12.05.2023
Contre-offensive, report, attaquera, n’attaquera pas, activisme ou du sérieux? Les atlantistes et les responsables ukrainiens ne cessent de le crier à qui veut les entendre.
Une offensive équivoque face à une défense redoutable. Le président Volodymyr Zelensky, dans une interview accordée à la publication finlandaise a annoncé «qu’il était confiant dans son succès et serait en mesure de capturer la Crimée». Son ministre de la Défense, Olexiï Reznikov, a affirmé que l’armée ukrainienne était prête à lancer une contre-offensive et n’attendait que les ordres.
À ce jeu «du chat et de la souris», on a l’impression que l’on veut faire renaître la tactique d’Hitler pour envahir la France en mai 1940 qui a entrainé la débâcle de l’armée française. C’était suite au piège tendu par l’État-major allemand qui avait choisi, pour envahir la France, la direction la plus inattendue à savoir le massif des Ardennes en direction de la Meuse (par Sedan, Givet et Dinan), région insuffisamment défendue par les Français!
Le 15 mai, le pays est occupé ce qui a fait dire au président du Conseil Paul Reynaud à Churchill: «La contre-attaque menée contre les Allemands à Sedan a échoué. La route de Paris est ouverte. La bataille est perdue». Paris tomba sans combat le 14 juin. L’Ukraine des atlantistes veut-elle adopter la même tactique et ruse d’Hitler? Cependant, la différence fondamentale est qu’Hitler, pour son offensive, avait des objectifs, les moyens, des dirigeants compétents, en défendant un seul pays qui est le sien, face à une défense française médiocre.
Ce qui n’est pas le cas de la Russie qui est en position solidement défensive! La grosse différence est que l’armée russe possède des moyens puissants (artillerie, blindés, avions d’attaque, missiles, drones, satellites d’observation…) que ne possèdent pas les atlantistes sur le théâtre des combats. C’est donc bien une «offensive» que préparent les atlantistes et non une «contre-offensive»! Selon Poutine, la Russie dispose d’armes hypersoniques, qu’elle «n’utilise pas réellement en Ukraine» ainsi que «d’autres systèmes modernes».
Les Russes, en plus, semblent bien préparés, puisqu’ils le déclarent en précisant qu’ils «surveillent» attentivement tout en se permettant d’attaquer à distance, les centres de commandement, de détruire les «arrières» et les sources d’approvisionnement ainsi que les concentrations des troupes armées en carence déjà de munitions et d’expérience.
Une offensive sur plusieurs fronts ne semble pas envisageable au vu des moyens possibles à engager, mais l’on spécule sur la récupération de la Crimée, au regard de la déclaration de Victoria Nuland qui a qualifié les installations militaires en Crimée de «cibles légitimes» et des politiciens ukrainiens qui ne cessent d’aviser, constamment, qu’ils remettront la Crimée sous leur contrôle lors de cette offensive annoncée.
La Crimée, enjeux pour la mer Noire. C’est là où se trouve l’enjeu principal, la mer Noire, objet de toutes les convoitises, source de tension de longue date entre la Russie et l’Otan. Une mer que nomme le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, pour en faire «une mer de l’Otan démilitarisée». Chose que balai d’un revers de la main Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe, en affirmant qu’elle appartient à tous les états côtiers d’une part et que les concepts même «Otan et démilitarisée» s’excluent mutuellement d’autre part. Une Crimée que Moscou considère comme sienne et stratégique par l’importante base qu’elle abrite à Sébastopol.
Cette «contre-offensive» planifiée par les autorités otano-ukrainiennes recèle toutefois de grands risques. L’attaque éventuelle nécessite plus de troupes et d’armement que les Russes, en plus d’une organisation assez élaborée pour gérer la suite si l’Otan prétend gagner la bataille, mais avec aussi le risque de se voir piégée dans un chaudron effroyable! A ce sujet, le chef de la République de Crimée, Sergueï Aksionov, a averti que les tentatives de restitution de la péninsule par la force des armes ne «feraient qu’entraîner la perte de nouveaux territoires et la vie de milliers de militaires Ukrainiens».
Pour le président du parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov «la botte d’un nazi ukrainien ne mettra jamais le pied sur le sol de Crimée, alors laissez-les continuer à remplir les ondes de toutes sortes de déclarations, crépitant et vides comme un tambour». Une offensive vers la Crimée ne sera donc pas une mince affaire! L’un des deux s’effondrera avec la forte probabilité que ce sera l’Europe et l’Otan, mais sans trop de dommages sur Etats-Unis, il faut le préciser ! Ils sont trop pragmatiques et égoïstes pour prendre officiellement de tels risques. Ils sont assez malins pour charger les autres d’exécuter leurs sales missions et assez manipulateurs pour convaincre les imbéciles et les cupides d’aller se faire tuer suivant le sentence «prête-moi ton fils pour mourir à la place du mien». Mis à part les Ukrainiens dont on a fait anéantir l’armée régulière expérimentée, détruire les infrastructures, perdre des territoires, il faut voir les milliers de mercenaires occidentaux tués (surtout des Polonais). Les Etats-Unis réussissent bien dans ce genre d’entreprise!
Les atlantistes connaissent parfaitement la situation en Ukraine et sur le front; ils sont bien renseignés et convaincus des puissantes capacités de la Russie et de son armée ainsi que ses soutiens dans le monde; ils pressentent les limites et l’issue des combats. Cependant leur engagement éperdu, arrogant et sans réflexion dans cette confrontation avec la puissante Russie, en vue de la réduire, les paralyse à un point où continuer serait destructeur pour eux et y mettre fin serait un échec cuisant, humiliant militairement, politiquement, économiquement, financièrement, socialement et diplomatiquement. Ils se retrouvent donc dans une situation kafkaïenne où comme disent les Maghrébins «très chaude d’un côté et brulante de l’autre».
La seule chance, perdue, qui permettait d’éviter cette situation était les accords de Minsk que les atlantistes avaient bafoué par tromperie (voir les déclarations de A. Merkel, F. Hollande et B. Johnson).
Amar Djerrad, journaliste et analyste algérien
Source du texte intégral: https://www.mondialisation.ca/la-contre-offensive-otano-kevienne-entre-le-mal-et-le-mal-en-pis/5677633
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