L'ancien directeur général du New York Times Julius Ochs Adler a dévoilé dans une note de service les détails de l'entretien sur le bombardement atomique de l'URSS, qui a eu lieu en avril 1951 dans la résidence de l'ancien premier ministre britannique Winston Churchill.
Comme l'indique le journal britannique The Times, une note de service a été récemment découverte qui stipule que dans sa stratégie favorite de guerre froide Churchill proposait de menacer par une frappe nucléaire contre la Russie et la Chine pour obtenir leur obéissance.
Ainsi, lors d'un déjeuner dans sa résidence de Kent, Churchill, qui était à l'époque à la tête de l'opposition, critiquait la politique britanno-américaine "faible et non agressive" à l'égard de la Russie.
Comme écrivait Warren Adler, "Churchill m'a demandé assez brusquement d'indiquer le nombre de bombes atomiques à notre disposition, ainsi que d'apporter une estimation de l'arsenal russe".
"J'ai répondu que, heureusement, je ne fais pas partie des hauts rangs du gouvernement et ne possède pas de connaissances sur ce terrible secret", avait déclarait Adler.
Selon son affirmation, par la suite Churchill a étonné les auditeurs en déclarant que s'il était premier ministre ayant l'accord de notre gouvernement, il fixerait à la Russie plusieurs conditions "sous la forme d'ultimatum".
"D'après lui, les Russes refuseraient et dans ce cas il faudrait informer le Kremlin que s'il ne changeait pas d'avis, nous lancerions des bombes atomiques sur 20 ou 30 villes", cite-on les propos de l'Américain.
Il est précisé que Churchill supposait que "les Russes refuseraient de nouveau" d'examiner nos conditions.
"Dans ce cas nous devrions lancer une frappe contre l'une des cibles et, si nécessaires, contre les autres. Définitivement, après la troisième frappe la panique prendrait le dessus non seulement parmi les civils, mais également au Kremlin, et nos conditions seraient alors remplies", a indiqué Warren Adler.
Selon le journal, la note d'Adler a été découverte par le professeur Richard Toye, directeur du département d'histoire de l'université d'Exeter. Il a déclaré que Churchill avait déjà fait une telle proposition avant août 1949 – quand l'URSS ne possédait pas l'arme nucléaire. La véritable révélation a été le fait qu'il n'avait pas non plus renoncé à son idée en 1951.
Richard Toye a souligné qu'une fois au pouvoir Churchill avait opté pour une autre stratégie et ne se comportait pas aussi hostilement. Le spécialiste pense que les déclarations de l'ancien premier ministre britannique étaient plutôt une provocation et un "élément de jeu". Selon lui, d'un côté, la menace de lancer une frappe nucléaire contre des gens suscite un choc. Mais d'un autre, en exprimant une menace suffisamment sérieuse et persuasive, il ne faudra pas la mettre à exécution.
Selon Richard Toye, Churchill voulait effectivement mettre un terme à la guerre froide et pensait qu'ensemble avec d'autres grandes personnalités il parviendrait à élaborer une telle solution.
En 2014, le journaliste Thomas Maier a publié le livre When Lions Roar (Auand les lions rugissent) qui stipule qu'en 1947 Churchill avait demandé au sénateur républicain Styles Bridges de persuader le président américain Harry Truman de lancer une bombe atomique sur l'URSS pour rayer de la surface de la Terre le Kremlin et transformer l'Union soviétique en un problème mineur. Sinon, disait le politique, l'URSS attaquerait les Etats-Unis dans deux ou trois ans.
Au cours des premières années après la Seconde Guerre mondiale les Etats-Unis étaient le seul pays du monde à posséder l'arme nucléaire. La conception de la première bombe atomique de l'URSS s'est terminée le 29 août 1949 - la bombe RDS-1 a été appelée Joe One par les Américains en référence à Joseph Staline.
Mark Bridge
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