Les Palestiniens, les autorités du pays en la personne du chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) n'accepteront pas le «deal du siècle» de Donald Trump, estime Asaad al-Eveivi, professeur à l'université Al-Qods (Palestine). Car au fond il ne prévoit pas la mise en œuvre des exigences de base. A savoir – la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec une capitale à Jérusalem-Est, le retrait d'Israël à ces frontières, ce qui implique notamment le retrait des colonies juives illégales, ainsi que le droit de retour pour les millions de réfugiés palestiniens éparpillés à travers le Moyen-Orient.
En fait, le président américain a renoncé à la politique de ses prédécesseurs et a renoncé à l'idée d'une solution à deux Etats. En décembre 2017, son administration a reconnu Jérusalem comme étant la capitale d'Israël et y a déménagé son ambassade de Tel Aviv. De plus, les Américains ont réduit de centaines de millions de dollars l'aide destinée aux Palestiniens et ont fermé leur représentation diplomatique à Washington. L'Autorité palestinienne est préoccupée en pensant que le «deal du siècle» inclut le transfert du contrôle des lieux saints de Jérusalem-Est à une administration arabe conjointe et l'attribution à l'Arabie saoudite d'un statut particulier à la mosquée Al-Aqsa. D'après les informations rapportées, c'est également ce que craint la Jordanie, qui est le gardien des sanctuaires de Jérusalem.
Et la position palestinienne se forme au vu des démarches déjà réalisées par les Américains, ainsi qu'à venir. Cette position consiste à renoncer à la normalisation des relations avec Israël et à approuver les décisions économiques qui perpétuent l'occupation. C'est la raison de la protestation des Palestiniens contre la conférence organisée les 25 et 26 juin par Washington à Manama, capitale de Bahreïn. De plus, l'Autorité palestinienne a appelé les pays arabes à la boycotter car dans le cadre de cette activité les problèmes économiques étaient prioritaires par rapport au règlement du conflit israélo-palestinien.
Sachant que cette réunion ne portait même pas sur les questions primordiales: les frontières définitives de l'Etat palestinien, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens. Au lieu de cela, de fait ce sont des préférences économiques qui ont été proposées aux Palestiniens s'ils acceptaient les termes politiques de l'accord de paix. Mais c'est un chemin qui ne mène nulle part. Ce n'est pas par hasard que le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a déclaré que «celui qui veut régler le problème palestinien doit commencer par les aspects politiques de celui-ci, et non en essayant de vendre des illusions de milliards [de dollars]».
L'Autorité palestinienne pense que les Etats-Unis cherchent à s'assurer le soutien d'autres pays arabes pour la forcer à accepter le «deal du siècle», qui légalisera le contrôle israélien sur la Cisjordanie. Et les autorités palestiniennes craignent tout particulièrement la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. Sachant qu'elles ont déjà laissé entendre à plusieurs reprises qu'elles rejetteraient tout plan de paix proposé par les Etats-Unis et ont déjà lancé leur propre campagne visant à garantir les droits légitimes des Palestiniens. La Palestine souligne avant tout que les Américains ne se concertent avec son gouvernement sur aucun sujet, que ce soit la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d'Israël, le déménagement de l'ambassade américaine, l'organisation de la réunion à Bahreïn ou dans l'ensemble l'élaboration du concept du «deal du siècle». A cet égard, le parti Fatah au pouvoir en Cisjordanie parle d'une éventuelle réconciliation nationale avec le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Il s'agit d'au moins une alliance temporaire afin de créer un front palestinien commun contre le «deal du siècle». De plus, à l'heure actuelle on prépare le terrain pour l'adoption d'une loi pour criminaliser tout contact avec les colonies juives en Cisjordanie.
En d'autres termes, les Palestiniens se préparent pour une longue campagne difficile contre les plans américains. Et dans ce contexte il est évident que l'intention des négociateurs américains Jared Kushner et Jason Greenblatt de vendre le «deal du siècle» aux dirigeants arabes pour aider à assouplir la position de la Palestine ne s'est pas justifiée. Par conséquent, le problème palestinien, en dépit des efforts américains, demeure le principal défi pour Israël.