Le débarquement de soldats de l'armée américaine en France au port de La Rochelle intrigue les Français. Ouest-France écrit que «l’armée américaine débarque à La Rochelle pour renforcer la défense européenne», «pour renforcer le flanc est de l’Europe face à la Russie».
Pour le Cercle de Réflexions Interarmées (CRI) composés de plusieurs anciens généraux de l'armée française, cette agitation «ce débarquement est plus symbolique, dérisoire et pathétique qu'important» tout en étant une erreur politique.
Selon le service presse de l'armée américaine, «la 101st Airborne Division Combat Aviation Brigade, de Fort Campbell, Kentucky, remplacera la 3e Infantry Division Combat Aviation Brigade. Les soldats du 101e ont commencé à arriver en Allemagne depuis la fin du mois de juin. Leur équipement devrait arriver en juillet dans les ports de La Rochelle, en France, et d'Alexandroupolis, en Grèce».
Pour l'aspect sanitaire, les soldats de la 101e brigade, selon le service presse, ont été testés au Covid-19 avant le départ des États-Unis et une fois arrivée à Nuremberg, en Allemagne, les soldats américains sont transférés dans la zone d'entraînement de Grafenwoehr pour y subir des tests Covid-19. Ils doivent rester deux semaines en quarantaine avant d'entamer leur voyage qui débute en direction de la France et de la Grèce pour récupérer leurs véhicules pour ensuite se rendre dans divers pays pour une formation multinationale avec des alliés et des partenaires de l'Otan. Depuis avril 2014, l'armée américaine Europe dirige les efforts terrestres du département de la Défense de l'Atlantique en faisant tourner des unités basées aux États-Unis en Europe pendant neuf mois à chaque fois.
Aujourd'hui, depuis la chute du rideau de fer en mai 1989, l'Otan se trouve en Pologne, dans les Pays Baltes, juste sur les frontières avec la Russie alors qu'en 1990 les Américains avaient promis aux Russes de ne pas élargir l’Otan à l’Est. En février 1990, le secrétaire d’Etat américain, James Baker, avait déclaré être d'accord avec la déclaration du dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, qu' «il est entendu, c’est clair que l’élargissement de la zone de l’Otan est inacceptable» en concluant par: «Nous sommes d’accord avec cela». Malgré la promesse américaine faite oralement, l'Otan se trouve aujourd'hui dans les pays de l'ancien du Pacte de Varsovie.
Dans une tribune publiée sur le site Défendre la Défense le 1 mai 2020 une dizaine de militaires français1 de haut rang ayant quitté le service et regroupés au sein du Cercle de réflexion interarmées (CRI), s’inquiètent de la participation de la France à l'exercice militaire de l’Otan. Pour eux, «organiser des manœuvres de l’Otan, au 21ème siècle, sous le nez de Moscou, plus de 30 ans après la chute de l’URSS, comme si le Pacte de Varsovie existait encore, est une erreur politique confinant à la provocation irresponsable». Ces anciens militaires déclarent que «y participer (Defender-Europe 20, Atlantic Resolve) révèle un suivisme aveugle, signifiant une préoccupante perte de notre indépendance stratégique».
Les officiers rappellent qu’ «en 1966, il y a plus d’un demi-siècle, Charles de Gaulle dont tout le monde se réclame, mais que personne n’ose plus imiter – sauf en posture – , avait purement et simplement signifié à l’allié américain à qui l’Europe et la France devaient pourtant leur survie, qu’il n’était plus le bienvenu à Fontainebleau. C’est que le «Connétable», ayant chevillé à l’âme l’indépendance du pays, n’avait pas oublié qu’en 1944 Roosevelt avait l’intention de mettre la France sous tutelle administrative américaine».
Pour le Général français (2S) Dominique Delawarde, ancien chef «Situation-Renseignement-Guerre électronique 19» à l’état-major interarmées de planification opérationnelle, expert de la guerre cybernétique, contacté par Observateur Continental, «ce débarquement est plus symbolique, dérisoire et pathétique qu'important compte tenu des évolutions des équilibres mondiaux post-covid que nous allons connaître».
(1) Général (2S) François Torrès, Général (2S) Jean-Claude Rodriguez, Général (2S) Jean-Serge Schneider, Général (2S) Grégoire Diamantidis, Général (2S) Marc Allamand, Général (2S) Jean-Pierre Soyard, Contre-Amiral (2S) François Jourdier, Général (2S) Jean-Claude Allard, Général (2S) Christian Renault, Capitaine de Vaisseau (ER) Alexis Beresnikoff, Monsieur Marcel Edouard Jayr.
Olivier Renault
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs