Le Joker est devenu le symbole des masses révoltées sur trois continents différents. Les pauvres et les précaires semblent vouloir s'accaparer la figure du Joker et porter son masque comme c'est le cas au Chili, à Beyrouth, à Santiago, à La Paz, à Hong Kong. Les média font la promotion du masque du Joker en le présentant comme «symbole de contestation et de révolte dans les manifestations». Le pianiste et compositeur français, l'influenceur Stéphane Blet, qui est aussi actif politiquement contre la franc-maçonnerie, lui, met en garde les Gilets jaunes de le faire car «les gens qui nous dirigent et nous manipulent ont une longueur d'avance».
Dans une vidéo, Stéphane Blet présente une image du joker en guise d'introduction car la figure du film d'Hollywood, récemment sorti sur les écrans, fait des émules parmi les manifestants à travers le monde. «Vous avez vu ou entendu parlé du film le Joker qui vient de sortir. Le Joker est traité d'une manière totalement différente de ce qui avait été fait jusqu'à maintenant par Marvel ou par les précédents films». Même si Stéphane Blet trouve «ce film excellent et bien fait» il nous invite à se demander ce qu'il «peut déclencher» et à se demander «jusqu'où les apprentis sorciers vont aller?». «Dans le film, on voit le Joker qui est en fait un pauvre type qui n'a pas de vie sociale, qui est pauvre, qui est méprisé, qui en prend plein la gueule, qui n'a pas de relations sexuelles, enfin, tout va mal et un jour il pète un câble. Cela représente quand même une grande partie de la population», dit le compositeur français et invite ses auditeurs à se poser la question «pourquoi» ce film «car on tombe dans une violence assez spectaculaire». Stéphane Blet, qui dénonce la politique en France depuis la Turquie, avait prévu le phénomène «je l'ai dit dès le jour de sa sortie de vous attendre à voir au Chili ou ailleurs où cela bouge actuellement de voir des milliers de personnes porter le masque du Joker dans les rues» et met en garde «même si d'un côté c'est bien» car «c'est contre l'oppression» en soulignant que «les gens qui nous dirigent et nous manipulent ont une longueur d'avance sur nous». Pour l'influenceur «il faudra bien se méfier de ça car on est arrivé à un point tel que le chaos c'est eux (les gens qui nous dirigent) qui l'organisent et pas les gens qui veulent se battre pour leurs droits» et le compositeur devenu militant pense que «ce n'est pas un hasard si ce film, un film fait par Hollywood, qui a battu tous les records d'entrées» soit sorti maintenant. «Je pense que des Gilets jaunes au Joker, il y a un pas qui risque d'être franchi».
Les média et des groupes comme «Initiative Communiste» parlent positivement du film. La Radio Télévision Suisse francophone RTS, par exemple, vante le Joker en invitant une «historienne des révolutions», Mathilde Larrère qui dit «on retrouve des éléments d'une culture populaire. Parce que le Joker, on peut considérer qu'à partir du moment où c'est de fait le personnage d'un film, ce n'est pas du tout surprenant de le voir activé dans un mouvement». Pour cette spécialiste d'Histoire contemporaine un mouvement est majoritairement composé de classes populaires: «Elles utilisent donc les éléments de leur culture pour exprimer des colères, des joies, des fêtes». «L'historienne des révolutions» aime à l'opposé de Stéphane Blet voir les manifestants s'accaparer le Joker car «le personnage du Joker en particulier est un personnage qui peut être activable dans le cadre des luttes, parce qu'il y a un effet «résistance à une oppression», une espèce de moquerie du monde». «Pour Mathilde Larrère, autant prendre un masque pour ce qu'il représente, à l'image du Joker» écrit RTS.
L' Initiative Communiste voit aussi dans le film Joker une invitation positive à la révolte car «Arthur Fleck survit en faisant le clown pour les enfants malades à l’hôpital, ou l’homme sandwich dans les rues violentes et sales de Gotham City rongée par les folles inégalités et le chômage, et dont la population ne va pas tarder à adopter le clown comme figure allégorique de la rébellion». Pour l' Initiative Communiste c'est «un film coup de poing en forme d’appel à la sédition dans un monde contemporain frappé de décrépitude».
Olivier Renault