Sous une médiation française et allemande et avec l'initiative française le sommet Format Normandie s'est tenu à Paris ce 9 décembre jusqu'à très tard dans la soirée où le cessez-le-feu avant la fin de 2019, la libération de tous les prisonniers avant le 31 décembre 2019 ont été annoncés pour «parvenir à une paix juste et durable» par «un rétablissement de la paix et de la confiance».
Malgré la volonté diplomatique de la médiation française et allemande de montrer une certaine réussite pour remettre sur les rails les accords de Minsk, vers la fin de la conférence de presse des désaccords importants entre le président russe et le président ukrainien ont dominé.
Le président français a vanté durant l'ouverture de la conférence de presse du sommet Format Normandie le fait que cela est «le premier sommet Format Nomandie depuis celui de Berlin d'octobre 2016» et que «des heures de discussions ont eu lieu». Emmanuel Macron s'est félicité de la première rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine et dit: «Cette rencontre permet d'obtenir une paix durable, mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 13.000 morts en étant une blessure ouverte au cœur du continent européen». Angela Merkel a bien signalé qu' «en dépit de tous les problèmes» qu'elle est «contente de cette rencontre» mais qu'il y a «beaucoup de travail à réaliser», «une volonté de résoudre des questions difficiles». Cette rencontre avait été travaillée depuis l'été dernier.
Avant le sommet, durant le sommet et même durant la conférence de presse Moscou a insisté sur la poursuite de la mise en œuvre des accords de Minsk et de la «formule Steinmeier». Pour le Kremlin, l'objectif de ce sommet de Paris avait principalement pour but avant son commencement d'étendre la loi sur le statut spécial du Donbass pour un an et de consolider le statut spécial dans la Constitution ukrainienne ainsi que d'organiser des élections locales. Le président russe a déclaré au début de la conférence de presse «rejoindre globalement ce qui a été dit dans ce sommet»; salué le désengagement dans trois zones disputées (Lougansk, Petrovskoe et Zolotoe), un cessez-le-feu universel, la modification de la constitution de l'Ukraine pour obtenir un statut spécial du Donbass comme cela était prévu dans les accords de Minsk de février 2015, l'application de la «formule Steinmeier», l'amnistie et l'interdiction des poursuites contre des gens dans le sud du pays, la libération de tous les prisonniers, l'aide à la circulation des gens car «nous avons des gens simples qui vivent dans ces régions». Vladimir Poutine a déclaré que le travail avait été utile et a remercié les médiateurs franco-allemands.
Le président ukrainien veut la libération de tous les détenus ukrainiens avant le 31 décembre 2019, l'établissement des zones d'éloignement par le groupe de contact tripartite, la restauration du contrôle total des frontières de l'Ukraine avant les élections au Donbass, le retrait de toutes les formations étrangères dans le Donbass et le désarmement dans cette même zone, des élections en DNR (République populaire autoproclamée de Donetsk) et en LNR (République populaire autoproclamée de Lougansk) qui ne pourront avoir lieu qu'en suivant la législation ukrainienne et en respectant les critères de l'OSCE, une impossibilité de fédéralisation, un refus de changement de la constitution ukrainienne car c'est «un pays indépendant où le peuple ukrainien décide», un refus du renoncement du territoire par l'Ukraine du Donbass ou de la Crimée «car ce sont des territoires de l'Ukraine». Volodymyr Zelensky a avoué, avant qu'un profond différent n'éclate en pleine conférence de presse, que de nombreuses questions restent en suspens sur la gestion des territoires pour respecter la formule de Steinmeier mais a voulu se montrer rassurant dans un premier instant en disant que «la dernière rencontre a eu lieu il y a trois ans et que le fait nous ayons réussi à débloquer le dialogue est très important».
Mais vers la fin de la conférence de presse, les désaccords importants sur les élections et la frontière ukrainienne entre la Russie et l'Ukraine sont apparus à plus de 23 heures dans la soirée. «On a des divergences sur la date de ce transfert du contrôle de la frontière. Ce qui a été signé par Piotr Porochenko doit avoir lieu avant les élections locales, le président russe veut après. Nous sommes obligés de trouver une solution», a déclaré le président ukrainien. Le président russe a quant à lui répondu vigoureusement au président ukrainien en lui demandant de lire les accords de Minsk: «Nous sommes pour la mise en place des accords de Minsk. Alors, je vous prie de prendre les accords de Minsk et de lire ce qui est écrit là-dessus. L'Ukraine va recommencer à retrouver le contrôle de sa frontière sur ces territoires le lendemain après les élections. C'est ce qui est écrit dans les accords de Minsk. Et le contrôle total va être finalisé après la mise en place totale de toutes les procédures politiques. Mais c'est ce qui est déjà écrit. Pourquoi revoir et remettre en cause les accords de Minsk? Pourquoi refaire tout ça et repartir de zéro? Si on va commencer ça, on va perdre le tout et on sera dans la situation où tout le monde sera perdant».
Dans quatre mois un nouveau sommet au Format Normandie et donc prévu pour permettre des élections locales en raison des divergences profondes entre la Russie et l'Ukraine sur les points cités plus haut. Ces sommets au Format Normandie, en référence à la région française où les dirigeants des quatre pays s'étaient retrouvés pour la première fois en 2014, étaient paralysés depuis trois ans.
Olivier Renault