La crise du Covid a provoqué un creusement abyssal du déficit de la Sécurité sociale à 44,4 milliards, un record. Selon Frédéric Bizard, économiste de la santé et professeur à l'ESCP «les nouvelles dépenses engagées par le gouvernement pèseront durablement sur la Sécurité sociale».
Pour Frédéric Bizard «l’explosion du déficit était inévitable» et «les dépenses de l’assurance-maladie, qui ont certes augmenté avec l’achat de masques, l’augmentation des dépenses hospitalières et celle des indemnités journalières, n’en sont pas la principale cause». Il indique que «le problème vient en premier lieu de la chute drastique des recettes, due à la crise économique» et qu’ «un éventuel retour de la croissance ne suffirait pas à régler le problème» car «le gouvernement a engagé en 2020 de nouvelles dépenses structurelles, qui pèseront dans les prochaines années sur les comptes sociaux» avec «la revalorisation du salaire des soignants lors du ''Ségur de la santé'', sans se préoccuper de savoir comment on allait la financer, alors qu’en année pleine elle coûtera 8 milliards d’euros!».
Pour l'expert, «c’est d’autant plus dommageable que cette hausse des rémunérations ne permettra pas d’apaiser leur mal-être, car ses racines sont profondes» et il critique l'allongement du congé paternité, puisque selon lui, «ce n’est pas une mauvaise idée, mais il n’a pas non plus réfléchi à la question de son financement».
Son expertise est de dire que «la seule solution est une refonte totale du système, qui permettrait de dépenser moins en étant plus efficace» et que «c’est possible!» car «nous avons aussi un système suradministré» et qu' «il faut remplacer ces postes-là par des emplois de soignants», comme Capital le relate dans son entretien.
Il avertit que «si nous ne nous engageons pas dans une telle réforme, notre système de protection sociale risque de disparaître» et que «nous basculerons soit dans un système britannique, où il existe seulement un filet de sécurité pour les plus pauvres, soit dans un système américain, où tout est laissé aux mains du privé».