Venezuela, Ukraine, Hong Kong: Révolutions de couleur et changement de régime, un fléau moderne engendrant déstabilisation économique et guerre civile.
Trois études de cas
Venezuela
Il existe d’innombrables exemples au cours des 20ème et 21ème siècles, mais trois des manifestations les plus notoires de Washington et de ses cohortes européennes semant une tragédie humaine massive et/ou des guerres civiles peuvent être illustrés par le travail de sape de Washington, voire par la création de mouvements d’opposition toxiques. L’objectif est la déstabilisation et la destruction des gouvernements progressistes ainsi que des structures économiques et sociales égalitaires.
Actuellement, l’un des plus vénaux est le dernier inamorata ou inamorato de Washington, Juan Guaido, le téflon Quisling du Venezuela, dont la tentative d’usurper la présidence de Nicolas Maduro, un président élu démocratiquement, serait comique dans son inefficacité, si elle n’était pas aussi tragique dans sa destruction de la vie des citoyens vénézuéliens. Le Venezuela, qui contrôle les plus grandes réserves de pétrole du monde, parmi d’autres ressources convoitées, est actuellement l’une des victimes de l’impérialisme les plus durement ciblées (cosmétiquement, on l’appelle désormais «développement de la démocratie», dernier nom rhétorique et politiquement correct pour le pillage). Pourtant, le Venezuela, contrairement à la désinformation des médias traditionnels, semble perdurer, avec une population loyale capable de détecter et de résister aux manipulations économiques, sociales et culturelles et une armée peu disposée à se prostituer.
C’est un exemple phénoménalement héroïque de l’intégrité humaine et du succès du socialisme. Le président Maduro a réuni une équipe de brillants dirigeants pour représenter son gouvernement, notamment son ministre des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, un aristocrate intellectuel de tout premier ordre, son expert ambassadeur Samuel Moncada et de nombreux autres d’une sophistication remarquable, dont la capacité à voir plus loin que les idioties de la propagande bourgeoise sont admirables, et même enviables. (Il existe, après tout, d’autres choses dans la vie que les sacs à main de créateurs et la chirurgie plastique, comme l’ont découvert les jeunes femmes sud-coréennes à l’arrivée de Kim Yo Jong, envoyé de la RPDC aux Jeux olympiques d’hiver de Séoul, qui a ébloui l’Occident par sa simplicité élégante et son refus de la consommation ostentatoire).
Mais, comme Jeffrey Sachs l’a démontré dans son excellent essai publié récemment («Economic Sanctions as Collective Punishment», en français: Sanctions économiques en tant que punition collective), les sanctions de Washington sont conçues et déterminées à dévaster et à détruire le tissu même de la vie du peuple vénézuélien, tout en se moquant du soi-disant «souci vis-à-vis des droits de l’homme» des États-Unis. Et tout cela au nom de la «démocratie», qui acquiert par conséquent une odeur putride. Ces sanctions sont une forme de génocide économique.
Hier, le New York Times rapportait qu’Elliot Abrams proposait l’amnistie du président Maduro s’il démissionnait de ses fonctions, contraste saisissant avec les récentes menaces du sénateur américain Marco Rubio selon lesquelles Maduro subira le même sort que le libyen Khadafi, qui avait été sodomisé à la baïonnette entre-autres tortures qui avaient précédé son meurtre par l’opposition. Le président Maduro pourrait naturellement conclure que les bandits ont préparé son exil.
Ukraine
Le regretté Zbigniew Brzezinski (architecte de la politique américaine de formation, de financement et d’armement des sauvages djihadistes islamistes dans le but de renverser le gouvernement socialiste de Najibullah en Afghanistan, dans son célèbre ouvrage intitulé «Le Grand échiquier»), a souligné, la nécessité de rompre toutes les relations entre la Russie et l’Ukraine, d’isoler complètement la Russie de l’Europe et de la forcer à devenir un État eurasien. La politique de Brzezinski a été menée sous l’administration Obama et elle a été appliquée par des fonctionnaires du département d’État, dirigés par Victoria Nuland.
Si l’histoire des efforts américains pour déstabiliser et renverser la présidence démocratiquement élue de Viktor Ianoukovitch en Ukraine est écrite, l’une des figures centrales est la sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires européennes et eurasiennes, Victoria («Fuck the EU», en français: baisez l’UE) Nuland. Et selon toute vraisemblance, on se souviendra d’elle pour ce fameux juron, qui révèle son attitude (et celle de ses cohortes) à l’égard d’une intervention illégale dans les affaires souveraines d’un autre pays. La BBC a publié la transcription divulguée de l’appel téléphonique entre Nuland et Pyatt (Geoffrey Pyatt, l'ambassadeur des États-Unis en Ukraine – NDLR) , qui révèle les détails scandaleux de leur projet sur le renversement d’un gouvernement élu démocratiquement, qu’ils ont remplacé par un régime néo-nazi à leur guise, et qui a abouti à une guerre civile en Ukraine, à la glorification des nazis ukrainiens tels que Stepan Bandera et à l’ethnocide des Ukrainiens de langue russe qui ressemble étrangement aux débuts de l’extermination des Juifs par Hitler quand ce dernier a commencé par détruire leur identité culturelle.
Nuland: «Je pense que Iats est le type qui possède l’expérience économique, l’expérience dirigeante. C’est lui… ce dont il a besoin, c’est Klitsch et Tiagnibok à l’extérieur… Je pense juste que Klitsch va… il va être à ce niveau travaillant pour Iatseniouk, cela ne fonctionnera tout simplement pas».
Pyatt: «Je pense qu’il faut que vous contactiez directement Klitschko pour la gestion de la personnalité entre les trois. Cela vous donne également la possibilité de réagir rapidement et de nous laisser derrière tout cela avant qu’ils ne s’assoient ensemble et expliquent pourquoi ils n’aiment pas ça».
Nuland: «Quand j’ai parlé à Jeff Feltman (Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l’ONU) ce matin, il avait un nouveau nom pour le type de l’ONU, Robert Serry, est-ce que je vous ai écrit cela ce matin? OK. Il a maintenant demandé à Serry et à Ban Ki-moon (secrétaire général des Nations Unies) de convenir que Serry pourrait se présenter lundi ou mardi. Donc ce serait formidable, je pense, d’aider à coller cette chose et de faire en sorte que l’ONU l’aide à la coller et, vous savez, que l’UE aille se faire mettre».
Le correspondant diplomatique de la BBC Jonathan Marcus a déclaré: «Un aperçu intrigant du processus de politique étrangère avec des travaux en cours à plusieurs niveaux: divers responsables tentant de rassembler l’opposition ukrainienne, des efforts visant à amener l’ONU à jouer un rôle actif dans le renforcement d’un accord; et les grosses huiles qui attendent dans les coulisses – le vice-président américain Biden est clairement aligné pour donner des mots d’encouragement en privé au moment opportun».
Chaque année aux Nations Unies, la Fédération de Russie soumet une résolution interdisant la glorification du nazisme. Chaque année, la résolution est adoptée à la majorité des voix et un seul pays s’y est toujours opposé: les États-Unis. Ces dernières années, l’Ukraine s’est associée aux États-Unis pour s’opposer à la résolution antinazie.
Aujourd’hui, la situation en Ukraine est épouvantable et le terrible événement survenu récemment à Odessa, où des travailleurs et travailleuses ont été pris au piège dans un bâtiment volontairement incendié, alors que les néo-nazis encerclant le bâtiment scandant des slogans nazis n’est que l’un des innombrables événements de ce type, dans un pays qui avait connu la paix et la stabilité.
Peut-être que la description la plus émouvante et la plus précise de la destruction de la présidence démocratiquement élue de Victor Ianoukovitch a été faite dans un discours prononcé par l’Ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, le 27 mars 2014 à l’Assemblée générale des Nations Unies, et cite en grande partie ce qui suit:
Ambassadeur Tchourkine: «La crise a été en grande partie provoquée par les actions aventureuses des forces politiques actuelles, qui ont cherché à rompre les liens séculaires de la Russie et de l’Ukraine en donnant à Kiev un faux choix entre l’Union européenne et l’Occident ou la Russie. Cette politique a été menée avec une brutalité sans précédent. Ils auraient pu soit signer un accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, à la demande du gouvernement ukrainien, soit faire l’objet de sanctions. Dans les rangs des manifestants antigouvernementaux se trouvaient des représentants de l’Union européenne et des États-Unis, qui ont manifesté ouvertement à leurs côtés et les ont appelés à mener ouvertement des actions antigouvernementales.
La place centrale de la ville – Maïdan Nezalezhnosti – a été transformée en un camp militarisé. Des unités de militants bien entraînées et équipées ont lancé de violentes attaques contre les forces de l’ordre et saisi des bâtiments administratifs. Dans l’un de ces bâtiments, le bâtiment des syndicats, le prétendu détournement commun du Maïdan a été organisé. Au septième étage de ce bâtiment se trouvait un membre permanent du personnel de l’ambassade des États-Unis. À propos, c’est de ce bâtiment que les tireurs d’élite tiraient sur la police et les manifestants; cette action visait clairement à provoquer un renversement violent du gouvernement. À un moment donné, il est apparu qu’il serait possible d’arrêter avant que la situation ne s’aggrave…
Cependant, quelqu’un a pensé qu’un tel scénario n’était pas suffisamment radical. La violence a continué. Menacé de mort, le président Ianoukovitch a dû quitter Kiev, puis l’Ukraine. Le gouvernement légitime a cessé ses activités à Kiev. La violence est devenue la règle de la politique. Dans la Verkhovna Rada, les partis qui ont soutenu la majorité de Ianoukovitch ont été victimes de ces violences. En conséquence, la Rada a été redistribuée et au lieu d’un gouvernement d’union nationale, un soi-disant gouvernement de vainqueurs a émergé. Les coups de feu ont été déclenchés par des coupables armés, des radicaux nationaux qui, selon la définition du Parlement européen, prêchaient des vues racistes, antisémites et xénophobes et semblaient détester tout ce qui était russe et ne dissimulaient pas qu’ils considéraient les alliés ukrainiens des nazis comme leurs ancêtres idéologiques».
La violence et la haine s’infectent aujourd’hui en Ukraine, la xénophobie, la russophobie, le néonazisme sont la «nouvelle normalité» dans cette «démocratie»?
à suivre