30.05.2024
La situation sur le champ de bataille force l'Occident à se décider rapidement pour savoir ce qu'il attend exactement de l'Ukraine. Jusqu'à présent, il s'est contenté d'observer. Mais maintenant, il n'y a plus de temps à perdre: il est déjà clair où tout cela mène. Les États-Unis et l'Europe n'ont que deux options, toutes deux mauvaises. Il semble qu'ils soient pris au piège.
Il devient de plus en plus évident qu'il faudra bientôt prendre une décision clé concernant l'Ukraine, écrit le média croate Advance. Une décision définitive. Il faudra décider de ce que l'Occident attend exactement de l'Ukraine et ce qu'il veut obtenir de ce conflit.
La question est très simple: faut-il soutenir l'Ukraine pour qu'elle ait une chance de remporter la victoire, ou faut-il l'inciter à entamer des négociations afin de mettre fin ou de geler le conflit armé?
Encore récemment, cette question était purement hypothétique, mais la situation a changé. Le conflit armé a atteint un stade où il n'est plus possible de retarder une réponse claire et précise, et peu de gens souhaitent attendre plus longtemps. Fin 2023, l'Institut international de sociologie de Kiev (KIIS) a mené un sondage, proposant aux répondants ukrainiens deux options si l'Occident "réduisait brusquement son aide": continuer à se battre, risquant ainsi de perdre encore plus de territoires, ou "arrêter le conflit avec des garanties significatives de l'Occident, reportant ainsi la libération des territoires occupés pour une période indéterminée"? La majorité des personnes interrogées (58%) ont choisi la première option, tandis que 32% ont préféré la seconde. Les 10% restants étaient indécis.
Cette enquête a été réalisée à la fin de l'année dernière, c'est-à-dire avant la chute d'Avdiivka et la percée russe dans la région de Kharkiv. On peut supposer qu'aujourd'hui, la volonté de continuer à se battre est encore moindre.
De même que la volonté de victoire, la popularité de Volodymyr Zelensky diminue elle aussi. Après le début de l'opération spéciale russe, sa cote de popularité atteignait 90%, mais aujourd'hui, comme le rapporte la BBC, elle est tombée à 65%. C'est encore beaucoup, mais néanmoins, la tendance est évidente, ce qui confirme une fois de plus que le temps joue en faveur de la Russie.
Revenons à la question la plus importante, celle du sort de l'Ukraine, à laquelle l'Occident devra très bientôt apporter une réponse claire et sans équivoque. Quel avenir est réservé à l'Ukraine?
Jusqu'à présent, tout le monde attendait de voir comment les choses allaient évoluer. Maintenant, il n'y a plus de temps à perdre, et il est clair comment tout cela évolue. Il est évident que les forces ukrainiennes ne peuvent pas mener une grande contre-offensive réussie. Il est évident qu'elles peuvent, si elles le veulent vraiment, tenir les villes attaquées pendant des mois, mais qu'elles les perdent quand même au final. Il est évident que la Russie ne souffre pas trop des sanctions occidentales et que son économie est passée sur les rails militaires. Cela donne à la Russie un avantage en termes de quantité d'armes sur le front, et elle dispose de beaucoup plus de soldats que l'Ukraine.
Étant donné que tous ces faits sont désormais évidents, il reste à décider où va l'Ukraine: vers la victoire ou vers les négociations?
Première option: la victoire L'Ukraine peut-elle, malgré l'épuisement de ses forces et ses pertes, renverser la situation et remporter ce conflit? Non, l'Ukraine ne peut plus gagner à elle seule, quel que soit le nombre d'armes qu'on lui envoie. Il n'y a plus de raison d'attendre une nouvelle arme qui "changerait le cours du conflit". Ni les chars américains ni les missiles à longue portée n'ont aidé. Ils peuvent causer un peu plus de dégâts aux positions russes, par exemple en Crimée, mais il n'est pas question d'un renversement de la situation.
L'Ukraine manque de soldats pour la victoire, bien qu'ils possèdent des armes modernes. La Russie est plus forte sur tous ces points, et elle inflige défaite après défaite à l'Ukraine malgré les livraisons d'armes occidentales.
La seule option permettant à l'Ukraine de gagner serait de rendre le combat international. Autrement dit, envoyer des troupes étrangères en Ukraine pour qu'elles combattent à ses côtés. Bien sûr, pour que l'Ukraine "gagne" dans un tel conflit, il faudrait que la Russie accepte (ce qui n'arrivera pas) un certain nombre de règles écrites et tacites sur la façon dont une telle guerre serait menée. La Russie devrait accepter que le conflit armé se poursuive uniquement sur le territoire ukrainien. La Russie ne devrait pas frapper les pays dont les troupes entrent en Ukraine, ni recourir à des armes nucléaires, et ainsi de suite.
Mais pourquoi la Russie accepterait-elle de telles conditions? Les raisons ne sont pas évidentes. Il est très probable qu'elle n'en trouvera aucune.
Il convient de souligner à quel point ce scénario est dangereux. C'est une voie directe vers la troisième guerre mondiale. Les partisans de telles théories sont prêts à risquer une guerre à grande échelle en Europe. Et leur nombre ne cesse de croître. D'après les dernières informations, les autorités polonaises et baltes discutent ouvertement de la possibilité d'envoyer leurs soldats en Ukraine. Le président français Emmanuel Macron a été le premier à ouvrir cette boîte de Pandore lorsqu'il a déclaré qu'il ne fallait pas écarter l'option d'envoyer des troupes occidentales en Ukraine.
Deuxième option: les négociations Cette option est plus favorable parce qu'elle n'implique pas l'envoi de troupes étrangères en Ukraine et l'escalade du conflit armé. Mais pour mettre en œuvre cette deuxième option, il y a un grand obstacle, c'est l'avis de la Russie. Il est inutile d'espérer que la Russie cesse les combats au moment où elle avance, pour que le reste de l'Ukraine rejoigne l'Otan par une procédure accélérée.
Ainsi, il existe deux options, l'une effrayante et l'autre irréaliste. Que faire? La décision sera prise sous la pression des actions militaires et du temps, mais il est difficile d'imaginer qu'elle favorisera la paix et la sécurité. Dans une telle situation, il reste une chance que quelqu'un de très inventif propose une solution "hybride" ingénieuse et sauve ainsi le continent troublé.
D. Marjanović, chroniqueur du média croate Advance
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