Le président turc Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre ce jeudi 1er octobre que "Jérusalem appartient à la Turquie", faisant allusion au contrôle de la vieille ville par l'Empire ottoman pendant une grande partie de l'époque contemporaine. C'est ce qu'écrit le quotidien The Times of Israel.
"Dans cette ville, que nous avons dû quitter en larmes pendant la Première Guerre mondiale, il est encore possible de trouver des traces de résistance ottomane. Jérusalem est donc notre ville, une ville de nous", a-t-il déclaré aux législateurs turcs lors d'un discours à Ankara. "Notre première qibla [direction de la prière en Islam] est al-Aqsa à Jérusalem."
L'Empire ottoman régnait à Jérusalem de 1516 à 1917. La République turque contemporaine, son Etat successeur, soulignait depuis longtemps son lien solide avec la ville sacrée en condamnant régulièrement les tentatives présumées d'Israël de la "judaïser", ainsi que la reconnaissance par l'administration américaine en décembre 2017 de Jérusalem en tant que capitale de l'Etat hébreu, rappelle le quotidien.
"Une autre crise attentivement suivie par notre pays et notre nation, c'est l'oppression des Palestiniens par Israël. La question de Jérusalem n'est pas un problème géopolitique ordinaire pour nous. En effet, l'aspect physique actuel de la Vieille ville, qui est le cœur de Jérusalem, a été imaginé par Soliman le Magnifique, avec ses murs, son bazar et ses nombreux bâtiments. Nos ancêtres exprimaient pendant des siècles leur respect avec une haute estime de cette ville", a ajouté Recep Erdogan.
Le peuple palestinien vivait à Jérusalem "pendant des milliers d'années", mais il a été occupé et ses droits ont été bafoués, a conclu le dirigeant turc.
Rappelons que le 6 décembre 2017, le président américain Donald Trump a déclaré que Washington reconnaissait Jérusalem en tant que capitale d'Israël en entamant la procédure de déménagement de son ambassade de Tel Aviv.
A l'issue de la réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères le 9 décembre 2017 au Caire, la Ligue arabe a appelé à la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 avec sa capitale à Jérusalem-Est.
L'Assemblée générale des Nations unies pendant la session extraordinaire du 21 décembre 2017 a approuvé par 128 voix pour, 35 abstentions et 9 voix contre la résolution appelant à proclamer invalide la décision du président américain de reconnaître Jérusalem en tant que capitale d'Israël. Dans cette résolution les Etats membres de l'Onu ont réaffirmé le statut particulier de Jérusalem en soulignant que toutes les mesures visant à le changer "n'ont pas de force juridique". L'Assemblée générale des Nations unies a également appelé les pays à ne pas ouvrir de représentations diplomatiques à Jérusalem. Les Etats-Unis, Israël, le Honduras, le Guatemala, Nauru, la Micronésie, les îles Marshall, Palau et le Togo ont voté contre cette résolution. L'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, le Turkménistan et plusieurs autres délégations se sont abstenus.
Le 14 mai 2018, à Jérusalem s'est déroulée une cérémonie solennelle d'inauguration de l'ambassade américaine. La délégation américaine à cet événement était dirigée par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Le président Trump s'est adressé aux participants à la cérémonie en visioconférence depuis Washington.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs