"En ce jour de commémoration du 105e anniversaire du génocide des Arméniens, je vous adresse, ainsi qu’à votre peuple, mes pensées les plus fraternelles et amicales. En ce 24 avril, la France se souvient de l’assassinat à Constantinople de 600 intellectuels arméniens, qui a marqué le début du génocide. La France est aujourd’hui plus que jamais engagée pour défendre la mémoire des victimes, combattre le négationnisme et porter les enseignements universels de cette page d’histoire tragique", a noté le chef de l'État français.
Ce dernier a rappelé que depuis l'an dernier, conformément aux engagements pris, la France a proclamé le 24 avril Journée de commémoration du génocide arménien.
"Tout en assurant le strict respect des consignes imposées par la situation sanitaire actuelle, j’ai décidé que cette journée serait marquée cette année encore, par une cérémonie restreinte à Paris, en présence de représentants du gouvernement français. C’est cet héritage et cette mémoire partagés qui fondent la relation si particulièrement entre nos deux pays. Aujourd’hui l’épidémie de coronavirus qui frappe le monde nous impose collectivement un nouveau défi, sanitaire, économique et social. Nous relèverons ces défis ensemble, et je sais que la France et l’Arménie œuvreront de concert dans les enceintes internationales en faveur d’un multilatéralisme plus efficace et de solidarités nouvelles. Quelques que soient les épreuves, les Arméniens peuvent compter sur l’amitié de la France. Fidèle à ses engagements, elle se tient à leurs côtés dans leur aspiration à la paix et à la prospérité", a conclu le dirigeant français.
En 2019, Emmanuel Macron a proclamé le 24 avril Journée de commémoration du génocide arménien. Bien que dans le calendrier officiel de la République française cette date soit apparue très récemment, cela fait des dizaines d'années que de nombreuses villes du pays organisent des commémorations avec la participation de présidents, de ministres, de députés et de maires. Des manifestations importantes étaient également prévues cette année, mais le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France a annoncé, vu la quarantaine due à la pandémie de coronavirus Covid-19, que cette fois "il faudra honorer la mémoire des victimes de la tragédie autrement".
Les marches traditionnelles à Paris et dans d'autres villes du pays ont été annulées. Seulement des personnalités officielles participeront au dépôt de fleurs devant les monuments durant la quarantaine et en respectant les mesures de sécurité. Des députés et des maires de nombreuses villes ayant une grande communauté arménienne ont prononcé des discours. La maire de Paris Anne Idalgo a déclaré qu'elle devait annuler la réception annuelle pour la communauté arménienne traditionnellement organisée à l'hôtel de ville de la capitale française. Et d'ajouter qu'elle déposera des fleurs devant le monument en hommage à Komitas avec des dirigeants du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France.
Le génocide arménien commis par les autorités de l'Empire ottoman est un crime non seulement contre le peuple, mais également contre toute l'humanité. C'est ce qu'a déclaré aujourd'hui, vendredi 24 avril, le premier ministre arménien Nikol Pachinian en s'adressant aux Arméniens du monde entier.
Rappelons qu'à la veille de la Première Guerre mondiale 2 millions d'Arméniens vivaient en Empire ottoman. Près de 1,5 million d'entre eux ont été tués entre 1915 et 1923. Les 500.000 Arméniens restants ont été éparpillés à travers le monde, c'est ainsi que la diaspora arménienne est apparue. À l'heure actuelle, dans la patrie historique en République arménienne vivent moins de 30% de tous les Arméniens ethniques du monde.
L'héritière de l'Empire ottoman, la République turque nie le génocide en réagissant durement à la reconnaissance internationale et à la condamnation de ce crime en ayant recours à la pression diplomatique contre des députés et des pays entiers.
Le parlement uruguayen était le premier dans le monde à adopter, le 20 avril 1965, un décret spécial qui reconnaissait et condamnait la tragédie de 1915. Des lois, des décrets et des décisions ont été ensuite adoptés concernant le génocide arménien par les parlements de Chili, d'Autriche, de Chypre, d'Argentine, du Canada, de Grèce, du Liban, de Belgique, de France, de Suède, de Slovaquie, des Pays-Bas, de Pologne, d'Allemagne, du Venezuela et de Lituanie. Le génocide arménien a été reconnu par 49 des 50 États américains (sauf le Mississipi), des dizaines d'organisations et d'associations internationales, notamment le Conseil œcuménique des églises, la Ligue des droits de l'homme, l'Union des congrégations juives orthodoxes d'Amérique. En 2019, les deux chambres du Congrès américain ont adopté une résolution reconnaissant le génocide arménien en Turquie ottomane en 1915-1922.