Avec la rencontre du président français Emmanuel Macron et du président russe Vladimir Poutine le 19 août au Fort de Brégançon, la France semble revenir à une politique plus réaliste avec la Russie. Derrière cette invitation avons nous l'application du plaidoyer d'Hubert Védrine qui préconise «une politique plus réaliste avec la Russie» ou enfin la reconnaissance du chef d'Etat français envers le fine diplomatie russe? Quoi qu'il en soit cette rencontre est importante et représente une avancée de la diplomatie française.
L'ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac a estimé dans un entretien donné au Figaro qu'il faut «réinventer nos rapports avec la Russie». Hubert Védrine salue la volonté d'ouverture d'Emmanuel Macron, qui doit recevoir Vladimir Poutine lundi avant le G7 de Biarritz car l'ancien ministre juge que «nouer un dialogue avec Moscou est de grande importance pour la France et l’Europe». «C’est une tentative très utile pour sortir la France et si possible l’Europe d’une impasse, d’une guerre de positions stérile engagée depuis des années, avec des torts partagés des deux côtés, notamment depuis le troisième mandat de Vladimir Poutine, et qui a abouti à une absurdité stratégique: nous avons des rapports plus mauvais avec la Russie d’aujourd’hui qu'avec l'URSS pendant les trois dernières décennies de son existence! Ce n’est pas dans notre intérêt. Essayer d’entamer un processus différent m’apparaît très justifié, même s’il ne faut pas attendre de cette rencontre des changements immédiats. La date choisie par Emmanuel Macron pour ce geste est très opportune: il reçoit Vladimir Poutine juste avant le G7 de Biarritz, qu’il préside. Le G7 était devenu G8, mais la Russie en a été exclue en 2014», dit notamment Hubert Védrine dans l'entretien au Figaro.
Au Japon, fin juin, le président français avait annoncé sa volonté de briser la glace en annonçant son souhait de rencontrer le président russe durant une rencontre bilatérale. Pour Emmanuel Macron une telle rencontre semble apparaître comme indispensable après des années de relations diplomatiques froides entre les deux pays. On se souvient, par exemple, des déclarations d'Emmanuel Macron sur les média russes, qui publient en français, en les accusant de répandre de fausses informations. L'air du Japon, au mois de juin dernier, aurait donc inspiré le président français? Emmanuel Macron agit-il de la sorte pour briser la polarisation idéologique qui partage la France entre russophiles et russophobes afin de gagner les voix des prorusses ou parce qu'il voit l'impuissance de la France une fois présent physiquement en Asie? Sur ce premier point, cela sera difficile car les prorusses ne sont pas dupes et ont une dent contre un président français qui a été le fer de lance contre la Russie de Vladimir Poutine. Est-ce-que le président français a réalisé en se trouvant en Asie que la France ne peut rien obtenir de sérieux sur le plan diplomatique sans des accords avec la Russie? Emmanuel Macron serait-il en train d'atteindre une forme de maturité en recevant le judoka ceinture noire et en voulant écouter les conseils de l'homme expérimenté en diplomatie? Ne faut-il pas rappeler que les dernières manœuvres diplomatiques de la France semblent se rapprocher de la position chinoise et russe sur le dossier iranien? Le président français défend la position de l'Ukraine contre le Donbass et c'est sur ce dossier que des échanges compliqués pourraient avoir lieu. En tout cas cette rencontre est nécessaire pour parler de l'avenir de la Syrie, du Donbass et des relations de la France avec la Russie et de l'attitude à adopter envers les Etats-Unis. Il ne faut pas oublier que le président français se rêve en médiateur universel dans «un monde qui devient un peu fou» http://www.leparisien.fr/politique/macron-se-voit-en-mediateur-dans-un-monde-qui-devient-un-peu-fou-31-05-2018-7745949.php
Depuis le début du conflit commercial et diplomatique mené contre la Russie par la France, la Russie a toujours tendu la main au pays de Napoléon Bonaparte même quand elle a dû affronter le mépris de la diplomatie française. Le président russe montre de nouveau sa volonté de paix et la volonté de la Russie de retrouver des relations amicales avec la France comme cela aurait dû être le cas depuis toujours. Il ne reste plus qu'à espérer que le président français aura suffisamment de maturité pour comprendre le geste fort du président russe qui se rend au Fort de Brégançon.