daech. Les services de renseignement français ont utilisé le lien entre Lafarge et les terroristes pour recevoir des nouvelles de la région, poursuivre leurs activités et coopérer avec des organisations terroristes en Syrie. Comme il en ressort des documents, les services spéciaux n'ont pas averti la société du caractère criminel d'une telle coopération avec Daech.
Dans l'un des documents, le chef du département sécurité de l'entreprise Lafarge, Jean-Claude Veillard, écrivait en octobre 2013 qu'il avait «transmis [des informations] au renseignement français (DGSE)», document publié en capture d'écran sur le site de l'agence de presse turque.
Dans une correspondance par courrier électronique entre le chef du service de sécurité de l'entreprise Lafarge, Jean-Claude Veillard, et des représentants du renseignement du ministère de l'Intérieur français le 1er septembre 2014, les parties discutent des détails de l'approvisionnement en ciment. Au cours de la correspondance, les services secrets français se tournent vers le représentant de l'entreprise pour lui demander de donner plus de détails sur le ciment fourni aux militants. D'après la correspondance, il devient clair que l'Etat français à l'époque était au courant des liens de Lafarge avec l'organisation terroriste.
Entre 2013 et 2014, plus d'une trentaine de négociations de ce type ont été menées entre l'entreprise et les services français de renseignement interne, externe et militaire. On sait que le ciment qu'ils ont fourni a été utilisé par des terroristes pour construire des abris et des tunnels contre les forces de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Selon l'enquête française, l'entreprise a poursuivi ses activités même après que le territoire où elle se trouvait soit passé sous le contrôle de militants de Daech, avec lesquels l'entreprise française a établi des contacts commerciaux, en leur versant des ressources financières.
L'audience devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris sur les appels des mises en examen dans l'affaire Lafarge s'est tenue, comme rapporté par Observateur Continental, le 20 juin 2019. Lafarge faisait notamment appel de sa mise en examen pour complicité de crimes contre l'humanité. Le délibéré a eu lieu le 24 octobre 2019. Le procès a été intenté par onze anciens employés syriens contre Lafarge et sa filiale, Lafarge Cement Syria, en novembre 2016 à Paris avec l'ECCHR et son partenaire français Sherpa.
En novembre 2019, la cour d'appel de Paris a abandonné les charges retenues contre Lafarge dans l'affaire de «complicité de crimes contre l'humanité», mais ce mardi 7 septembre, la Cour de cassation a débouté le groupe industriel Lafarge, accusé de «complicité de crimes contre l'humanité» pour ses activités menées Syrie jusqu'en 2014. «Elle a également confirmé la mise en examen du cimentier pour "financement du terrorisme"», confirme Europe1.
La radio française précise qu' «un rapport interne commandé par LafargeHolcim, né de la fusion en 2015 du français Lafarge et du suisse Holcim, avait mis en lumière des remises de fonds de LCS à des intermédiaires pour négocier avec des "groupes armés"», confortant les documents publiés par Anadolu.
Philippe Rosenthal
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