En début d'année, chaque pays s'attendait à une attaque de la partie adverse. Cependant, l'Iran n'a pas engagé d'actions actives, alors qu'Israël, le 13 janvier, a lancé des frappes aériennes contre le territoire syrien dans la région de Deir ez-Zor et à la frontière entre la Syrie et l'Irak. Cette attaque a fait plus de cent morts parmi les militaires syriens et irakiens. Le 21 janvier, l'armée de l'air israélienne a lancé une nouvelle attaque contre la Syrie, justifiant ses actes par des "mesures préventives" contre l'Iran.
Après quoi les autorités israéliennes ont annoncé qu'elles attaqueraient l'Iran si les Etats-Unis levaient ou assouplissaient les sanctions, demandant à Washington d'indiquer au plus vite quelles actions la nouvelle administration compte engager vis-à-vis de l'Iran.
Selon les fuites dans les médias, le patron du Mossad, Yossi Cohen, se rendra très prochainement à Washington afin de rencontrer Joe Biden et transmettre les réclamations israéliennes concernant l'accord nucléaire avec l'Iran, dans lequel la nouvelle administration américaine compte revenir. Israël est également préoccupé par les exploits de Téhéran en matière de construction de missiles et par l'activité de certaines fractions du mouvement de résistance palestinienne, du Hezbollah libanais et de Damas.
Le récent incident en Inde pourrait servir d'argument supplémentaire pour attaquer l'Iran. Le 29 janvier, une explosion s'est produite devant l'ambassade d'Israël à New Delhi. Malgré l'absence de blessés cet incident a été qualifié d'attentat, et le Mossad s'est joint à son enquête. Tandis que la police indienne, à la demande des autorités israéliennes, a commencé à interpeller des citoyens iraniens. L'explosion du 29 janvier a été revendiquée par l'organisation extrémiste locale Jaish al-Hind. Israël affirme qu'elle est liée à l'Iran. Les représentants israéliens attribuent automatiquement pratiquement tous les incidents de ce genre à l'Iran ou au Hezbollah.
Cependant, quelle est vraiment la probabilité d'une attaque israélienne contre l'Iran?
Israël possède une certaine expérience en ce sens. En 1981, les Israéliens ont attaqué l'Iran, et en 2007 la Syrie. Ces attaques se sont déroulées dans le cadre de la "doctrine Begin", conformément à laquelle Israël doit empêcher le pays adverse de se doter de l'arme nucléaire.
Techniquement Israël peut utiliser pour son attaque l'espace aérien de l'Arabie saoudite qui, selon les accords d'Abraham, a récemment donné son autorisation pour cela. De plus, l'aviation israélienne pourrait passer par le nord de l'Irak, où à Erbil (Kurdistan irakien) se trouve une base militaire américaine. Le gouvernement régional kurde possède des liens historiquement étroits avec Israël; Tel Aviv soutient les Kurdes depuis la révolte de Mustafa Barzani en 1961.
Cependant, en Israël même la situation politique n'est pas simple. Les législatives sont prévues pour le 25 mars, et il est peu probable que le lancement d'activités militaires coïncide avec la campagne électorale.
Quant à l'Iran, il s'attend au retour des Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien dans le cadre de l'entente conclue avec l'administration Obama, ainsi qu'à une levée éventuelle des sanctions anti-iraniennes.
En janvier, l'Iran a officiellement annoncé le début de l'enrichissement de l'uranium jusqu'à 20%. De plus, depuis fin février, les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ne seront plus autorisés à visiter les sites nucléaires iraniens si les exigences iraniennes n'étaient pas satisfaites.
Alexandre Lemoine
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