La question est discutée entre Charles Reviens, ancien haut fonctionnaire, spécialiste de la comparaison internationale des politiques publiques et l'historien, Edouard Husson dans un entretien publié dans Atlantico.
La gestion de la crise de la Covid-19, la montée des crimes, des violences dans les rues de France, de la pauvreté, du chômage, des faillites des sociétés, montrent la capacité réelle de l'Etat français à gérer. Et, cette crise sanitaire a permis de crever l'abcès. On apprend qu' «Emmanuel Macron n’a rien vécu», qu' «il se meut dans un univers protégé», que la France est livrée à une «aristocratie stato-financière». Finalement, tout s'explique facilement.
Une pandémie qui fait tomber les masques. Pour Edouard Husson les circonstances actuelles avec la Covid-19 ne sont que le révélateur de plusieurs points. Il montre du doigt le président français, Emmanuel Macron, qui se présente comme un «chef de guerre» mais qui a «son incapacité à faire face à une épidémie d’intensité très relative si l’on se fonde sur les chiffres de la mortalité».
Au-delà, l'historien épingle Edouard Philippe, ancien premier ministre qui a aussi agi «comme un technocrate dépassé par les événements», l'actuel premier ministre, Jean Castex; le ministre de la Santé, Olivier Véran ou Jérome Salomon, le directeur général de la Santé, qui, eux, «révèlent une grave baisse de niveau dans la formation de nos médecins» et où le facteur humain est «totalement absent» les comparant au docteur Knock. Mais, c'est la gestion administrative des hôpitaux et des structures de la santé qu'il dénonce, une gestion mise, elle aussi en place dans le passé, par des technocrates qui, justement ne connaissaient pas la réalité du terrain et donc les besoins réels de la société française alors qu'ils proviennent d'une caste issue des grandes écoles de France, comme cela est le cas pour Emmanuel Macron qui est un produit de l'ENA. La bureaucratie, le manque de capacité organisatrice, de bon sens et de vue synthétique sont la cause de la situation actuelle.
«Nous avons besoin de personnalités politiques». Edouard Husson indique qu' «il aurait fallu faire confiance à nos grands chercheurs, laisser faire la médecine de ville, solliciter nos industriels pour faire fabriquer ou importer ce qui nous manquait en stock», qu' «il aurait été vital de fermer nos frontières, de faire confiance à l’immunité collective tout en protégeant de manière ciblée les personnes à risque» et que pour ça «nous ne pouvons pas être gouvernés par des bureaucrates» car «nous avons besoin de personnalités politiques dans un pays qui ait gardé une culture industrielle», une analyse partagée par Charles Reviens qui dit que «dans le domaine sanitaire, une étude récente analyse la progressive dégradation de fait de la grande institution républicaine qu’est depuis 1945 l’hôpital public sous le poids d’une bureaucratisation et centralisation croissante».
Police, éducation nationale. Le même constat mauvais est souligné par Charles Reviens qui rappelle que «les augmentations très importantes de dépenses publiques françaises (tout simplement les plus élevées des 37 pays membres de l’OCDE) n’ont absolument pas profité aux fonctions régaliennes de l’Etat et notamment aux politiques de sécurité et d’ordre public» et que nous assistons «à une remise en cause inédite de l’institution policière, «dont le caractère impartial et républicain est pour partie remis en cause jusqu’au plus haut niveau de l’Etat».
L'ancien haut fonctionnaire passe au scanner «les résultats mauvais pour la France de l’enquête 2019 TIMSS publié ce 8 décembre sur le niveau des élèves en science et en mathématiques et qui «rentrent en résonnance avec les restitutions régulières des enquêtes PISA de l’OCDE qui placent la France à un rang au mieux moyen».
La France et les Français sont, en fait, livrés seuls à leur sort avec leurs moyens car, comme le dit Edouard Husson, «Emmanuel Macron n’a pas de plan B» et «celui que certains ont appelé, par une flagornerie qui touche à la bêtise, le «Mozart de la finance» ne sait faire qu’une chose: endetter toujours plus le pays pour pallier les ratés de sa politique». Pour Charles Reviens, il faut admettre «que plusieurs générations de décideurs politiques à travers l’Europe ont commis des erreurs historiques ou été totalement incompétentes».
Au final, la solution pour sortir la France de sa tombe qui commence à se refermer sur elle, il faut liquider la bureaucratie, les technocrates, les élites actuelles qui ne connaissent pas la vraie vie, tout en remettant l'humain dans la place centrale de la vie de la citée et en finir avec ce culte de la ségrégation positive qui ruine les bases de l'Etat français.
Pierre Duval
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs