Le coût humain en raison de la Covid-19 est immense indique Die Welt dans un article: «Pour la première fois en plus de 20 ans, le nombre de pauvres augmentera à nouveau dans le monde. Deux régions en particulier sont gravement touchées».
Le média allemand écrit que «la crise de la Covid-19 a mis de nombreuses industries et personnes dans une situation qui menace leur existence même», mais aussi mauvais que les chiffres soient, «personne n'est menacé par la faim et la mort qui en résulte». L'auteur, a un regard angélique sur la situation. En effet, depuis des années, la grande pauvreté bien avant l'arrivée de la pandémie mondiale provoque une forme de famine physique et aussi mentale, provoquant la mort sociale et physique, par exemple dans le pays de Merkel, une situation connue en France aussi.
Si l'auteur de l'article sous-estime la situation grave en Europe d'avant la pandémie, et si il déclare que «cela semble être complètement différent dans de grandes régions d'Asie et d'Afrique», comme «c'est ce que montrent les calculs récemment publiés par la Banque mondiale», on peut alors s'imaginer que la situation en Asie et en Afrique devrait être de fait terrifiante. On apprend que «jusqu'à 150 millions de personnes dans le monde tomberont dans une telle pauvreté extrême cette année et l'année prochaine en raison de la crise et qu'ils se trouveront en danger de mort, provoquant 150 fois plus de victimes que la pandémie elle-même» et que «pour la première fois depuis 1998, le nombre de pauvres augmentera à nouveau dans le monde et des années de progrès seront annulées».
La Banque mondiale appelle désormais à des mesures énergiques pour éviter une catastrophe. Le chef de la Banque mondiale, David Malpass, déclare que «les coûts humains de la Covid-19 sont immenses» car «la pandémie et la récession mondiale pourraient faire tomber 1,4 pour cent de la population mondiale dans l'extrême pauvreté» et que «la limite pour cela est fixée à un revenu de 1,90 dollar par jour. Ce montant, déterminé par ceux qui ne souffrent pas et qui ne souffriront, peut être, jamais de la pauvreté, est considéré comme le minimum dont une personne a besoin pour survivre».
Depuis le début des années 90, selon Die Welt, «le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté absolue est passé de plus de 35 à environ 8,4% - un succès unique ces dernières années, principalement dû à l'essor économique de la Chine». Ce succès est dû aux progrès dans de nombreux pays en développement et émergents, par exemple en Inde ou en Indonésie sur cette période. Mais, cette année, la proportion des personnes extrêmement pauvres dans la population mondiale augmentera pour la première fois depuis plus de 20 ans, prédit la Banque mondiale, de 8,4 à 9,1% dans son scénario de base. Cela suppose que la production économique mondiale diminuera de 5% en 2020. Si les choses devaient empirer et que cela devrait même baisser de 8%, la Banque mondiale s'attend à ce que la proportion de pauvres atteigne les 9,4%. Traduit en chiffres absolus, cela signifie que d'ici la fin de 2020, entre 60 et 87 millions de personnes de plus devront vivre sous le seuil de 1,90 $ / jour qu'en 2019. Par rapport aux prévisions faites avant le début de la pandémie et à celles d'une nouvelle baisse de pauvreté cette année, la différence est de 88 à 114 millions.
Au cours de l’année à venir, la proportion des personnes extrêmement pauvres dans la population mondiale diminuera un peu dans le meilleur des cas, mais stagnera dans le pire des cas. Pourtant, le nombre absolu continuerait d'augmenter à mesure que la population mondiale croîtrait en même temps. Mais surtout, par rapport aux prévisions initiales, la différence augmenterait encore. «À la fin de 2021, il y aura donc entre 111 et 150 millions de personnes de plus en pauvreté absolue que prévu», avertissent, donc, les élites mondiales.
La Banque mondiale dresse un tableau plus sombre par rapport aux prévisions précédentes. En avril, l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires de Washington parlait de 35 à 65 millions de personnes qui pourraient sombrer dans la pauvreté absolue à cause de la crise économique, la Banque mondiale elle-même en attendait 70 à 100 millions début juin. Maintenant, elle a ajusté le nombre de manière significative à la hausse. Les experts estiment que «deux régions sont particulièrement touchées: l'Afrique au sud du Sahara et l'Asie du Sud». «Près de 90 pour cent de ceux qui se trouvent désormais également sous le seuil de pauvreté absolue y vivent», indique Die Welt.
Philippe Rosenthal
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