L'expansion de la Chine fait terriblement peur aux Etats-Unis alors que Mike Pompeo a fait un tour diplomatique au Japon ce mardi pour s'assurer son alliance et accuser Pékin d' «exploitation, de corruption et de coercition» dans la région.
Le Cambodge nie son intention d'autoriser la Chine à utiliser une base militaire dans le golfe de Thaïlande. La démolition d'une installation financée par les Etats-Unis sur la base navale de Ream a suscité des questions sur un éventuel accord avec Pékin. Alors qu'un général américain a affirmé que la Chine allait s'installer dans la base militaire, le gouvernement cambodgien a déclaré que la structure avait été démolie dans le cadre d'un déménagement prévu vers un site plus grand. Les Etats-Unis s'inquiètent des volontés stratégiques de la Chine d'accéder à l'espace maritime du Cambodge dans le Golfe de Thaïlande.
Comme indiqué par le South China Morning Post (SCMP), le gouvernement cambodgien a officiellement nié ce lundi les suggestions selon lesquelles la démolition d'une installation financée par les Etats-Unis dans l'une de ses bases navales est un signal que la Chine se verra accorder des privilèges d'avoir une base là-bas, affirmant que les travaux ne concernaient que des améliorations d'infrastructure planifiées. La déclaration du Comité national pour la sécurité maritime faisait suite à de récents rapports des média mettant en évidence de nouvelles inquiétudes concernant les projets présumés de la Chine sur la base navale cambodgienne de Ream dans le golfe de Thaïlande. Les accusations étaient basées sur des photos satellites montrant l'installation démolie et des déclarations de responsables cambodgiens. Le 15 août dernier, un haut gradé américain a confirmé, cité par Voice of America, en pleine épidémie de la Covid-19, que le Cambodge et la Chine ont signé un accord visant à la mise en place d’une base navale chinoise dans la province de Preah Sihanouk. Le brigadier général Joel B. Vowell a, en effet, déclaré à plusieurs média que la construction de la base navale de Ream démarrera l’année prochaine. Selon lui, le Cambodge autorisera la Chine à accéder à son espace maritime dans le Golfe de Thaïlande.
Le Cambodge a déclaré que son quartier général de commandement tactique, «une unité opérationnelle chargée de la mise en œuvre de l'application de la loi multi-agences» en coopération avec les Etats-Unis et l'Australie, avait été une structure temporaire, et des plans ont été lancés fin 2017 pour le déplacer. Il a déclaré, selon le SCMP, que l'installation existante était trop petite et manquait d'installations d'accueil, avec une capacité limitée pour la formation et d'autres activités, de sorte qu'une installation plus grande était en cours de création dans un nouvel emplacement, sans changement de fonction ou de relations avec les partenaires étrangers. La Chine est l’allié politique le plus proche du Cambodge et la principale source de soutien économique, par l’aide et l’investissement. Le premier ministre cambodgien Hun Sen a déclaré en juin que la Chine ne s'était pas vu accorder le droit exclusif d'utiliser la base, tout en affirmant également que les navires de guerre de toutes les nations, y compris ceux des Etats-Unis, étaient invités à y accoster. Il a souligné que la Constitution cambodgienne n’autorisait pas l’établissement de bases militaires étrangères sur son sol.
D'après le SCMP, le Wall Street Journal a rapporté l'année dernière, qu'une première ébauche d'un accord réputé vu par les responsables américains permettrait à la Chine d'utiliser la base de Ream pendant 30 ans, où elle serait en mesure de poster du personnel militaire, de stocker des armes et d'accoster des navires de guerre. Les analystes occidentaux estiment que l’obtention de droits à la Chine au Cambodge élargirait considérablement le profil militaire stratégique de Pékin et ferait pencher l’équilibre régional des forces d’une manière qui ferait pression sur les pays voisins de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), dont les préoccupations en matière de sécurité ont traditionnellement été plus étroitement liées aux Etats-Unis. Le SCMP précise que les spéculations sur l'autorisation de la Chine à des installations militaires dans la région ont été intensifiées par un accord donnant à une entreprise chinoise le contrôle d'une grande partie du littoral et la construction d'un aéroport sur ses terres qui semblait être conçu pour accueillir des avions militaires ainsi que des avions civils.
Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du département américain du Trésor a annoncé le mois dernier qu’il imposait des sanctions en vertu de la loi américaine contre l’Union Development Group (UDG), la société chinoise à l’origine de l’accord foncier côtier. Il a, comme l'écrit le SCMP, accusé la société d'avoir «expulsé les Cambodgiens de leurs terres et dévasté l'environnement, nuisant aux moyens de subsistance des communautés locales, le tout sous prétexte de transformer le Cambodge en un centre logistique régional et une destination touristique. Le département du Trésor américain a déclaré en annonçant les sanctions que la société chinoise avait acquis en 2008 un bail de 99 ans du gouvernement cambodgien pour le développement du projet Dara Sakor, un projet touristique, couvrant près de 20% du littoral cambodgien en formant une société locale pour devenir le locataire. La société est ensuite revenue à la propriété chinoise, a déclaré le département du Trésor, toujours d'après le SCMP.
Pierre Duval
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs