Emmanuel Macron a refusé deux fois de suite, en juillet et en octobre dernier, l'ouverture de négociations en vue d’une adhésion à l’UE de la Macédoine du Nord et de l’Albanie. Ce mercredi, l’exécutif européen va présenter un projet de réforme. De nombreuses voix se sont élevées au sein des institutions pour dénoncer la position de la France, allant même à dire qu'il s'agit «d'une erreur historique».
La Commission européenne va proposer la modification à la procédure d'adhésion de nouveaux pays à l'Union européenne afin de rendre le processus plus politique dans le but de caresser dans le sens du poil la France qui a bloqué en octobre dernier l'élargissement de l'UE à six pays des Balkans. «Macron veut être considéré comme le faiseur de roi et on peut arranger ça parce que la crédibilité de l’UE est en jeu», a dit un responsable européen impliqué dans ce projet de réforme. C’est politique et c’est personnel donc n’en faisons pas un drame.
Le président français a alors rallié le camp de ceux qui jugent au sein de l'UE que l'élargissement à des pays encore vulnérables au crime et à la corruption, comme avec la Roumanie en 2007 et à la Bulgarie, a été trop rapide et qu'une certaine prudence est nécessaire.
Selon Jean-Claude Juncker, l’ancien président de la Commission européenne et d'autres pays de l'UE comme l'Italie, la France a réalisé un faux pas qui est en fait une erreur historique car cela a incité les pays des Balkans à se détourner de l'UE au profit de la Chine et de la Russie. David Sassoli, le président du Parlement européen, a déclaré ce lundi 3 février qu'il n'y a pas de plan B pour l'Albanie. Lors d’un discours tenu à Tirana, celui-ci, a déclaré que «nous poursuivrons ensemble le voyage que vous avez entrepris car ce pays peut être un exemple dans cette région».
La Commission espère désormais convaincre la France, qui se dit favorable au principe de l’élargissement aux Balkans à long terme, de lever ses objections avant un sommet UE-Balkans en mai à Zagreb.
Paris a soumis en novembre une proposition de réforme qui donnerait davantage de poids aux chefs d’État et de gouvernement des États membres dans l’élargissement de l'UE.
Pour répondre à cette demande, la Commission devrait proposer mercredi 5 février 2020 des changements qui laisseront aux États membres la possibilité d’interrompre une procédure d’adhésion voire de contraindre un pays candidat à reprendre à zéro les négociations sur certains chapitres politiques en cas de manquements constatés de sa part. Des sommets supplémentaires seraient organisés dans la région des Balkans pour permettre aux responsables politiques de peser davantage dans le processus.
Cette réforme de la procédure d’adhésion doit être approuvée à l’unanimité des Vingt-Sept et il n’est pas certain, selon un diplomate européen, que la France l’acceptera en l'état. Ce même diplomate a déclaré qu' avec Macron, nous avons 60 % de chances de succès. À Paris, des responsables français ont dit ne pas avoir encore vu les propositions de la Commission mais avoir discuté avec, Oliver Varlhely, le commissaire à l’Élargissement
Mais il va aussi falloir obtenir l'accord d'autres pays comme les Pays-bas et le Danemark, qui ont aussi refusé en octobre dernier de poursuivre l’élargissement. Selon les responsables européens, il faut surtout convaincre Emmanuel Macron car ni les Néerlandais ni les Danois ne bloqueraient la procédure d'élargissement à eux seuls sans le président français.