12.09.2024
Après qu'Emmanuel Macron ait été élu président de la République française, il a tenté de catalyser le chauvinisme des Français en restaurant l'atavisme de la grandeur de la Grande Nation, une doctrine qui combinerait le culte de l'indépendance économique, politique et militaire de la France avec la consolidation de la mission de la Nation et de la culture française dans le monde.
Pour ce faire, il a procédé à la mise en place d'un pouvoir de type présidentiel qui a transformé ses conseillers en une véritable clique de pouvoir officieux (à l'image du Parti gaulliste, mouvement qui couvrait un spectre très large allant du centre-gauche à l'extrême droite dont ses dirigeants étaient des courroies de transmission subordonnées à la direction gaulliste).
Échec de la politique étrangère française sous l'égide de la francophonie en tant qu'entité économique et politique amalgamée par la langue française, la France a progressivement remplacé le colonialisme paternaliste gaulliste traditionnel par celui d'un néocolonialisme sous le titre de «garant des droits de l'homme». Cependant, avec Macron, nous assistons à la fin de la Françafrique en tant qu'entité politique et économique après les grossièretés reçues dans divers pays africains et ce qui serait un paradigme des déclarations du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, accusant la France d'exercer un «néocolonialisme paternaliste». Ainsi, au lieu de mettre en place une relation gagnant-gagnant entre la métropole et ses anciennes colonies, les gouvernements français successifs auraient traité les territoires d’outre-mer comme des colonies et non comme des territoires à représentation parlementaire.
D'autre part, le conflit ukrainien a révélé l'inquiétante servilité des pays occidentaux aux diktats des États-Unis qui s'est traduite par la perte du pouvoir de décision des institutions européennes et leur totale subordination aux diktats géopolitiques des États-Unis, laissant la France comme puissance hors de propos dans la nouvelle cartographie géopolitique de la Guerre froide 2.0.
Le despotisme éclairé de Macron. La pensée de Macron se caractérise par l'ignorance des raisons contraires. Il ne collecte que des données ou des signes qui confirment ses préjugés. De même, Macron serait affecté par le soi-disant «symptome de l’hubris» cité par le médecin et homme politique anglais David Owen dans son ouvrage Le syndrome de l'hubris: Bush, Blair et l'ivresse du pouvoir. Ce terme vient du mot grec «hybris» qui signifie excès et aurait son paradigme dans les ordres donnés à la police française d'apaiser au plus vite l'agitation populaire contre la réforme de l'âge minimum de la retraite. Ainsi, Macron a utilisé l'article 49.3 de la Constitution qui permet qu'une loi soit approuvée sans être votée par les députés pour approuver la réforme de l'âge minimum de la retraite, passant de 62 ans actuellement à 64 ans à l'horizon 2030, ce qui a envoyé un missile dans la ligne de flottaison de l'idiosyncrasie française dont l'imaginaire collectif aurait intériorisé leur droit à une retraite anticipée en récompense de leur effort de travail.
De même, après la défaite aux élections européennes, Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation d'élections anticipées. Cependant, bien que le bloc de gauche (NPF) ait remporté le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale, Macron a contourné la candidate du NFP, Lucie Castets, et a nommé le centre-droit Michel Barnier comme candidat au poste de Premier ministre, une décision qui a déclenché les protestations de 110.000 à 300.000 personnes dans toute la France contre la décision absolutiste de Macron, laissant la nomination de Barnier entre les mains de l'extrême droite de Le Pen.
Du nouveau Mai 68? L'entrée prévisible de l'économie française en récession en 2025 entraînera une perte du pouvoir d'achat des travailleurs en raison d'une inflation galopante et l'appauvrissement généralisé des classes moyennes pourrait aggraver la fracture sociale du pays. Ainsi, de larges pans de la population (notamment les «sans-abri», les «sans-papiers» et les déshérités des banlieues) seront contraints de dépendre exclusivement de la charité, diluant ainsi les effets bénéfiques des mesures sociales classiques (réduction des impôts, augmentation en matière d'allocations de chômage et de discrimination positive en matière de placement et de droit de vote des immigrés aux élections locales) en raison de la dure réalité économique.
Tout cela provoquera la radicalisation des syndicats de classe (CGT, CFDT et FO) qui entraînera de fréquents déclenchements de conflits du travail et qui connaîtront leur baptême du feu dans une éventuelle grève générale à l'automne qui sera convoquée par les syndicats et l'émergence de groupes antisystème qui pourraient diriger à distance les révoltes étudiantes ultérieures dans le but avoué de rééditer Mai 68. Si les protestations s'arrêtent dans le pays, nous pourrions assister à la tenue d'un référendum qui serait un plébiscite sur la politique de Macron, avec un résultat négatif (non exclu) qui obligerait Macron à convoquer des élections présidentielles anticipées. Marine Le Pen pourrait sortir victorieuse de ces élections après avoir absorbé les décombres des partis de centre-droit, condamnant incidemment à l'ostracisme un Macron qui tentait de mettre en œuvre un despotisme éclairé consistant en «Tout pour le peuple, rien par le peuple».
Germán Gorraiz López, analyste politique
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