John Bolton, le très néoconservateur et conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, a été licencié par Donald Trump. Le président américain a parlé de «désaccords profonds» pour justifier la mise au poulailler du faucon John Bolton. On peut certainement écrire que c'est la politique russe sur le théâtre des opérations internationales qui apportent ses fruits.
Alors que Donald Trump twittait ce 10 septembre «j'avais de profonds désaccords sur nombre de ses suggestions, comme d'autres dans l'administration, et pour cette raison, j'ai demandé à John sa démission, qui m'a été remise ce matin», John Bolton, lui, twittait «j'ai proposé de démissionner hier soir et le président Trump a dit : "Parlons-en demain"». Cette mauvaise communication, qui se transpose en filigrane dans ces deux tweets échangés entre les deux hommes, montre leur profond degré de désaccord.
Samedi 7 septembre le président américain annonçait sa décision de rompre les discussions avec des «ambassadeurs» des talibans. La rencontre secrète avec les talibans, qui était prévue dimanche 8 septembre avec des émissaires afghans à Camp David dans le Maryland, a été annulée. «Le but de cette rencontre devait aboutir au processus de paix en Afghanistan» écrivent de nombreux média français comme France Info qui explique à ses lecteurs que «l'objectif était de concrétiser le processus de paix en Afghanistan, engagé dans un conflit depuis dix-huit ans». Disons plutôt que Donald Trump, en homme d'affaires avisé à flairer les opportunités, a brutalement changé de tactique politique, certainement après des décisions prises durant et après le G7 de Biarritz.
Dès mardi 10 septembre, les talibans, furieux de voir Donald Trump rembarrer leurs émissaires, ont déclaré de continuer les combats en Afghanistan si les Etats-Unis abonnent, donc, les discussions sur un retrait de leurs troupes. Le président américain, semble avoir mesuré le danger de la politique menée par son conseiller. Les mesures drastiques de John Bolton envers la Corée du Nord et l'Iran ont surtout donné des billes à la politique russe. Donald Trump aurait donc décidé de caresser dans le sens du poil les alliés de Moscou et replacé le «faucon» dans sa cage.
Profond allié de l'Etat d'Israël, John Bolton avait été le partisan de frappes contre la Libye de Mouammar Kadhafi et contre la Syrie de Bachar el-Assad. C'est John Bolton qui avait soutenu le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem dès le mois de novembre 2017 ce qui a été réalisé le 14 mai 2018 et ce qui a provoqué le redoublement des tensions dans la région.
John Bolton était aussi engagé dans la politique de «regime change» au Venezuela et avait annoncé reconnaître, Juan Guaidó, l'opposant de Nicolás Maduro comme le vrai président du Venezuela. John Bolton a aussi attaqué de manière violente la Russie en particulier en accusant la Russie d'être intervenue dans les élections américaines et d'avoir mené de cette manière un acte de guerre. Dans le passé récent, comme l'écrivait USA Today «dans des discours, des interviews et des éditoriaux, John Bolton a qualifié Vladimir Poutine de menteur qui s’aligne sur les ennemis de l’Amérique et dont le pays constitue une menace stratégique à long terme pour les États-Unis». John Bolton refusait de voir un rapprochement entre Donald Trump et le président russe et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour saboter les approches ménées par Moscou pour entamer une paix durable sur le globe.
Le «faucon» John Bolton a mené une politique résolument néoconservatrice et interventioniste envers l'Iran, la Russie, le Venezuela et la Corée du Nord, menaçant de précipiter le monde dans une guerre mondiale à tout moment si la Russie n'avait pas eu le tact de, malgré ces nombreuses attaques, tendu la main au clan occidental avec magnanimité pour préserver la paix mondiale. Ces appels à la paix mondiale ont été, à titre d'exemple constamment répétés par les responsables politiques et militaires de la Russie et de ses invités lors de la 8ème Conférence internationale pour la sécurité de Moscou http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=995 . En tant qu'observateur et présent à cette 8ème Conférence internationale pour la sécurité de Moscou, il était, en effet, très poignant de voir les responsables politiques et militaires commencer leur discours sur notre monde devenu si dangereux et de marteler leur volonté de tout faire pour ne pas rentrer en conflit car l'objectif est la paix mondiale. On peut, donc, certainement écrire que c'est la politique russe sur le théâtre des opérations internationales qui apportent maintenant ses fruits. Le président français a aussi lancé une approche envers la Russie. Depuis le G7 de Biarritz et la rencontre au Fort de Brégançon, Emmanuel Macron a entamé des virages politiques envers la Russie et l'Iran comme l'écrit ce 11 septembre Slate