L’assassinat du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh a connu la condamnation dudit acte terroriste non seulement par les autorités iraniennes, mais également de nombre d’autres acteurs internationaux. Du côté occidental, le manque d’actions visant à sanctionner le commanditaire probable de l’assassinat confirme une approche tolérante vis-à-vis d’un comportement voyou, ne datant pas d’hier.
Si plusieurs pays ont déjà vivement condamné l’assassinat terroriste commis dans un pays souverain, l’establishment occidental, plus particulièrement européen, n’est pas à sa première contradiction. En effet, les condamnations qui émanaient de Bruxelles et de nombre d’autres capitales européennes se sont fait timides, ce que d’ailleurs n’ont pas manqué de faire remarquer les hauts responsables iraniens.
Téhéran affirme avec certitude quant à l’implication israélienne dans ledit assassinat, en coordination probable avec Washington. Bien que l’enquête suive encore son cours, il n’empêche que l’implication de Tel-Aviv serait effectivement la plus plausible. Mais vraisemblablement pas une raison suffisante pour l’establishment européiste de parler de sanctions éventuelles visant l’Etat sioniste. A la grande différence de l’approche bruxelloise utilisant la notion du highly likely sur d’autres sujets, bien souvent sans preuves formelles.
Le cas du prétendu empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny, se trouvant actuellement en Allemagne, en représente d’ailleurs un exemple flagrant. Il serait bon de rappeler que depuis le malaise qu’il a subi alors qu’il se trouvait sur un vol intérieur russe, ce sont bien les médecins locaux qui lui ont procuré les premiers soins – lui permettant de partir par la suite en Allemagne pour poursuivre son traitement, avec l’accord des autorités de Russie. Depuis cette histoire, et alors que rien ne menace désormais sa vie, les élites occidentales-européistes, dont Merkel et Macron, ne cessent de pointer du doigt l’implication «probable» du gouvernement russe dans ce prétendu empoisonnement, sans aucune preuve formelle. Et par la même occasion en accentuant la rhétorique quant à de nouvelles sanctions occidentales devant viser la Russie.
Approche tout de même assez paradoxale, sachant qu’un pays comme Israël poursuive en coordination avec son allié washingtonien la réalisation d’assassinats ciblés, aux méthodes purement terroristes, dans des pays souverains, le tout en violation flagrante du droit international. Un comportement voyou que les élites occidentales non seulement ne sont vraisemblablement pas prêtes à sanctionner, mais même à condamner d’une façon digne de ce nom.
Evidemment, la géopolitique joue clairement un rôle majeur dans cette contradiction. Si des puissances non-occidentales sont régulièrement pointées du doigt par le camp atlantiste pour des comportements prétendument «anormaux», notamment la Chine, la Russie, l’Iran, le Venezuela, ou la Turquie, les représentants de ce même camp «moralisateur» préfèrent fermer les yeux, voire simplement approuver les violations commises par leurs alliés, qu’ils soient israéliens ou saoudiens.
Dans cette optique, les meilleures réponses aux comportements voyous et à l’hypocrisie qui couvre ces comportements, seraient probablement non seulement les condamnations politico-diplomatiques, mais des ripostes fermes – allant de la mise en place d’instruments de sanctions pouvant frapper sensiblement les intérêts des adversaires à la multipolarité, de structures d’enquêtes internationales indépendantes de centres occidentaux, ainsi que des capacités techniques et d’analyse d’interaction en vue de contrer les menaces visant les nations souveraines.
Ces mécanismes seraient d’autant plus nécessaires car les élites atlantistes continueront, pratiquement sans aucun doute, à faire les aveugles et les muets dans les dossiers impliquant leurs principaux partenaires, et à poursuivre la rhétorique accusatoire et moralisante vis-à-vis des adversaires géopolitiques, avec comme base bien souvent la notion du highly likely.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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