Le porte-avions Charles de Gaulle se trouve dans son port d'attache de Toulon et en train d'être désinfecté. Plus de la moitié de l'équipage du navire est infecté par le Covid-19. Le chef d'état-major des armées général François Lecointre dit savoir d'où vient le virus. Même si un port français est évoqué durant une escale, il y a cependant eu un autre. Quoi qu'il en soit l'armée française accuse actuellement la perte de son fleuron maritime à cause du virus puisque ce dernier n'est plus opérationnel.
La version officielle du chef d'état-major des armées dit que le Covid-19 s'est propagé avec une forte probabilité après une escale à Brest sur le porte-avions Charles de Gaulle. «On suppose que la contamination a eu lieu en mars lors d'un séjour dans la ville portuaire du nord-ouest de la France», a déclaré le général François Lecointre à France Inter ce dimanche.
La contamination se serait faite à l'escale qui a eu lieu à Brest du 13 au 16 mars. Ayant été en mission depuis la fin du mois de janvier, les marins n'ont pas été, selon la version officielle, en contact avec un élément extérieur après cette escale à Brest. Durant cette escale une cinquantaine de marins est montée à bord alors que des centaines d'autres sont descendus à terre. Malgré les déclarations officielles des responsables militaires, l'origine exacte de la contamination n'est toujours pas claire. Durant la période d'escale, il n'y a pas eu d'interdiction stricte. Les militaires étaient dans la ville, sont allés dans des restaurants et des bars. A ce moment là, l'épidémie prenait déjà de l'ampleur en France et il restait moins d'une semaine avant la mise en quarantaine. L'amiral Christophe Prazuck a indiqué que le commandement du navire avait alors demandé aux marins qui souhaitaient débarquer, dont un tiers avaient de la famille à Brest, de ne pas se rendre sur la zone d'Auray située à 170 km qui était considérée comme un cluster. Les soldats ont été isolés à Toulon et dans ses environs pour une durée de deux semaines.
A la vérité, on ne sait pas encore si le Covid-19 est monté à bord en Bretagne. Quelques semaines avant d'entrer à Brest, le Charles de Gaulle est resté à Limassol, à Chypre. Là-bas, les marins du groupe aéronaval pouvaient aussi descendre à terre. Pour preuve, nous avons la tragique histoire qui s'est produite dans la nuit du 24 février. «A Limassol, un matelot féminin embarquée sur le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var est décédée suite à une chute du cinquième étage de son hôtel», a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Marine française, le capitaine de vaisseau Éric Lavault. La cause exacte de cet incident n'a pas été encore déterminée. Florence Parly a aussi évoqué, comme indiqué par RFI cette hypothèse chypriote en parlant d'une escale à Limassol du 21 au 26 février après que le Charles de Gaulle a participé aux opérations visant à frapper le groupe État islamique.
Pratiquement 60% des effectifs du porte-avions Charles de Gaulle ont été contaminés avec la moitié des cas qui sont asymptomatiques. Le bilan définitif de marins contaminés au Covid-19 sur le navire est de 1046, avait déjà indiqué samedi 18 avril la marine française. La ministre des Armées, Florence Parly, avait, devant la commission Défense de l'Assemblée nationale, évoqué le 17 avril que 1081 marins avaient été déclarés positifs sur la totalité du groupe aéronaval, incluant le porte-avions, les navires accompagnants et les aéronefs . Une grande majorité d'entre eux vient bien du porte-avions sur lequel le Covid-19 s'est répandu rapidement touchant pratiquement 60 % des effectifs. Le porte-parole de la marine nationale, le capitaine de vaisseau Eric Lavault a indiqué que «c'est le chiffre final». L'amiral Christophe Prazuck a déclaré au Journal du Dimanche que plus de 500 officiers militaires ont montré des symptômes et que 24 d'entre eux ont dû être soignés à l'hôpital avec deux d'entre eux qui sont dans une unité de soins intensifs.
Eric Lavault a dénoncé certaines informations «fausses» qui disent que le commandant du porte-avions aurait demandé sans succès à interrompre sa mission lors d'une escale à Brest, dans l'ouest de la France et il a rajouté qu' «il n'y a jamais eu de marin sous respirateur» à bord. Pourtant, un marin a déclaré à France Bleu sous couvert d'anonymat que «l'armée a joué avec notre vie». Selon lui, le commandant du porte-avions aurait proposé d'interrompre la mission quand le Charles de Gaulle était en escale à Brest, entre le 13 et 16 mars, écrit France Bleu.
Pour la France, un porte-avions atomique est une composante clé du potentiel nucléaire et un fleuron de la Marine. Pour Paris, ce navire est considéré comme un indicateur de la puissance militaire française permettant au pays de jouer un rôle important dans l'arène politique. Maintenant, le seul porte-avions français se trouve temporairement sans équipage et les forces armées privées de leur symbole militaire. Avec l'USS Theodore Roosevelt, le Charles de Gaulle est le second porte-avions contaminé par le virus. Eric Lavault a indiqué qu'«on échange avec les Américains sur ce sujet».
Olivier Renault