Une seule femme, la garde des Sceaux, contre la majorité des Français, a décidé avec le soutien d' une organisation «humanitaire» de la défense et de la protection de la vie des djihadistes français et de leur famille au nom des droits de l'Homme, de rapatrier les combattants de l'Etat islamique et leur famille.
Malgré les images violentes venues de Syrie et des litres de sang coulés dans le sable de cette région à la suite des égorgements et des décapitations, «la patrie des droits de l'homme», qui éborgne ses citoyens, veut sauver la vie de tueurs ou de personnes ayant adhéré à la politique de l'EI. Selon les dernières estimations, ils seraient environ 200 adultes et 300 enfants.
«Selon les dernières estimations, c'est un sujet ultrasensible. L’opinion publique française, elle, est majoritairement hostile à ce retour» écrit Le Figaro. L'état des faits des nombreuses agressions quasi quotidiennes au couteau commises en France; le fait que, selon une étude publiée par le Centre d'Analyse du Terrorisme (CAT) ce 19 décembre, les djihadistes utilisent l'armée française pour se former militairement, qu ' «après les attentats du 11 janvier, ils (les djihadistes) ont afflué dans les prisons d'Île-de-France. En quelques mois, c'est devenu une population à part, relativement importante» comme l'a déclaré Guillaume Monod, psychiatre et docteur en philosophie, ou que l'enquête sur les réseaux djihadistes en France menée par Hugo Micheron qui explique que la prison est le terreau du radicalisme en France, apportent bien la preuve que la djihadisation de la France se décline sur plusieurs étages de sa société et qu'il n'est pas nécessaire d'en importer d'autres. C'est dans ce contexte français que la garde des Sceaux a, donc, décidé, en le faisant connaître publiquement dans un entretien à Libération en date du 11 janvier, de rapatrier les djihadistes et leurs proches. Chose étonnante, en octobre dernier, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait plaidé pour que l’Irak juge ces soldats de l'EI. L'Irak ayant refusé de porter cette responsabilité en décembre pour ne pas devenir une poubelle à djihadistes et malgré l'opposition de l'entourage de Nicole Belloubet et l'absence de réponse du ministère des Affaires étrangères et avec la majorité des Français opposée à ce retour, la France va donc choisir de reprendre les djihadistes et affiliés pour des raisons humanitaires, des droits de l'homme et des lois françaises. Sauver des tueurs sous la protection des droits de l'Homme, semble être une particularité française.
Le Collectif des Familles Unies, qui regroupe plus d’une centaine de familles de prisonniers liés à l'EI , a déclaré dans un communiqué que «quels que soient les dénégations ou les recentrages maladroits de l’entourage de la ministre, nous estimons que ces déclarations constituent une inflexion importante et un retour louable à des positions plus rationnelles, plus humaines et plus conformes à notre Etat de droit sur ces questions; en attendant des actions concrètes» car «les laisser dans cette zone de guerre revient à les livrer à court et moyen terme à Daech ou à Bachar Al-Assad». Pour le Collectif, qui dit «nous voyons nos petits-enfants, nos neveux et nos nièces, grandir et dépérir derrière des grilles et des barbelés», «lutter efficacement contre Daech, c'est aussi ne pas renoncer à nos valeurs fondamentales» car «c’est sauver des enfants innocents et rapatrier nos ressortissants pour éviter de repeupler les rangs de Daesh». Est-ce-qu'une famille normale pourrait reprendre chez elle des personnes ayant épousé un camp appelant à génocider des civils dont des enfants?
La garde des Sceaux, pour qui la situation des enfants des djihadistes dans les camps de réfugiés du Kurdistan syrien n’est «pas acceptable», ne souhaite pas, comme explication de sa décision, prendre «le risque d'une dispersion dans la nature» des combattants et auxiliaires de l'EI. «Soit on va les rapatrier, car on considère qu’il vaut mieux qu’ils soient sous contrôle français, soit ils s’évaporeront… Avec les risques que cela suscite», a déclaré Nicole Belloubet qui ne souhaite pas voir les graines de l'idéologie de l'EI se disperser à tous les vents sur l'Hexagone. Pourtant la France, en raison de la réalité de son terrain n'est pas capable de gérer ces retours. De nombreuses voix se soulèvent cependant au sein du ministère de la Justice et dans l'opposition politique contre cette décision de la ministre à un moment où la France doit gérer l'opération Barkhane et l'insatisfaction populaire contre la montée des actes d'incivilité dans le pays.
Olivier Renault