La justice se trouve divisée sur la nomination du nouveau ministre de la Justice car elle craint des remontées d'informations sur des affaires en cours qui, en particulier, sont susceptibles de concerner son ancien cabinet.
Céline Parisot, la présidente de l'Union syndicale des magistrats, l'USM, syndicat majoritaire chez les magistrats, a affirmé au sujet de la nomination du pénaliste Eric Dupond-Moretti ce lundi au poste de garde des Sceaux que «nommer une personnalité aussi clivante et qui méprise à ce point les magistrats, c'est une déclaration de guerre à la magistrature» en rajoutant que c'est une «déclaration de guerre à la magistrature».
Elle a dénoncé la position du nouveau ministre: «Eric Dupond-Moretti semble détester les magistrats qu'il ne se prive pas d'insulter régulièrement, il souhaite la suppression de l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), la scission du corps (siège/parquet), soit tout l'inverse de ce que porte l'USM»; «Il est également plaignant à titre personnel dans plusieurs affaires et va gérer la carrière des magistrats du parquet?». Céline Parisot s'inquiète: «Quel est le message quand en plus le ministre de la Justice se trouve relégué aussi loin dans l'ordre protocolaire (en 10e position, ndlr)? Le mépris le plus total pour la Justice».
Classé à gauche, le Syndicat de la magistrature (SM) s'est lui dit «interpellé par (le) signal» de la nomination de l'avocat pénaliste. Lucille Rouet, secrétaire nationale du SM, a expliqué à l'AFP qu'«on s'interroge un peu par rapport à ses dernières déclarations sur le parquet national financier (PNF) et sur certains magistrats».
Eric Dupond-Moretti avait fin juin qualifié de «méthodes de barbouzes» les investigations du PNF, qui ont épluché ses factures téléphoniques détaillées, comme celles de plusieurs autres avocats afin de pouvoir identifier la «taupe» qui aurait pu informer Nicolas Sarkozy qu'il était sur écoute. Lucille Rouet a rajouté que le SM sera «très vigilant sur la place des institutions et l'attention à la magistrature».
Avocat de Julian Assange, Éric Dupond-Moretti a également expliqué en février dernier vouloir rencontrer Emmanuel Macron pour obtenir l'asile politique en France au fondateur de WikiLeaks.