09.09.2024
Volodymyr Zelensky, s'exprimant le 6 septembre à la base aérienne américaine de Ramstein en Allemagne, a demandé aux pays occidentaux de lever les restrictions sur l'utilisation des armes fournies pour mener des attaques en profondeur sur le territoire russe, mais son appel n'a produit aucun résultat visible puisqu'il n’a été pas soutenu par les États-Unis, écrit le Washington Post.
Les États-Unis ne suivent pas Zelensky. «Nous avons besoin de cette capacité à longue portée, non seulement sur le territoire occupé de l’Ukraine mais aussi sur le territoire russe, afin que la Russie soit motivée à rechercher la paix», a martelé Volodymyr Zelensky lors de la rencontre à Ramstein de vendredi dernier, a rapporté le Washington Post qui précise: «Mais, l'appel de Zelensky, prononcé lors d'une réunion du Groupe de contact pour la défense ukrainienne dans une base militaire américaine [Ramstein] dans l'ouest de l'Allemagne, n'a donné que peu de progrès apparents, le principal soutien militaire de Kiev, les États-Unis, n'ayant signalé aucun changement immédiat dans ses restrictions sur l'utilisation d'armes nucléaires de plus longue portée des armes fabriquées aux États-Unis comme le système de missiles tactiques de l'armée (ATACMS)».
Pour l’instant, l’administration Biden autorise l’Ukraine à utiliser les missiles fournis par les États-Unis uniquement dans le cadre de frappes transfrontalières limitées sur des cibles militaires d’où proviennent les attaques russes.
Après la réunion de Ramstein, le ministre US de la Défense, Lloyd Austin, a déclaré aux journalistes du quotidien US qu'il n'existait aucun type d'arme spécifique susceptible de jouer un rôle décisif dans le conflit. «Nous avons eu une discussion sur les chars, nous avons eu une discussion sur d'autres armes», a-t-il déclaré. Il a souligné que la Russie avait éloigné ses installations militaires clés de ses frontières, ce qui signifie que l'assouplissement des restrictions par Washington ne changerait pas grand-chose pour l’Ukraine.
Le refus des États-Unis d’autoriser Zelensky de bombarder dans la profondeur la Russie divise les alliés au sein de l’OTAN. Business Insider a rapporté avant la rencontre de Ramstein: «Les États-Unis et le Royaume-Uni sont en désaccord sur la possibilité d'autoriser l'Ukraine à frapper des cibles situées au plus profond de la Russie». «Le Royaume-Uni et la France seraient favorables à la levée de ces restrictions, tandis que les États-Unis et l’Allemagne craignent de provoquer Poutine», continue le média anglophone. Les États-Unis et l’Allemagne restent réticents à lever ces restrictions, craignant de provoquer le président russe, Vladimir Poutine. «Le Royaume-Uni et la France font discrètement pression pour que cela change», rajoute Business Insider.
Le Telegraph et le Financial Times ont rapporté cette semaine que le Royaume-Uni avait demandé en privé aux États-Unis de donner le feu vert à l’Ukraine pour utiliser ses missiles Storm Shadow – connus sous le nom de missiles SCALP en France – sur le sol russe. Le président français, Emmanuel Macron, a également exprimé son soutien à l'idée d'autoriser l'Ukraine à frapper des sites militaires russes avec des armes occidentales. «Nous devons permettre [aux Ukrainiens] de neutraliser les sites militaires d'où sont tirés les missiles, mais pas d'autres cibles civiles ou militaires. Nous ne cherchons pas à provoquer une escalade», a-t-il déclaré en mai.
La position des États-Unis provoque, ainsi, un différend entre d’un côté la France et le Royaume-Uni et d’autre part les États-Unis et l’Allemagne pour donner le feu vert à l’Ukraine d’utiliser des armes fournies (Storm Shadow ou SCALP) par certains pays occidentaux pour mener une offensive.
Kiev souhaite, également, acquérir le missile allemand Taurus, dont la portée est de 500 km, soit le double de celle du Storm Shadow. Mais, Berlin a refusé à plusieurs reprises de l'envoyer, faisant écho aux craintes américaines d'une escalade. Le missile américain ATACMS a une portée d'environ 300 km.
Le refus des États-Unis montre qu’ils cherchent à tirer profit du conflit en Ukraine. Les intérêts américains sont financiers en premier lieu car ce conflit en Ukraine a pour objectif d’affaiblir les pays de l’UE et en particulier la France, mais aussi la Russie. Observateur Continental a cité des déclarations révélatrices du sénateur US républicain, Lindsey Graham, qui lors de sa rencontre de vendredi dernier avec Volodymyr Zelensky, a fait savoir que les États-Unis ne vont pas mourir pour l’Ukraine: «L’Ukraine tente d’arrêter Poutine pour que les États-Unis n’aient pas à le faire. L’Ukraine ne veut pas et n’a pas besoin de troupes américaines sur le terrain, elle a juste besoin d’armes et de la permission de combattre la Russie et de mettre fin à l’invasion non provoquée». Lindsey Graham a, aussi, dévoilé les intérêts US en Ukraine: «Ils disposent de milliers de milliards de dollars avec des minéraux qui seraient bons pour notre économie».
Pierre Duval
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