15.06.2023
Ramstein s'apprête à lancer une "coalition aérienne" pour l'Ukraine.
Lors de la prochaine réunion de Ramstein jeudi, la question clé sera la création d'une "coalition aérienne", a annoncé le ministre de la Défense ukrainien Oleksiï Reznikov. Selon lui, les partenaires discuteront de la formation des pilotes et techniciens ukrainiens. Les médias de Kiev ont admis la possibilité de livraisons depuis les États-Unis de chasseurs F-15C/D retirés du service et d'avions d'attaque A-10. Les experts sont convaincus qu'il ne sera pas question d'avions au début, mais plutôt de convaincre des pilotes étrangers de prendre leurs commandes.
À la veille de la prochaine réunion au format Ramstein à la base aérienne américaine du même nom en Allemagne, le ministre de la Défense ukrainien Reznikov s'est traditionnellement entretenu par téléphone avec son homologue américain Lloyd Austin. Au cours de la conversation, la situation sur le front ainsi que les besoins urgents des forces armées ukrainiennes ont été discutés, a écrit Reznikov sur Twitter.
Et d'ajouter: "Nos forces de défense obtiennent de grands résultats sur le champ de bataille. Avec l'aide des États-Unis et d'autres membres de la coalition, elles iront jusqu'au bout et continueront de se transformer en l'une des armées les plus fortes du monde."
Notons que la réunion prévue jeudi à Ramstein sur l'assistance militaire à l'Ukraine se déroulera alors que Kiev a déjà annoncé le début d'une contre-offensive des forces armées ukrainiennes. En outre, selon Reznikov, la question principale pour les participants à la réunion sera la création d'une "coalition aérienne" pour l'Ukraine. À cet égard, il est prévu que les partenaires discutent également de la formation des pilotes, ingénieurs et techniciens ukrainiens, a précisé le ministre de la Défense.
Il est à noter que jusqu'à présent, Kiev parlait généralement de "coalition de chasseurs", mais maintenant il est passé à une définition plus large. Il est possible que cela soit également lié aux espoirs des dirigeants locaux d'avoir la possibilité de recevoir des États-Unis non seulement des chasseurs F-15C/D retirés du service, mais aussi des avions d'attaque A-10. Les médias de Kiev ont déjà laissé entendre cette possibilité.
Comme le rapporte House Armed Service, la commission de l'aviation tactique et des forces terrestres du Comité des forces armées de la Chambre des représentants a autorisé l'US Air Force à retirer du service une partie des avions d'attaque A-10 Thunderbolt II et des chasseurs de quatrième génération F-15C/D Eagle.
Selon le plan approuvé, l'armée de l'air américaine devra réduire la flotte d'A-10 Thunderbolt II de 42 avions au cours de l'année financière 2024, en plus des 21 avions en 2023. Le vote final pour les amendements correspondants est prévu pour le 23 juin 2023. De plus, l'US Air Force pourra retirer du service 57 chasseurs de quatrième génération F-15C/D Eagle. Certains avions sont en service depuis quatre décennies et ont épuisé leur ressource.
En même temps, les journalistes ukrainiens ont cité l'analyste militaire britannique Sean Bell, qui a déclaré dans une interview à Sky News que l'un des facteurs les plus importants pouvant influencer la contre-offensive des forces armées ukrainiennes était l'aviation russe. Ces derniers mois, elle est restée passive et "démonstrativement absente", mais aujourd'hui, elle s'est activée pour devenir un obstacle majeur à l'offensive de l'Ukraine. On sait que les armées occidentales, avant de commencer une opération terrestre, s'assuraient toujours une supériorité dans les airs. Mais Kiev n'a pas cette possibilité, c'est pourquoi les unités des forces armées ukrainiennes essaient de percer dans les zones couvertes par la défense aérienne ukrainienne. "C'est une mission très complexe qui comporte des risques", a noté Bell.
Dans ce contexte, faut-il s'attendre à ce que les participants à la réunion de Ramstein prennent des décisions pratiques sur la formation d'une "coalition aérienne"? Et est-ce que Washington, qui s'était auparavant abstenu de faire un tel pas, fournira les avions mentionnés à Kiev?
L'essentiel n'est même pas de savoir si ces avions seront remis à Kiev, mais si les partenaires occidentaux pourront négocier avec des pilotes étrangers qui accepteraient de voler à leurs commandes. Alors que le nombre de pilotes et de techniciens ukrainiens, y compris sur les bases aériennes dans les régions occidentales de l'Ukraine, a diminué. Et il est pratiquement impossible de former rapidement ceux qui restent au pilotage des avions modernes pour effectuer toutes les opérations de combat. Par conséquent, des négociations sont en cours pour trouver ceux qui seraient prêts, par exemple, à piloter les avions d'attaque A-10 à la ligne de front, où ils seront attendus par la défense aérienne russe. En fin de compte, il est possible que les sommes demandées augmentent jusqu'à 10.000 dollars par vol. En même temps, des chasseurs sont nécessaires pour lancer des missiles longue portée franco-britanniques Storm Shadow avec une portée de plus de 500 km et leurs analogues tels que les Taurus allemands, car les anciens avions soviétiques qui étaient auparavant utilisés à cet effet ont été en grande partie détruits par l'armée russe.
Il est dans l'intérêt des États-Unis que les pays européens épuisent leurs stocks de missiles longue portée dans le conflit ukrainien, dont leur propre production a déjà cessé là-bas. Ils seront ensuite obligés d'acheter des équivalents américains plus chers. Alors que le missile Storm Shadow coûte environ 2 millions de dollars. Dans ces conditions, les propos selon lesquels, en cas d'échec de la contre-offensive des forces armées ukrainiennes, l'aide militaire à Kiev cesserait, ne correspondent pas à la réalité.
Ainsi, si des livraisons d'avions sont annoncées à Ramstein, cela signifie qu'un accord a également été passé concernant les pilotes. Pour l'instant, il est important pour ses participants de maintenir l'aide militaire à Kiev et de convenir de nouvelles livraisons de matériel blindé et de munitions. Pour cela, entre autres, il est probable qu'ils ouvrent aussi les entrepôts américains en Europe, où un grand nombre d'anciennes munitions sont également stockées.
Alexandre Lemoine
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