Le premier ministre britannique Boris Johnson pourrait regrettait son attitude négligente envers l'Ecosse au moment où le Royaume-Uni se retrouve face au risque d'une crise constitutionnelle sans précédent, estime la journaliste britannique Johanna Ross.
La première ministre de l'Ecosse Nicola Sturgeon a déclaré qu'elle annoncerait la date d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse "dans les semaines à venir". Lors d'une émission à la BBC elle a dit qu'elle ferait tout pour que l'organisation d'un tel référendum soit validée cette année conformément au 30e chapitre de l'Acte sur l'Ecosse, car le dernier sondage de l'opinion public a montré: 50% des citoyens prônent l'indépendance de l'Ecosse, soit 5% de plus par rapport au sondage de l'an dernier. Il est possible de prendre pour point de départ, quand l'idée d'un nouveau référendum est apparue et a commencé à gagner en popularité, le vote sur le Brexit en juin 2016, où les Ecossés ont voté pour rester dans l'UE, alors qu'au référendum panbritannique les habitants du pays ont opté pour la sortie de l'UE.
C'est à partir de cette période que le parti nationaliste au pouvoir en Ecosse s'efforce de prouver que les intérêts de l'Ecosse et concernant ses futures interactions avec l'UE sont ignorés par le Westminster. De plus, les Ecossais se sentent trahis. Pendant la préparation pour le référendum sur l'indépendance en 2014, les unionistes affirmaient: si l'Ecosse devait quitter le Royaume-Uni, son avenir au sein de l'UE n'était pas garanti. Et seulement quelques années plus tard l'Ecosse est expulsée de l'UE contre sa propre volonté.
Le sentiment d'indignation vu comment l'Ecosse a été traitée pendant les négociations sur le Brexit n'a fait que durcir quand Boris Johnson a été élu premier ministre en juillet. Sa visite à Edinbourg peu de temps après sa nomination parle d'elle-même: non seulement il n'a pas trouvé de point de convergence avec les politiques locaux, mais il a également dû sortir de la résidence de la première ministre par l'arrière afin d'éviter de se retrouver confronté à une foule de manifestants.
Il ne fait pratiquement aucun doute que l'indépendance de l'Ecosse est le prix que Boris Johnson est prêt à payer pour le Brexit "coûte que coûte" parce qu'il fait semblant de ne pas remarquer la crise constitutionnelle qui serait déclenchée sur l'Ecosse sortait du Royaume-Uni. Afin de faire avancer le Brexit à tout prix l'Ecosse a été laissée sur la touche, et ses habitants le ressentent parfaitement. La situation est d'autant plus grave qu'à l'étape actuelle on ignore si Boris Johnson autoriserait un nouvel référendum sur l'indépendance.
Si le premier ministre l'acceptait, cela ne ferait que jeter de l'huile sur le feu pour attiser une situation déjà instable. Pour l'instant les manifestations sont pacifiques, mais qui sait comment évoluerait la situation si le Westminster s'opposait à un second référendum. Au final, l'Ecosse pourrait emprunter le même chemin que la Catalogne.
Les Ecossais ne sont pas les seuls à éprouver la colère et la déception. Certains disent même que la sortie de l'Ecosse du Royaume-Uni pourrait être suivie par la séparation du pays de Galles. Où les sentiments nationalistes sont probablement encore plus forts. D'après les sondages menés en parallèle avec le premier référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, seulement 3% de la population était favorables à l'indépendance du pays de Galles. Alors que les derniers sondages ont montré que le nombre de partisans de la séparation a augmenté jusqu'à 40%, et pour cause – le Brexit. La géographie des partisans et des adversaires de la sortie de l'UE au pays de Galles est encore plus intéressante. Les résultats des sondages ont montré que dans les régions qui se sont exprimées pour rester dans l'UE vivent principalement des Gallois autochtones, alors qu'il y a plus d'Anglais ethniques dans les régions qui ont soutenu la sortie de l'UE. Cette division ne peut que se creuser à terme, car les Gallois accuseront de tous leurs problèmes les "migrants" Anglais.
Sur fond de dernières tentatives de trouver un accord sur le Brexit, Boris Johnson devrait être plus prévoyant et tenter d'évaluer les conséquences pour la structure étatique britannique en cas de sortie de l'UE sans accord. Cependant, tout indique que c'est sous son gouvernement qu'une telle sortie aura lieu, quoi qu'il en coûte pour l'Union de 300 ans. Or les nationalistes écossais pourraient s'armer d'une approche aussi dure du Brexit. Apparemment la bataille pour l'indépendance ne fait que commencer.