«La justice n'est pas rendue, la vérité est cachée» accuse l'ONU dans un courrier adressé au gouvernement français par le biais de la rapporteure spéciale de l'ONU, Agnès Callamard, qui déplore les transferts des djihadistes en Irak où la peine capitale les attend.
«Le transfert de djihadistes français est extrêmement grave. Il a donné lieu à plusieurs violations du droit international», s'indigne la rapporteure de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires auprès du Figaro. Agnès Callamard dénonce le transfert effectué fin janvier de treize djihadistes français du Kurdistan syrien en Irak où ils ont été condamnés à mort et parle dans son courrier «des personnes qui étaient détenues en Syrie, impliquées d'une façon ou d'une autre dans des actes de Daech» et qui «ont été extradées en Irak où elles encourent la peine de mort grâce au soutien actif ou passif des autorités françaises». «Dans cette lettre, j'explique en quoi ces allégations pourraient démontrer des violations commises par la France, comme les privations du droit à la vie ou à un procès équitable» déclare la rapporteuse spéciale de l'ONU. Agnès Callamard dénonce la France car cela «présente des faits étudiés et analysés à propos d’actions françaises susceptibles d’avoir bafoué les droits de l’homme et les conventions internationales». Agnès Callamard s'est entretenue avec des djihadistes français détenus en Irak avant de lancer cette démarche.
Dans une conférence de presse donnée le 12 août suite à la publication des déclarations d'Agnès Callamard, le gouvernement français répond que «les allégations formulées par Mme Agnès Callamard ne reposent sur aucun échange préalable avec les autorités françaises, comme le prévoient pourtant les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Elles ne sont nullement étayées, relèvent de la pure spéculation et n’engagent qu’elle. En effet, les rapporteurs spéciaux, mis en place par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, sont des experts indépendants. Ils s’expriment en leur seul nom et leurs commentaires n’engagent pas les Nations Unies».
Le porte-parole adjoint du quai d'Orsay rappelle la ligne officielle : «Les ressortissants français adultes, hommes et femmes, ayant rejoint Daech pour combattre au Levant [...] doivent être jugés au plus près des lieux où ils ont commis leurs crimes. Les autorités irakiennes savent que la France est opposée, en tous lieux et en toutes circonstances, à la peine de mort, et qu'elle demande à ce que les sentences de mort ne soient pas appliquées.»
À l'annonce de la condamnation à mort des djihadistes français dès le mois de juin dernier par la justice irakienne, quarante-cinq avocats français ont dénoncé la complicité de l'Etat français en targuant que la peine capitale ne peut être justifiée quelle que soit l'horreur des crimes commis.