L'infection du coronavirus chinois a engendré une telle avalanche de commentaires et de pronostics qu'il est difficile de s'y retrouver. Le coronavirus chinois pourrait davantage affecter l'économie mondiale que la crise financière de 2008-2010, prédisent les experts de l'agence de notation Moody's.
Selon certains experts, le principal problème du coronavirus pour les producteurs chinois et mondiaux réside dans l'incertitude de la situation. Bien que l'organisation mondiale de la santé (OMS) ait déjà attribué à l'épidémie le statut de situation d'urgence internationale, les pronostics du ralentissement de l'économie chinoise restent très retenus pour l'instant. Il n'y a aucune raison à l'heure actuelle de s'attendre à une grave crise, qui plus est à l'échelle mondiale.
Mais il est indéniable que l'épidémie (d'ailleurs, l'OMS a refusé de lui attribuer le statut de pandémie) a infligé de sérieux dégâts à l'économie chinoise, notamment le secteur du tourisme et des services, car le point culminant de sa propagation a eu lieu pendant le fêtes de Noël. Le nouvel an du calendrier lunaire est la principale fête des Chinois. Alors que le secteur des services représente plus de la moitié du PIB chinois (53,9% en 2019, ce qui signifie en soi la réalisation réussie de la ligne stratégique de réorientation des exportations vers la consommation intérieure).
Le nouveau coronavirus n'est pas terrible en soi – il se propage plus rapidement qu'une souche similaire de pneumonie atypique, sachant que 65% des sujets traversent une forme de maladie légère, alors que sa mortalité est presque 10 fois inférieure. Mais c'est la panique qu'il engendre, notamment à cause de sa couverture par les médias. Le quotidien américain The New York Times écrit que la propagation du nouveau coronavirus chinois a engendré une vague de panique à travers le monde, "et dans certains cas des sentiments antichinois notoires". Les craintes se multiplient et provoquent même la xénophobie et, selon le quotidien, dans certains cas l'anxiété des gens "sort loin du cadre des notions pratiques". Certaines mesures préventives ne sont rien d'autre qu'une "discrimination raciale et ethnique", écrit le NYT.
Par ailleurs, les autorités chinoises estiment que les autres pays n'ont aucune raison de décréter des restrictions contre la Chine dans le secteur du tourisme et du commerce à cause de l'épidémie d'un nouveau type de pneumonie, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois. Selon cette dernière, ces restrictions pourraient gêner excessivement le commerce et les voyages internationaux, sachant que l'OMS est persuadée de la capacité de la Chine de maîtriser l'infection, et le gouvernement chinois a pris des mesures encore plus sévères que ne l'exigent les règles sanitaires internationales.
Mais cela reste un fait: la Chine étroitement intégrée dans l'industrie et le commerce mondial était rarement confrontée à un isolement aussi sévère avec des délais incertains, écrit le Wall Street Journal. Et d'ajouter que "les pays cherchent, au fond, à placer la Chine en quarantaine". C'est la raison pour laquelle de nombreux producteurs dépendant de fournitures en provenance de Chine ont déjà été touchés.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères chinois stipule que les Etats-Unis attisent délibérément la panique et évacuent leurs citoyens de Chine au lieu de proposer à Pékin de l'aide pour combattre la propagation de l'infection provoquant la pneumonie. Les Etats-Unis ont été les premiers à lancer l'évacuation, à émettre un avertissement concernant les voyages des Américains en Chine et à interdire l'entrée dans le pays aux étrangers qui ont récemment visité la Chine. D'autres pays ont suivi leur exemple, notamment la France.
La menace principale dans cette situation c'est la panique mondiale et l'incertitude. Il faut apprendre à trouver un équilibre entre la peur rationnelle et les conséquences irrationnelles qu'elle engendre.