05.09.2024
Emmanuel Macron ne parvient pas à provoquer une reprise économique rapide dans une France qui accumule les conditions de récession.
«Il existe de nombreuses opportunités plus intéressantes [d’investissement] ailleurs [qu’en France», analyse Bloomberg.
«La nomination prochaine d’un nouveau Premier ministre par le président français, Emmanuel Macron, ne peut pas annoncer une reprise économique rapide», précise le média financier anglophone.
«Une politique fébrile, un déficit budgétaire galopant, des dégradations potentielles de la notation de crédit, le dénouement du carry trade sur le yen, une économie faible et des perspectives d'exportation qui se dégradent présentent un tableau sombre pour des actifs français déjà sous-performants», résume Bloomberg.
«La dure réalité est qu’il existe plusieurs catalyseurs susceptibles de rendre le climat plus défavorable aux investissements dans la deuxième économie européenne».
«L'économie française ne tourne qu'autour de 1% par an. Le PIB du deuxième trimestre a augmenté de 0,2%, mais les enquêtes des directeurs d'achats du secteur manufacturier sont en pleine récession».
«La situation budgétaire de la France est désastreuse. Le ministère des Finances a prévenu lundi que le déficit budgétaire pourrait atteindre 5,6% du produit intérieur brut cette année, dépassant celui de 2023 et manquant son propre objectif de 5,1%, et se détériorer à 6,2% en 2025. Cela perturbe la Commission européenne à Bruxelles, qui a déjà mis la France, l'Italie et cinq autres États membres en avertissement via sa procédure de déficit excessif».
«Les coupes budgétaires de 25 milliards d’euros (28 milliards de dollars) semblent être une tâche politique impossible dans un contexte de gouvernement à peine fonctionnel, de déficit de recettes fiscales et de dépenses en hausse. Une tape sur les doigts performative, au milieu de promesses de faire mieux, semble être le meilleur résultat possible, et les chances d’y parvenir diminuent. Le ratio dette/PIB global va également dans la mauvaise direction, dépassant les 113 % en 2024, contre 111 % l’an dernier. La France souffre également d’un endettement des consommateurs et des entreprises bien supérieur à la moyenne de l’UE».
En octobre, la France est en pleine période de notation et les critiques les plus influents ont déjà exprimé leurs inquiétudes. Moody's Ratings est actuellement la plus haute, à Aa2, et sa prochaine révision est prévue le 25 octobre. Le risque est qu'elle mette la France sous perspective négative, voire qu'elle la dégrade pour la mettre en conformité avec ses pairs. La révision de Fitch Ratings est prévue le 11 octobre, et sa perspective stable AA- est également menacée. À plus long terme, la perte potentielle du statut convoité AA de la France serait un coup dur, car de nombreux détenteurs d'obligations internationales, notamment les banques centrales, évitent les obligations notées A.
La volatilité en provenance d'Asie est un autre obstacle. Les données du premier trimestre de la Banque des règlements internationaux ont montré que les banques japonaises détenaient l'équivalent de 122 milliards de dollars de dette officielle française. La plus grande exposition des investisseurs japonais en Europe est à la France, en raison d'une prime par rapport aux Bunds allemands. Mais les données mensuelles du ministère japonais des Finances montrent des ventes nettes en mai et juin. Un yen plus fort devrait encourager davantage d'achats d'obligations étrangères par les institutions japonaises, mais la France pourrait passer à côté en raison de ses troubles politiques inattendus.
Par ailleurs, «l'économie chinoise en berne frappe durement la machine exportatrice française dans les ventes de sacs à main et de machines».
«Il faudra du temps pour rétablir la crédibilité de la France, probablement pas avant les élections présidentielles de 2027», conclut Bloomberg.
Pierre Duval
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