Antony Drumel, diplômé d’école de commerce et ancien cadre d’entreprise, a vécu 6 ans en Chine où il a appris les rouages de la mondialisation. Depuis il participe aux activités éditoriales de la maison d’édition « Le Retour Aux Sources ». https://www.leretourauxsources.com/. Sa spécialité est de publier des textes d’auteurs non conformistes sur des thématiques d’actualité dont l’économie politique, la géopolitique, l’Histoire et la philosophie.
Observateur Continental: Vous êtes un éditeur atypique ? Un expert de la Chine qui s'intéresse au Venezuela !
Antony Drumel : Je m’intéresse à tous les modèles de sociétés et à toutes les expressions « sensibles » des peuples de la planète, une des armes anthropologiques contre la tentative d’uniformisation du mondialisme…
O.C.: Maduro un dictateur, un menteur, un incapable... ?
Antony Drumel : Nicolas Maduro fait face au principe de réalité pour perdurer le modèle « chaviste ». Il faut reconnaître à Nicolas Maduro un calme et une détermination qui force l’admiration. Comme Vladimir Poutine, Le président Vénézuélien doit d’abord éviter de surréagir aux provocations afin de ne pas commettre l’erreur qui servirait d’alibi à la communauté internationale pour justifier une éventuelle intervention au sol.
O.C.: … sur la crise traversée par le pays ?
Antony Drumel : De ce que j’y ai vu, seules les conséquences de l’embargo posent vraiment problème… Evidemment, certaines disparités internes héritées de l’époque Chavez existent mais il faut comprendre qu’elles étaient inhérentes à la mise en place du modèle de société institué par Hugo Chavez. Le problème étant qu’il n’a pas pu finir le travail ! et entre temps ? La communauté internationale est revenue à la charge, bloquant toutes les tentatives du nouveau gouvernement. Aujourd’hui, le Venezuela est puni pour son insoumission et son refus de s’adosser au modèle de société imposé par le monde occidental.
O.C.: … sur Juan Guaidó ?
Antony Drumel : En vérité, on m’en a très peu parlé au Venezuela, et je ne crois pas que c’était par crainte. Les gens sont affairé et continuent à soutenir la « révolution bolivarienne » … Mais il est clairement soutenu par les classes moyennes/supérieures urbanisées. Dès que vous sortez des beaux quartiers de Caracas, la « province » vénézuélienne soutien massivement son président.
O.C.: La réalité du pays correspond-t-elle à celle décrite dans nos médias ?
Antony Drumel : Non, en rien. La situation au Venezuela est assez chaotique. Les contrôles routiers y sont nombreux, le marché au noir et les conséquences de l’embargo sur l’approvisionnement en produits de premières nécessités demande un effort d’adaptation quotidien et la délinquance est réelle (principalement à Caracas), les infrastructures y sont considérablement détériorées mais, et cela peut vous surprendre, l’ambiance n’y est pas si mauvaise !
O.C.: La coupure de courant une attaque cybernétique ?
Antony Drumel : Difficile à dire ? Vous admettrez avec moi que le timing est parfait ! Les témoignages que je reçois régulièrement (entre chaque coupure d’électricité) du Venezuela m’incitent à le penser.
O.C.: Le Venezuela subit une attaque de « regime change » ?
Antony Drumel : Tous les observateurs s’accordent sur ce point. Mais en contexte, cela paraît hautement improbable. En France le mouvement des Gilets jaunes ne fédère pas des millions de personnes mais il dure dans le temps et surtout, Emmanuel Macron ne bénéficie pas du soutien de sa population… Au Venezuela, la situation est un peu inversée. La majeure partie de la population soutien son Maduro.
O.C.: Comment voyez-vous l'avenir du Pays ?
Tant que l’équilibre de la terreur est maintenu entre les pays non-alignés soutiens du Venezuela (Russie, Iran, Chine) et ses assaillants : le camp occidental (l’axe Washington – Paris – Tel-Aviv) au niveau international et tant que l’armée soutiendra Nicolas Maduro au niveau local, le pays se maintiendra bon an, mal an… La population vénézuélienne risque d’être poussée à bout pour déclencher un début de guerre civile, qui permettrait, encore une fois… de justifier une intervention de la communauté internationale ! Le scénario se répète. Je dirais que comme en Syrie, l’avenir du Venezuela est – en partie – dans les mains de la diplomatie russe.