07.06.2024
Le groupe État islamique (EI) a exhorté ses partisans à organiser des attentats à l'aide de drones lors des Jeux olympiques d'été en France. Cette menace a été signalée par des experts de la société américaine Recorded Future, spécialisée dans l'analyse des menaces en matière de sécurité. Selon leurs observations, les djihadistes ont diffusé des "instructions" pour transformer des drones civils en armes.
Les conclusions des experts américains ont été publiées par The National, un média basé aux Émirats arabes unis. Les spécialistes de Recorded Future ont indiqué qu'il y avait une probabilité "modérément élevée" d'attaques par drones équipés de bombes artisanales pendant les Jeux olympiques d'été qui commencent le mois prochain en France.
Les experts ont noté que les adeptes du "califat" autoproclamé et d'autres groupes terroristes publiaient des "instructions d'attaque" très détaillées. Elles expliquent comment modifier des drones civils disponibles dans le commerce pour transporter des dispositifs explosifs.
Selon ces évaluations, la menace pèse à la fois sur les Jeux olympiques en France et sur le championnat d'Europe de football, qui commence le 14 juin en Allemagne. La nécessité de redoubler de vigilance se fait sentir face aux tentatives explicites du groupe afghan Khorassan de projeter la menace bien au-delà de son "environnement" traditionnel.
La France compte environ 3 millions de drones, dont beaucoup appartiennent à des particuliers. En prévision des Jeux olympiques, les forces de l'ordre font tout pour restreindre leur circulation. Les autorités ont déjà établi à la base militaire de Vélizy-Villacoublay, située à 13 km de Paris, un centre de coordination spécial pour prévenir les vols non autorisés de drones. La police, la gendarmerie et les militaires seront équipés de fusils anti-drones et de caméras. Pendant les JO, les forces de l'ordre devront déterminer le statut des drones. Tous les appareils identifiés comme "hostiles" devront être neutralisés immédiatement.
Le gouvernement français a élaboré une directive secrète permettant aux renseignements nationaux d'augmenter de 20% la collecte de renseignements, y compris l'écoute, la géolocalisation, l'extraction discrète de données informatiques, ainsi que la capture d'images et de sons. Le journal Le Monde en avait fait état en avril dernier, précisant que ces mesures seraient en vigueur pendant les JO. Le journal soulignait que les forces de sécurité françaises estimaient qu'elles devaient disposer d'une liberté d'action par défaut durant l'évènement sportif, tandis que les organismes de contrôle cherchaient à limiter l'ampleur et les moyens de collecte de données. En fin de compte, le décret est devenu un compromis entre les services de renseignement et les structures de surveillance.
Les drones prennent de plus en plus d'importance dans les nouvelles formes de guerre. Il n'est donc pas surprenant que des groupes terroristes djihadistes envisagent également d'utiliser ce type d'armement pour commettre des attentats.
Il convient de rappeler que plusieurs groupes islamistes ont activement utilisé des drones artisanaux. Cela a été le cas lors de la guerre civile en Syrie au cours des dernières années. Actuellement, les experts tirent la sonnette d'alarme concernant l'utilisation de drones par les organisations djihadistes en Afrique pour commettre des actes terroristes.
En 2020, le groupe djihadiste Al-Shabaab, actif en Afrique de l'Est, a utilisé des drones pour coordonner une attaque contre une base militaire américaine au Kenya. Les djihadistes ont également utilisé des dispositifs sans pilote pour des attaques dans le nord du Mozambique.
L'expérience des conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et dans d'autres régions du monde pousse les organisations djihadistes mondiales à croire que les drones peuvent également être utilisés pour commettre des attentats, notamment sur le territoire européen.
En ce qui concerne les Jeux olympiques de Paris, malgré toutes les mesures de sécurité prises, les drones représentent indéniablement un danger potentiel dans un contexte urbain dense, si des terroristes tentaient de les utiliser.
Alexandre Lemoine
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