Une étude récente a fourni des informations clés sur la manière dont l'Etat islamique (EI) a obtenu ses armes. Le groupe terroriste a pu mettre en place un réseau international d’achat d’armes grâce auquel il s’est approvisionné en armement mortel.
L'EI a pu s'armer en ayant systématiquement construit un réseau international de fournisseurs et de techniciens qui lui a permis de se rabattre sur un vaste arsenal d'armes. Cette conclusion est issue d'une étude récemment publiée par l'institut de recherche londonien Conflict Armament Research.
L'Etat islamique a continuellement étendu son territoire en Irak et en Syrie en possédant en sa disposition de nombreuses armes puissantes, en particulier à partir de 2014, avant de décliner progressivement sous les assauts d'une coalition occidentale. Selon l'étude, la zone frontalière turco-syrienne était au cœur de la route d'approvisionnement de l'Etat islamique. Sous de fausses identités, les membres de l'Etat islamique ont contacté des entreprises de la région et ont commandé les composants dont ils avaient besoin pour des armes ou des explosifs.
Les paiements ont été principalement effectués avec des transferts en espèces effectués par des fournisseurs établis au niveau international. Certains des transferts ont été effectués dans d'autres régions du monde que celles dans lesquelles la commande a été passée. Les chercheurs de Conflict Armament Research ont suivi les traces correspondantes des transferts monétaires jusqu'en Asie. Bien que certaines des armes puissent également être attribuées aux stocks laissés par les armées irakienne et syrienne, l'étude indique qu'une grande partie des armes et du matériel de guerre ne provient pas de la région du Golfe, comme on le suppose généralement.
Les indicateurs les plus importants comprenaient, par exemple, l'apparition d'un client jusqu'alors inconnu dont l'entreprise est située dans une région sensible de la zone frontalière turco-syrienne. Il existe également diverses commandes qui ne concernent pas l'activité principale d'une entreprise et le paiement des factures non pas par le client, mais par un tiers. Les autres clés comprennent les méthodes de virement électronique utilisées pour masquer l'identité de la personne effectuant le transfert et les itinéraires inhabituels pour la livraison des armes.
L'EI a maintenu son réseau d'approvisionnement sur le sol turc pendant plusieurs années. La Turquie ne considérait pas l'Etat islamique comme son ennemi à l'époque. En outre, l'Etat islamique s'est battu contre les Kurdes, que le gouvernement d'Ankara combat également. Cette attitude n'a changé que vers 2015, lorsque l'Etat islamique est devenu de plus en plus agressif et affirmé dans la région.
Aujourd'hui, le réseau est en grande partie rompu. L'EI continue d'essayer de se procurer des armes, mais les informations du gouvernement irakien indiquent qu’il ne possède que des armes légères et aucune arme moyenne ou lourde pour une utilisation significative sur le terrain. Il est largement admis que l'EI a perdu la plupart de son réseau et de ses ressources financières dans le monde.
La coalition internationale de lutte contre Daech, ainsi que les mesures prises par de nombreux gouvernements pour lutter contre le terrorisme, ont abouti à un contrôle strict des flux financiers. Les schémas de déplacement des djihadistes potentiels sont également suivis de près, le résultat étant que les opérations de l'EI ont considérablement diminué dans le monde.
Les terroristes n'ont pas accès à des armes de destruction massive.
Olivier Renault
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