04.04.2022
Le Journal du Dimanche (JDD) annonce «les regrets» de l'Australie via Marise Payne, ministre australienne des Affaires étrangères et ex-ministre de laDéfense. La raison? AUKUS. «Pour la première fois depuis la signature du pacte AUKUS, la chef de la diplomatie australienne s’adresse publiquement à la France», annonce le quotidien français. Un événement important dans la géopolitique toute récente a poussé l'Australie à se mettre à genoux devant la France.
Septembre 2021. Observateur Continental avait, en septembre 2021, indiqué que «la France a rappelé ses ambassadeurs des Etats-Unis et d'Australie pour des consultations suite à l'abandon d'un projet de construction de sous-marins et à la création de l'alliance AUKUS». Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait cité «la gravité exceptionnelle des annonces effectuées le 15 septembre par l'Australie et les Etats-Unis». La France faisait face à la rupture par l'Australie d'un contrat pour livrer des sous-marins français de classe océanique et à la formation d'un nouveau partenariat avec les Etats-Unis pour construire des sous-marins à propulsion nucléaire.
Très tôt, force était de constater que le camp occidental avait, incontestablement, perdu des points. En effet, le nouveau pacte de sécurité AUKUS n’apportait pas grand-chose à la «coalition occidentale» menée par l’Otan puisque l’Australie, à défaut d’appartenir à l’Alliance atlantique, était déjà, depuis fort longtemps, une alliée fidèle des Etats-Unis et du Royaume-Uni avec lesquels elle partageait le renseignement dans le cadre des «Fives Eyes», depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Avec l'AUKUS, il était clair pour Canberra que les nouveaux sous marins promis par les Etats-Unis ne pouvaient pas être opérationnels dans la marine australienne avant dix ans, et l'Australie, perdant son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, a décidé de se fâcher durablement avec la Chine.
Comme le JDD le rappelle, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian avait qualifié la décision australienne de «trahison», de «coup de poignard dans le dos». Avant de venir en France, Marise Payne a été interrogée par radio 2GB, une radio australienne. Dans cet entretien, elle a bien voulu reconnaître que la rupture du contrat, unilatérale et brutale, a été «un coup dur» pour Paris. Selon Le Point, elle a expliqué: «Je comprends que la décision de l'Australie de ne pas poursuivre le programme de sous-marins diesel électriques de la classe Attack ait été un coup dur pour la France». Elle a aussi assuré que cette décision n'était, en aucun cas, «dirigée contre la France». Cette déclaration montre la volonté de l'Australie d'avoir, de nouveau, des liens de confiance avec la France. L’AUKUS n’est, donc, pas le contrat qui peut permettre la protection de l’Australie.
Dans un article au JDD, Gillian Bird, l'ambassadrice d’Australie en France, a affirmé que «la France est un acteur clé dans l’Indo-Pacifique» car «nos deux pays sont des voisins et des partenaires très proches dans cette région», signalant que «nos forces armées coopèrent étroitement, se mobilisant ensemble pour renforcer la sécurité maritime régionale». Gillian Bird signale que «les actions de la Russie renforcent la détermination de l’Australie à travailler avec nos partenaires pour défendre l’ordre international fondé sur des règles partout où il est menacé, notamment dans notre région, l’Indo-Pacifique, où les défis se multiplient», ciblant la Chine. Elle précise d'ailleurs: «En mer de Chine méridionale, nous observons la militarisation d’îles artificielles et des actions de provocation visant à faire progresser des revendications maritimes contestées».
Les soudaines interventions respectives de Gillian Bird et de Marise Payne envers la France montrent la réalité plus prégnante d'une nouvelle géopolitique dans la zone pacifique. Gillian Bird souligne que «le gouvernement australien souhaite renforcer la coopération avec la France dans une variété de domaines, notamment les minéraux critiques».
Aussi, la France pourrait faire jouer de nouvelles cartes qui se tendent à elle et relever le défis AUKUS au moment où l’Australie se met à genoux devant elle.
Philippe Rosenthal
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