Cela fait longtemps que les chercheurs disent que les humains pourraient perdre le chromosome qui détermine l'appartenance au sexe masculin. Une récente étude de biologistes danois et américains a révélé que, selon leurs estimations, le chromosome Y pourrait complètement disparaître dans 4,6 millions d'années. Qu'arrivera-t-il aux hommes?
La majeure partie de notre information héréditaire est contenue dans les chromosomes qui se trouvent dans le noyau de chaque cellule, et l'appartenance à tel ou tel sexe est déterminée par la combinaison des deux chromosomes sexuelles – X et Y. Ce système existe non seulement chez l'homme, mais également chez la plupart des mammifères. La combinaison XX développe un organisme de type féminin, et XY – de type masculin.
Ces deux chromosomes se différencient aussi bien par leur forme que par la composition génétique, même si initialement ils étaient de taille identique et contenaient les mêmes gènes. Le fait est que le chromosome Y n'est transmis que de père en fils, ce qui signifie que les gènes à l'intérieur ne peuvent pas se combiner, ce qui entraîne l'accumulation de mutations négatives. A chaque génération elles dégradent de plus en plus ce chromosome.
Le chromosome masculin contient très peu de gènes utiles. Le plus important étant le gène SRY qui détermine le sexe masculin de l'organisme et sert d'interrupteur génétique pour son développement selon le type masculin. Il existe également des gènes nécessaires pour une formation normale des spermatozoïdes. Tous les autres sont des déchets génétiques.
Depuis l'apparition de l'Homo sapiens son chromosome Y a déjà perdu 1393 des 1438 gènes initiaux. Et ce processus se poursuit. C'est pourquoi des chercheurs ont exprimé des craintes que le chromosome Y de l'homme puisse complètement disparaître dans quelques millions d'années.
Les hommes survivront-ils? Voici ce qu'en pense la professeure Jenny Graves de l'Université nationale australienne: "Les hommes perdront complètement la bataille des sexes. Le processus est déjà lancé." A cela la chercheuse impartit 5 millions d'années, se référant aux exemples du monde animal. Plusieurs espèces de rongeurs ont déjà perdu leur chromosome Y: le rat épineux du Japon, le campagnol-taupe transcaucasien et d'autres.
Et voici qu'un groupe de chercheurs danois et américains publie une nouvelle étude parlant d'un délai encore plus court: 4,6 millions d'années. Et bien que le chromosome Y ait élaboré plusieurs mécanismes censés ralentir le processus de sa disparition, les scientifiques sont persuadés que cela ne le sauvera pas, même si les débats à ce sujet dans le milieu scientifique perdurent depuis longtemps.
Ce n'est pas la première fois que des communiqués parlent de la disparition du chromosome Y et avec lui des hommes. L'argument étant qu'à une époque les ancêtres de l'homme possédaient deux chromosomes sexuels identiques de même taille, puis celui qui déterminait le sexe masculin a commencé à perdre des gènes et à diminuer. Cependant, les hommes ne doivent pas s'attendre à des problèmes de la part du chromosome Y.
Premièrement, tous les processus ne vont pas toujours inéluctablement dans le même sens. Par exemple, un enfant grandit activement après la naissance. Est-ce que cela signifie qu'il grandira toute sa vie pour atteindre une taille à ne plus passer dans les portes? Dans l'évolution la réduction et l'augmentation de la taille ne sont pas non plus sans limite. Deuxièmement, la présence en soi d'un chromosome à part déterminant le sexe masculin n'est pas du tout obligatoire dans la nature. Il existe des espèces où les mâles ne possèdent pas de tel chromosome, ils ont simplement un chromosome de moins que les femelles. Ou leur sexe n'est pas du tout déterminé par les chromosomes, mais par des conditions extérieures. C'est pourquoi l'étude de l'histoire de l'évolution du chromosome Y est très intéressante, mais n'apporte aucun pronostic effrayant.
Plusieurs espèces de rongeurs ont déjà connu ce scénario. Ils possèdent toujours des mâles et des femelles, et le moyen de reproduction reste le même, alors que le gène SRY déterminant l'appartenance sexuelle s'est simplement déplacé dans un autre chromosome.
Il se pourrait que l'humanité suive la même voie.
Alexandre Lemoine
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