Le Pentagone met en garde contre une éventuelle «évasion massive» de milliers de combattants de l'Etat islamique en Syrie.
Plus de 10 000 combattants de l'Etat islamique, qui sont actuellement emprisonnés en Syrie par les alliés de l'armée américaine, menacent «de s'évader massivement», selon le service de surveillance du ministère de la Défense des Etats-Unis.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) détiennent actuellement environ 2000 combattants étrangers qui ont combattu pour l'Etat islamique et quelque 8000 combattants irakiens et syriens dans environ 20 centres de détention, a rapporté la semaine dernière l'inspecteur général du département de la Défense en charge de la campagne dirigée par les États-Unis contre l'Etat islamique.
L'opération Inherent Resolve (OIR), qui forme la Force opérationnelle interarmées combinée, signale que même si les FDS «continuent d'être déterminées pour sécuriser physiquement les prisons», il existe «un risque d'évasion massive», car les FDS réduisent leurs effectifs de gardiens en raison des nouvelles conditions sur le terrain.
Par exemple, les Forces démocratiques syriennes ont rassemblé la majeure partie de leurs forces suite à l'intrusion de la Turquie dans le nord-est de la Syrie en octobre 2019 pour combler le retrait des troupes américaines dans la région, note le rapport du ministère de la Défense Bureau de l'inspecteur général (DoD IG).
Selon le rapport, une évasion massive des djihadistes représente «une menace pour les intérêts de sécurité nationale des États-Unis et de la coalition et le succès de la mission qui a été lancée pour vaincre EI». Les inquiétudes au sein de l'armée américaine concernant l'avenir des prisonniers de l'Etat islamique en Syrie ont augmenté depuis l'intrusion turque, surtout depuis qu'un responsable militaire des FDS a averti que ses prisons «ne seront pas aussi sûres si nous combattons l'armée turque».
«Nous ne menaçons pas de libérer ces criminels, mais il n'est pas réaliste de nous demander à la fois de combattre les Turcs et de détenir tous les combattants de l'Etat islamique», avait déclaré le responsable à Business Insider.
En effet, le secrétaire à la Défense Mark Esper a déclaré une semaine après l'invasion turque que cela avait conduit à «la libération de nombreux détenus dangereux de l'Etat islamique» lorsque près de 800 femmes et enfants liés aux combattants de l'Etat islamique ont pu fuir un camp de prisonniers kurdes.
Cela ne veut pas dire que l'Etat islamique est au bord d'une résurgence majeure. Le rapport a réitéré que le groupe terroriste, privé de territoire et réduit à une «insurrection limitée» en Irak et en Syrie, reste tributaire des attaques menées avec des armes légères dans les provinces isolées et qu'il n'a pas les capacités de «maintenir des niveaux d'attaque élevés sur plusieurs mois».
Le rapport du DoD IG soulève cependant une nouvelle préoccupation au-delà des prisons en notant que les camps de déplacés, généralement mis en place pour y mettre les réfugiés, sont devenus un terrain fertile pour les partisans de l'Etat islamique en leur permettant de planifier de nouvelles activités dans un «environnement relativement permissif».
Le Département de la défense (DOD), le Département d'État (DOS) et l'USAID (la première agence de développement international au monde) ont eu du mal à mettre en place les conditions de sécurité et d'isolement des combattants et des sympathisants de l'Etat islamique, la prévention face à la propagande de l'Etat islamique et la protection sanitaire et le bien-être des résidents du camp qui sont principalement des femmes et des enfants», explique le rapport.
Aggravant à la fois le problème des prisons et des camps de déplacés, le rapport du Bureau de l'inspecteur général du ministère de la Défense (DoD IG) indique que la Force opérationnelle interarmées combinée et l'Opération de résolution inhérente (CJTF – OIR) n'a pas eu de mission pour soutenir les prisons en Syrie depuis novembre 2019 car les Etats-Unis ont plutôt utilisé les pays partenaires et les entités multinationales pour répondre à cette logistique.
Selon l'Envoyé spécial des États-Unis auprès de la Coalition mondiale contre l'EI, le groupe terroriste compte encore environ 14 000 à 18 000 terroristes répartis entre la Syrie et l'Irak.
Olivier Renault