Histoire commune, échanges économico-commerciaux, politiques, éducatifs et culturels intenses, flux humains, l’intégration au sein de l’espace eurasiatique n’a probablement jamais été aussi forte depuis la fin de l’URSS. Le rôle attribué à la jeunesse des pays concernés en est pour beaucoup.
Il apparait aujourd’hui de façon évidente que si l’intégration eurasienne ait pu, principalement à partir des années 2000 et à ce jour, se développer à un rythme intense et toucher non seulement l’orientation économico-commerciale, cela est dû justement à la compréhension des populations concernées quant à l’intérêt majeur d’un tel projet. Et sans le soutien des jeunesses des pays appartenant à l’espace eurasiatique, notamment ex-soviétiques, il aurait probablement été difficile d’obtenir les résultats souhaités, y compris même avec le soutien à ladite intégration de la part des élites politiques des pays en question.
A cet effet, plusieurs raisons peuvent être avancées. Un bagage culturel, linguistique et historique commun certain, les liens familiaux, les échanges dans la sphère économique et commerciale, et bien évidemment le secteur de l’éducation et de l’enseignement. Ce dernier est d’autant plus important qu’il concerne aussi bien l’éducation familiale, notamment l’attachement aux valeurs et traditions communes. Car en effet, ce qui rassemble un Russe, Kazakh, Biélorusse, Arménien ou un Kirghize, durant ne serait-ce que la célébration chaque année de la Fête de la Victoire sur le nazisme, est quelque chose qui probablement ne peut être compris par ceux qui n’appartiennent pas à cette histoire commune, notamment en ce qui concerne la question sacrée des sacrifices endurés par le peuple multiethnique soviétique. Mis à part évidemment pour les étrangers qui habitent dans l’espace eurasien ou qui en possèdent une connaissance réelle, approfondie et sans clichés.
Au-delà de l’éducation familiale, s’en suit évidemment celle de l’école primaire, du secondaire et de l’enseignement supérieur. Et là aussi et malgré les innombrables bourses offertes aussi bien par Washington (principalement) que Bruxelles, donc atlantistes, en vue de casser les liens des peuples eurasiens, il s’est avéré que les fonds alloués ne suffisent pas à détruire ces liens en Eurasie.
D’autre part, le système éducatif de l’espace eurasien s’adapte lui aussi à la réalité multipolaire et commence à répondre aux attaques extérieures. Dans le calme et sans hystérie. Ainsi et à titre d’exemple, à la veille de la nouvelle année universitaire vient de paraitre le manuel appelé Intégration eurasienne: idées, objectifs, processus et perspectives. Parmi les auteurs dudit manuel on retrouve plusieurs chercheurs et professeurs renommés de Russie et d’Arménie.
Comme l’annonce Armenpress, la principale et plus ancienne agence de presse arménienne, le manuel en question – offert aux étudiants, doctorants et aux enseignants d’Arménie et des autres pays de l’Union économique eurasiatique est un produit unique, n’ayant pas d’analogues dans la littérature scientifique russe et arménienne. Et représente par la même occasion un guide d’étude pour tous ceux qui souhaitent découvrir ce qu’est l’Union économique eurasiatique (UEEA), comprendre l’essence d’un phénomène comme l’eurasisme et l’intégration eurasienne, ainsi que de découvrir le contenu de ces processus, en premier lieu économiques, se produisant aujourd’hui dans l’espace post-soviétique.
L’inquiétude et la vive opposition de l’establishment atlantiste vis-à-vis de l’UEEA est, les connaissant, d’une certaine façon compréhensible. Notamment leur peur permanente de renaissance d’une URSS sous une autre forme. Et cette inquiétude est justement expliquée par le fait qu’au-delà d’une large part de la génération plus âgée des pays eurasiens qui approuve les processus en cours, le soutien de la majorité des jeunes d’Eurasie pousse les élites atlantistes à des gesticulations supplémentaires.
En effet et pour rappel, lors d’un récent sondage en République d’Ouzbékistan, pays d’Asie centrale de plus de 30 millions d’habitants, ¾ des répondants ont déclaré soutenir l’intégration de leur pays au sein de l’Union économique eurasiatique. Fait fortement révélateur: l’essentiel des partisans de l'adhésion se trouvait au sein des plus de 40 ans ayant connu l’URSS et des jeunes de moins de 20 ans – nés après la fin de l’Union soviétique.
Les fondations washingtoniennes comme bruxelloises, continueront certainement et par tous les moyens à tenter de ralentir ces processus. Mais ce que l’establishment occidental ne comprend pas – c’est qu’il y a des choses qui ne s’achètent pas. Les valeurs de la jeunesse eurasienne dans sa large majorité y compris.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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